Immigration, intégrer et s’intégrer, tout un défi! (Tribune libre)

Immigration, intégrer et s’intégrer, tout un défi! (Tribune libre)
Opinion d'un lecteur (Photo : Depositphoto)

TRIBUNE LIBRE. La réalité de l’immigration et de la diversité qui se déploie autour de nous soulève inévitablement la question de l’intégration. Or, celle-ci repose sur un minimum d’ouverture autant de la part des natifs que des nouveaux arrivants. Tout un défi si les uns et les autres ont le réflexe de se distancer de ses voisins, collègues de travail ou simples citoyens dans l’espace public.

Une plus grande sensibilisation au vécu constitue un premier jalon dans l’ouverture à l’autre. Prenons la décision de quitter son pays d’origine. Si certains le font par choix avec le projet d’améliorer leur qualité de vie, d’autres le font à leur corps défendant. La guerre, la répression, les changements climatiques, les déplacements et parfois les années dans un camp de réfugiés, l’insécurité, les menaces les poussent à l’exil. Certes, se résoudre à une coupure aussi radicale ne se fait pas de gaieté de cœur, ni sans risque. C’est le deuil de son domicile, d’une partie de sa famille, des amis, de son quartier, de son coin de pays, de ses activités et de ses projets. Des épreuves crève-cœur, notamment pour les enfants qui livrent parfois des témoignages très déchirants.

Les médias font régulièrement état de réfugiés qui risquent et perdent leur vie tellement leur situation est insupportable. À ce sujet, on oublie trop souvent la part de responsabilité des pays développés. Soucieux de protéger leurs investissements, combien d’entre eux ont manipulé, entretenu et encouragé des régimes politiques corrompus et sanguinaires?

Le choix d’émigrer entraîne son lot de défis. Parmi ceux-ci, les démarches interminables en vue de devenir admissible, les frais encourus, l’attente, le voyage et le tri cruel des biens à conserver dans ses bagages. Vient ensuite aux premiers temps l’adaptation avec tout cela comporte : le climat, la langue, le premier logement, la nourriture, les papiers officiels, les façons de faire différentes, le regard des autres, les rendez-vous, l’utilisation du web, la recherche d’emploi, la reconnaissance des compétences ou des diplômes, les inscriptions des enfants à l’école, les soins de santé, etc. Peu après leur arrivée, certains comme les demandeurs d’asile vivront dans l’angoisse d’être refusés tandis que des réfugiés, désormais rassurés sur le plan de la sécurité, verront parfois surgir des symptômes de dépression et de choc post-traumatique qui couvaient tant et aussi longtemps qu’ils luttaient pour leur survie. S’ajoute souvent un sentiment de solitude en raison de l’isolement dans nos sociétés plus individualistes, sans oublier l’inquiétude et la culpabilité à la pensée des proches laissés derrière. Enfin, d’autres vivront une période d’euphorie qui facilitera leur intégration ou qui s’éteindra à la suite d’épreuves et de déceptions diverses.

Dans ce contexte, accueillir et instaurer le dialogue de part et d’autre prend tout son sens. Établir le contact sous différents prétextes, s’intéresser et écouter, aller au-devant, poser des questions, raconter et se raconter, saluer, serrer des mains, demander de l’aide ou en offrir, contribuent à mieux se connaître et ultimement à se comprendre. Chez certains, ceci exige un réel effort, tandis que pour d’autres la curiosité et le désir sincère de connaître l’histoire unique d’autrui et de prêter assistance prennent le dessus.

À terme, la communication aide à surmonter le malaise ressenti en face de la différence, quelle qu’elle soit. Il s’agit d’une condition essentielle afin de favoriser l’intégration. Enfin, les natifs gagneraient à réfléchir sur ses réactions advenant un déracinement. Non pas comme touriste, mais dans l’urgence de quitter son chez-soi et de s’adapter durablement à une culture très différente de la sienne.

Pierre Langis (Immigration.Integration@outlook.com)

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