Itinérance : la halte-chaleur et l’unité de débordement de L’Ensoleilvent menacées

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Par Cynthia Martel
Itinérance : la halte-chaleur et l’unité de débordement de L’Ensoleilvent menacées
La halte-chaleur est située au 472, rue Saint-Jean, dans les locaux de la Halte St-Joseph. (Photo : Ghyslain Bergeron)

ITINÉRANCE. Malgré les importantes sommes débloquées par le gouvernement du Québec au cours des dernières semaines pour appuyer la lutte contre l’itinérance, la survie de la halte-chaleur de Drummondville et de l’unité de débordement de Victoriaville est menacée. Le directeur de L’Ensoleilvent, François Gosselin, remet en question la distribution des enveloppes, se demandant si elles ont été réparties équitablement en fonction des «besoins immédiats» de chaque région.

Cette réaction survient deux jours après l’annonce de financement de 205 465 $ alloué au Centre-du-Québec par le gouvernement Legault. Une somme en deçà de ce qui avait été modestement réclamé.

«En plus des 205 000 $, on demandait 130 000 $ supplémentaires pour pouvoir se rendre jusqu’en septembre pour l’unité de débordement et pour remettre en service la halte-chaleur à l’hiver 2024. Pour le moment, le financement que j’ai me permet d’assurer les services jusqu’en avril. Ce qu’il faut comprendre, c’est que sur le montant attribué, 114 000 $ doivent être investis dans le développement du soutien communautaire, conformément à l’exigence du ministère de la Santé et des Services sociaux», précise-t-il.

M. Gosselin s’explique mal pourquoi le Centre-du-Québec se voit attribuer une part aussi petite sur une enveloppe de 22,5 M$, d’autant plus que la demande de financement avait été soumise lorsque seulement 4,5 M$ étaient disponibles.

«L’enveloppe annoncée en juin pour 2023 à 2028 était de 4,5 M$, laquelle a été bonifiée de 15 M$, lors du sommet de l’UMQ sur l’itinérance, et quelques semaines plus tard, de 2,5 M$. On reçoit moins de ce dont on a besoin alors qu’il y a plus d’argent. Où sont rendues toutes ces sommes? La distribution de l’enveloppe est-elle équitable? Répondons-nous réellement aux besoins immédiats de notre région? Où sont les engagements et les moyens annoncés en septembre pour lutter contre l’itinérance au Québec? Tout ça est incompréhensible», lâche celui qui parle également au nom de la Table des partenaires en itinérance de Drummondville et d’Arthabaska/Érable.

François Gosselin, directeur de L’Ensoleilvent.

Cette situation le laisse peu optimiste pour l’avenir.

«Nous croyons que les sommes annoncées pour les quatre années subséquentes seront de loin insuffisantes pour répondre aux besoins d’hébergement d’urgence. À titre d’exemple, pour l’année prochaine, j’ai besoin de 300 000 $ minimum pour maintenir l’unité de débordement à Victoriaville. Mais on nous a dit que ce n’était pas prévu au budget. Les ressources financières que nous allons chercher à gauche et à droite ne sont plus suffisantes. Va-t-il falloir que toutes les années, on doive trouver des solutions?», s’interroge-t-il avec désolation.

«On est extrêmement inquiets. Ces fermetures, si elles surviennent, auront une très grande incidence auprès de nos partenaires communautaires et des réseaux publics, sans parler du coût humain. Pour donner une idée, ce sont 265 personnes par année qu’on laisse aller si on n’a pas de halte chaleur», poursuit-il.

M. Gosselin est d’avis que les sommes accordées devraient d’abord servir à stabiliser les portes d’entrée, comme les unités de débordement, avant de penser à vouloir développer le soutien communautaire.

«Ce dont on a besoin, c’est de consolider ces unités-là pour minimalement être en mesure de recevoir et accompagner la clientèle. Comment pouvons-nous les accompagner si nous ne pouvons pas stabiliser la base de la pyramide et le principal accès au service : manger, se laver et dormir? Une fois que c’est fait, là on est capables de développer notre soutien communautaire de façon efficace pour ramener les gens vers les portes de sortie et le logement transitoire ou permanent», fait-il valoir.

Il n’est pas encore trop tard

Pour éviter ces fermetures, qui seraient «catastrophiques», la Table réclame trois choses :

  • De retourner en appel de projets du Plan d’action interministériel en itinérance (PAII) pour les années 2024-2025 et 2027-2028 pour l’enveloppe de 22,5 M$;
  • De prendre en considération les particularités et différences de chacune des régions administratives, ceci en fonction des besoins de leurs propres trajectoires de services;
  • De reconsidérer la demande de majoration de 130 000 $ de L’Ensoleilvent pour consolider l’unité de débordement de Victoriaville.

«Il est encore temps d’éviter la fermeture. Aujourd’hui, je sonne l’alarme. Ça fait 25 ans que je travaille dans le domaine communautaire, je sais comment ça fonctionne et je peux dire qu’en ce moment, ça ne sent vraiment pas bon. C’est le temps de mettre le pied sur le break et prendre le temps de réviser la répartition. Je ne demande même pas de l’argent de plus, je considère que les sommes annoncées sont suffisantes, mais il faut juste qu’elles soient utilisées et dépensées de la bonne façon. Je demande juste qu’on puisse se rasseoir avec le gouvernement pour réévaluer la situation», conclut François Gosselin.

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