La vie de cirque de Vincent Lavoie

La vie de cirque de Vincent Lavoie
Acrobate au Cirque du Soleil, Vincent Lavoie incarne également le personnage d'un Aristocrate dans le spectacle Alegría. (Photo : courtoisie du Cirque du Soleil)

CIRQUE. Début 2015. Vincent Lavoie prend une décision audacieuse en délaissant une brillante carrière sportive pour devenir acrobate au Cirque du Soleil. Près de dix ans plus tard, le Drummondvillois continue de briller de tous ses feux aux quatre coins du monde. Entretien avec l’unique Québécois membre de la distribution d’Alegría.

C’est dès l’âge de huit ans que Vincent Lavoie découvre le tumbling, cette discipline issue de la gymnastique se pratiquant sur une piste rebondissante. Athlète d’exception, le membre du club de Drummondville gravit rapidement les échelons jusque sur la scène internationale. En parallèle, le jeune homme rêve de se joindre au fameux Cirque du Soleil.

«J’avais dix ans quand j’ai vu le spectacle Alegría sur un DVD, raconte Vincent Lavoie dans une entrevue accordée à L’Express Magazine alors qu’il se trouve à Osaka, au Japon. Je crois que mes parents l’avaient loué au Vidéo du dollar! Je suivais déjà des cours de tumbling, alors quand j’ai vu le numéro de powertrack, j’ai immédiatement associé ce que je faisais dans le gym à ce que je voyais à l’écran. C’est vraiment là que l’idée a germé dans ma tête.»

Au moment où Vincent Lavoie est recruté par le Cirque du Soleil, la mouture originale d’Alegría n’est plus présentée depuis quelques années déjà. À 22 ans, le gymnaste fait ses débuts professionnels au sein du spectacle La Nouba, une production jouée à Orlando, en Floride.

«J’avais fermé la porte sur ce rêve-là, mais à la fin de La Nouba, les rumeurs ont commencé à circuler au sujet du retour d’Alegría. Quand on m’a demandé si ça m’intéressait, j’étais vraiment content de me joindre à l’équipe.»

Culture nipponne

D’abord présenté à Montréal en 2019, Alegría part ensuite en tournée internationale. Après un passage de quelques mois en Corée du Sud, le spectacle se transporte au Japon où il attire près de 3000 spectateurs lors de chaque représentation en 2023.

Vincent Lavoie. (Photo : Cirque du Soleil)

«Les Japonais aiment beaucoup le spectacle, mais en direct, les réactions sont vraiment différentes, explique Vincent Lavoie. Le public nord-américain n’hésitera pas à crier ou à applaudir très fort dans des moments où le public japonais est plus réservé. C’est vraiment une question de respect. Les Japonais ne veulent pas déranger ce qui se passe sur scène, ni les spectateurs qui les entourent.»

Si les Japonais sont plus silencieux pendant la représentation, Vincent Lavoie remarque les étoiles dans leur regard à la fin du spectacle. «Certains vont même avoir les larmes aux yeux! D’autres nous donnent des bouquets de fleurs sur la scène. Il y a aussi un phénomène qu’on ne voit pas ailleurs : les super fans d’Alegría. Certains viennent nous voir cinq à six fois par semaine dans les premières rangées. On commence à les reconnaître d’un spectacle à l’autre.»

Outre la gastronomie nipponne dont il est friand, Vincent Lavoie est frappé par les valeurs et la culture du pays du soleil levant.

«Je suis quelqu’un qui marche très vite dans la vie. Je n’ai pas de plaisir à marcher! Mon but, c’est de me rendre à destination. Ici, les gens sont un peu plus relax. Ils ont un rythme de vie où ils ne sont pas à la presse. Ils prennent plaisir à marcher d’un point A à un point B. C’est le plus marquant pour moi. Les choses ne se passent pas à la même vitesse qu’en Amérique du Nord.»

Personnages aux antipodes

En plus de multiplier les prouesses et d’enchaîner les figures acrobatiques sur la powertrack, ce long trampoline intégré à la scène, Vincent Lavoie hérite d’un nouveau rôle au sein de la distribution d’Alegría. Dans le premier acte, le Drummondvillois incarne un Aristocrate.

Vincent Lavoie multiplie les prouesses lors du numéro sur la «powertrack», ce long trampoline intégré à la scène. (Photo : Cirque du Soleil)

«Ce sont deux personnages complètement différents. Dans la première partie, je peux jouer et mettre tous mes efforts dans un rôle un peu plus fancy. Mon personnage a une posture un peu plus raffinée. Je n’ai pas à faire d’acrobaties. Je peux donc vraiment m’appliquer sur le jeu de mon personnage.»

Sur la powertrack, au deuxième acte, Vincent Lavoie fait partie de la famille des Bronx, des individus remplis de fougue et d’énergie. «C’est un rôle un peu plus rough and tough. Les coins sont coupés ronds. C’est un peu plus nitty-gritty. Le tumbling, ça a toujours été ma passion. J’aime la différence entre ces deux personnages.»

Outre la discipline essentielle pour composer avec le rythme de vie exigeant d’un acrobate professionnel, Vincent Lavoie identifie une totale absence de la peur du ridicule parmi les qualités nécessaires pour jouer un personnage comme celui d’un Aristocrate. «Tu dois te donner à 100 %. Si tu te retiens, les gens vont le voir. Si tu fais quelque chose qui a l’air fou, mais que tu te donnes entièrement et que tu y crois, les gens vont l’acheter. Bref, tu essaies de vendre ta salade de ton mieux… et même si ta salade est mauvaise, ils vont l’acheter!»

Là où tout a commencé

N’ayant pas mis les pieds à Drummondville depuis près d’un an, Vincent Lavoie demeure toujours aussi attaché à sa ville natale. Chaque fois qu’il rend visite à ses proches, il en profite pour prendre des nouvelles du club de tumbling local.

«J’ai toujours hâte de retourner à la maison. C’est là où j’ai découvert la gymnastique, que j’ai vu que j’avais ces aptitudes-là. C’est aussi par le biais du tumbling que j’ai découvert les Légendes fantastiques, qui m’ont donné ma première piqûre du showbiz. C’est également là que j’ai pu développer mon vocabulaire acrobatique pour être capable d’appliquer sur une job au Cirque du Soleil, qui engage seulement les meilleurs des meilleurs. Bref, s’il n’y avait pas eu de club de tumbling à Drummond, il n’y aurait pas eu de Vincent Lavoie au Cirque du Soleil», soutient celui qui a participé à trois championnats du monde dans cette discipline.

Vincent Lavoie en action lors d’un entraînement au club de tumbling de Drummondville en 2011. (Photo d’archives, Ghyslain Bergeron)

À 31 ans, l’acrobate émérite n’entend pas quitter le monde circassien de sitôt. D’ici quelques années, il estime que plusieurs avenues pourraient s’ouvrir devant lui.

«Côté performances sur la powertrack, j’envisage d’être capable de maintenir le niveau auquel je suis jusqu’à 35 ans ou un peu plus longtemps. C’est la cible que j’ai en tête avant de faire un gros changement ou de me réinventer. Ensuite, je plante des idées dans la tête des gens qui travaillent ici. Faire un personnage qui ne nécessite pas beaucoup d’acrobaties, ça m’intéresse. Je pourrais alors continuer au-delà de 35 ans.»

Le gymnaste envisage également de faire le saut derrière la scène, que ce soit dans les studios à Montréal ou encore au sein de l’équipe artistique de la vénérable institution québécoise. «Travailler à maintenir le niveau de qualité des spectacles qu’on présente, c’est aussi quelque chose qui m’intéresse. Bref, je pense que le Cirque n’a pas fini d’entendre parler de Vincent Lavoie de Drummondville», conclut l’artiste en riant de bon cœur.

D’ici là, Alegría amorcera bientôt une tournée européenne. Après Londres, le spectacle prendra l’affiche à Madrid.

Un classique réinterprété

Présenté pour la première fois en 1994, Alegría («joie» en espagnol) est devenu l’un des spectacles les plus populaires du Cirque du Soleil en émerveillant plus de 14 millions de spectateurs dans 255 villes en 19 ans de tournée.

En 2019, pour souligner son 25e anniversaire, Alegría est remis en scène sous un nouveau jour par le renouvellement de toutes ses composantes – direction artistique, musique, acrobaties, costumes, décors, éclairages et maquillages. Réinterprété par une troupe de 53 acrobates, clowns, chanteuses et musiciens, Alegría demeure intemporel et empreint d’une magie enivrante.

En incluant les membres de l’équipe technique, pas moins de 112 personnes font partie de l’actuelle tournée internationale d’Alegría, dont 17 Québécois.

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