Top 3 : l’itinérance sur toutes les lèvres

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Par Cynthia Martel
Top 3 : l’itinérance sur toutes les lèvres
L’itinérance est visible comme jamais. Éric (assis) Mélanie et Mario ont élu domicile, malgré eux, sur les terrains de l’ancienne usine Fortissimo. (Photo : archives Ghyslain Bergeron)

RÉTROSPECTIVE. L’itinérance. Une problématique qui s’est retrouvée sur toutes les lèvres en 2023. Face aux besoins criants en matière de logement social et aux organismes communautaires pleins à craquer, l’urgence d’agir a fait l’objet d’un large consensus au sein des acteurs drummondvillois, comme partout en province.

Jamais les campements de personnes en situation d’itinérance n’auront été aussi nombreux à Drummondville. Tout au long de l’année, plusieurs ont été érigés sur le terrain de l’ancienne usine de la Fortissimo. Le parc Saint-Frédéric est également devenu un lieu où jour après jour, des individus, souvent intoxiqués, s’y attroupent, comme si la place leur appartenait. Cette présence inquiète les citoyens et perturbe même certaines activités.

Ces situations ont pris de l’ampleur durant la dernière année. Les organismes communautaires offrant de l’hébergement et de l’aide pour cette clientèle ne suffisent plus à la demande.

«J’héberge près de 400 personnes différentes par année. Les besoins et les demandes ne cessent de grandir. Chaque jour, on refuse au moins cinq personnes pour les unités de débordement de Drummondville et Victoriaville. Si la tendance se maintient, on va devoir refuser bien du monde cet hiver», a exposé François Gosselin, directeur de l’Ensoleilvent, dans une entrevue accordée à L’Express au lendemain du Sommet sur l’itinérance de l’Union des municipalités du Québec.

Autre exemple, dans la dernière année, 62 jeunes ont été hébergés à la Maison Habit-Action et 93 demandes ont dû être refusées par manque de place.

Plusieurs facteurs mènent à l’itinérance, mais l’accès à un logement abordable a été souvent réclamé en 2023, surtout dans un contexte où Drummondville affiche un taux d’inoccupation de 0,4 %.

«Dans une société comme la nôtre, ce n’est pas normal que des gens dorment dehors. On croit que le respect de la dignité humaine, en permettant à ces gens de vivre dans des logements adéquats, serait la moindre des choses», a insisté Francis Lacharité, directeur général de La Piaule Centre-du-Québec.

Québec a annoncé deux fois plutôt qu’une à l’automne du financement pour lutter contre l’itinérance. Le gouvernement a alloué 123 millions $ pour diverses mesures puis une somme de 1,8 milliard $ pour la construction de 8000 logements abordables et sociaux, dont 214,5 millions $ réservés aux personnes en situation d’itinérance.

Le milieu communautaire se réjouit bien entendu de ces précieuses aides financières, mais des préoccupations demeurent. Les intervenants espèrent que cela se traduira par des actions concrètes, comme investir dans la prévention et dans la création de plus de ressources en toxicomanie. Ils souhaitent également du financement récurrent.

La mairesse de Drummondville, Stéphanie Lacoste, a également émis un bémol.
«Je suis bien heureuse de ce qui a été annoncé, mais il ne faudrait pas que ces sous viennent avec de nouvelles responsabilités pour les municipalités», avait avisé celle qui siège au comité sur l’itinérance à l’UMQ.

De leur côté, les libéraux de Justin Trudeau n’ont proposé aucune mesure dans leur mise à jour économique face à la crise du logement et à la hausse fulgurante de l’itinérance, au grand désespoir du député de Drummond Martin Champoux. Son parti, le Bloc québécois, demandait un fonds d’urgence pour épauler les municipalités.

La lutte sera longue, très longue, mais il n’est pas trop tard, croient les acteurs du milieu.

Le 380, rue Elvin aurait pu accueillir 15 jeunes de 18 à 30 ans leur permettant d’acquérir l’expérience nécessaire pour débuter dans la vie.

La maison de la discorde

Afin de briser le cycle de l’itinérance chez les jeunes âgés de 18 à 35 ans, Innov-Habitat Drummond, la Maison Habit-Action et l’Office d’habitation Drummond ont tenté en cours de l’automne d’acheter une résidence sur la rue Elvin dans le secteur Saint-Nicéphore. Le voisinage du quartier s’est objecté au projet si bien que le conseil municipal de Drummondville s’y est aussi opposé. Les promoteurs vont sans doute trouver un nouvel endroit pour l’année 2024.

(Note de la rédaction) Parce que nous aimons faire les choses différemment, nous vous présentons notre traditionnel Revue de l’année, version renouvelée. L’Express a identifié douze événements marquants de l’année 2023. Certains ont fait couler beaucoup d’encre; d’autres moins, mais dans tous les cas, il s’agit de nouvelles qui ont marqué la vie citoyenne et qui auront certainement une suite en 2024. Nous avons aussi préparé une rétrospective de la Ville de Drummondville et des 17 municipalités composant la MRC de Drummond. Il s’agit d’un dernier coup d’oeil dans le rétroviseur avant d’amorcer la nouvelle année. Bonne lecture!

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