108 M$ pour les mesures sur l’itinérance : joie et prudence du milieu communautaire

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Par Claude-Hélène Desrosiers
108 M$ pour les mesures sur l’itinérance : joie et prudence du milieu communautaire
(Photo : Deposit)

ITINÉRANCE. La mise à jour économique faite mardi par Éric Girard, ministre des Finances du Québec, prévoit entre autres 108 M$ sur cinq ans pour les mesures sur l’itinérance. À Drummondville, le milieu communautaire espère que cela se traduira par des mesures structurantes à moyen terme, plutôt que d’éteindre constamment des feux.

Le financement prévu à la mise à jour économique est accueilli à la fois avec joie et prudence. À l’Ensoleilvent, un projet de logement transitoire avait déjà été planifié l’été dernier avec le financement de 20 M$ annoncé en juillet par le ministre des Services sociaux Lionel Carmant. Reste que François Gosselin, coordonnateur clinique, attend des réponses pour s’assurer du financement des unités de débordement d’urgence.

Francis Lacharité, directeur général de La Piaule. (Photo Ghyslain Bergeron)

Du côté de La Piaule, on espère aussi un meilleur financement. «Sans un nouveau soutien financier, on n’avancera pas pour bâtir des solutions concrètes», croit Francis Lacharité, directeur de l’organisme. «Évidemment, c’est accueilli comme une belle nouvelle. On n’espérait pas mieux suite au Sommet sur l’itinérance de l’Union des municipalités du Québec. Je pense qu’il y avait un consensus pour dire qu’il est urgent d’agir. Ça me paraît en ce sens très positif, après il faudra voir comment l’argent va être divisé sur l’ensemble du territoire», indique-t-il.

Francis Lacharité croit fermement à la nécessité d’avoir des mesures structurantes et concrètes. Du logement social intégré à la communauté drummondvilloise est essentiel. «Ce sont des projets qui tardent à voir le jour parce que les délais sont très longs. Créer du logement social, du logement abordable, c’est vraiment ça le besoin. Et continuer à soutenir les initiatives qui sont déjà présentes et qui permettent de prévenir l’itinérance pour un paquet de personnes qui sont accompagnées par différents organismes communautaires. Ce n’est pas tout de mettre les gens en loyer, ça prend de l’accompagnement», fait-il valoir.

François Gosselin abonde dans ce sens et insiste sur la nécessité de soutenir les gens. Il souhaite créer une sortie pour l’unité de débordement d’urgence et ramener les gens rapidement vers le logement. C’est une tâche ardue avec la crise du logement. «Ce qu’on veut, c’est maintenir les gens en logement. C’est ça la recette. On peut ouvrir des lits d’urgence, tant qu’on va en ouvrir, on va les remplir. L’idée, c’est de réussir à les fermer ces lits-là, et ça c’est possible quand on est capables de développer du soutien communautaire».

François Gosselin, coordonnateur clinique à l’Ensoleilvent. (Photo : Ghyslain Bergeron)

Servant de porte d’entrée aux services communautaires, l’hébergement d’urgence permet aussi de mieux accompagner les usagers par la suite. «Clairement, l’idée ce n’est pas juste de les placer dans un endroit et de dire bonsoir, c’est réglé. C’est de les aider à améliorer les déterminants autour d’eux qui vont leur permettre de garder cette stabilité-là au niveau du logement». Pour M. Gosselin, cette méthode a fait ses preuves. «Ça fait trois ans qu’on travaille extrêmement fort du côté du soutien communautaire et qu’on réussit à replacer une centaine de personnes par année».

Dès le mois d’avril prochain, deux employés supplémentaires se joindront à l’équipe de L’Ensoleilvent. Quinze logements transitoires seront disponibles et un intervenant travaillera à temps plein avec les futurs résidents.

«C’est tout le temps une bonne nouvelle de savoir qu’il y a de l’argent d’investi pour les gens les plus vulnérables. Nous, on est juste en attente pour savoir que nos services vont être stabilisés», conclut François Gosselin.

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