Le Village québécois d’antan perd son directeur

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Par Cynthia Martel
Le Village québécois d’antan perd son directeur
Les visiteurs ont droit depuis cet été à une nouvelle expérience. Plusieurs autres changements sont à venir. (Photo : Claude-Hélène Desrosiers)

RETRAITE. Après six ans en poste, le directeur général du Village québécois d’antan (VQA), Guy Bellehumeur, tirera sa révérence dans quelques mois. L’heure de la retraite a sonné.

L’homme de 62 ans y songe depuis un bon moment, malgré la relance de l’attrait touristique.

«Ce n’est pas un secret. J’ai fait part de mon intention de partir à l’équipe et au conseil d’administration depuis un bout de temps. Je me suis assuré avant que le nouveau projet soit bien sur les rails. Je ne lâcherais pas le Village s’il n’avait pas été là où je le veux», communique-t-il.

Il faut dire que Guy Bellehumeur était loin de s’imaginer diriger le VQA pendant aussi longtemps.

«Un peu avant mon arrivée, en juillet 2017, le directeur de l’époque (Éric Verreault) avait quitté. C’est Alain Côté qui avait été nommé pour assurer l’intérim, mais il est malheureusement décédé quelques semaines plus tard. À cette époque, je venais de perdre mon emploi à la radio, donc j’avais du temps. J’ai offert mon aide au président du CA, Pierre Levasseur, que je connaissais bien pour y avoir siégé, mais lui, il ne voulait pas juste de l’aide temporaire, il voulait que je reste. J’hésitais, car loin de moi l’idée à ce moment de retourner sur le marché du travail de façon permanente. Finalement, ça n’a pas pris de temps que la piqûre a embarqué! Il y a quelque chose de très contagieux quand on y débarque, une espèce de passion qui se dégage de chacune des personnes qui y travaillent», raconte le principal concerné.

Il affirme partir l’esprit tranquille tout en se disant fier du tout nouveau projet monté en collaboration avec la firme Moment Factory, Entrez dans l’histoire.

«Le Village est plus que jamais en meilleure santé; son avenir est plus radieux que jamais. On ne s’est pas trompé avec le nouveau produit, ça porte fruit. Honnêtement, je ne peux pas avoir plus belle fin de carrière», exprime-t-il en toute gratitude.

De fait, depuis le début de la saison, l’attrait touristique connaît une hausse de 32 % de son achalandage par rapport à l’année dernière, selon ses dires.

«C’est un peu moins que nos projections, mais quand on se compare et on tient compte du contexte économique et de la météo, je suis satisfait. J’entendais la semaine dernière dans un reportage de Radio-Canada que l’ensemble des attraits touristiques de l’Estrie connaît une baisse de 20 à 25 %, met-il en contexte. Ici, les commentaires sont dithyrambiques. Je n’en reviens pas à quel point les gens sont satisfaits. On cherchait une façon de plonger les visiteurs encore plus dans le 19e siècle et on a réussi. Ça, ça me fait vraiment plaisir!»

Guy Bellehumeur. (Photo : Ghyslain Bergeron)

Rappelons que Entrez dans l’histoire est un projet de 10,5 M$, dont près de 8 M$ proviennent des trois paliers gouvernementaux. La première phase se traduit par l’ajout de projections, d’effets spéciaux, de jeux et d’animations multimédias. Deux autres phases sont prévues : 2024 sera dédiée à la création d’une balade nocturne; 2025 à l’ajout d’un volet festif et gourmand.

Motivation et souhaits

Guy Bellehumeur avoue n’avoir pas eu le temps de s’ennuyer au cours de ses six belles années à la tête du VQA.

«Quand tu penses avoir un moment de répit, il y a toujours quelque chose à régler!» lance-t-il en riant.

Restructuration, incendie, restauration, pandémie et nouvelle expérience : le gestionnaire a rencontré plusieurs défis en peu de temps.

«C’est sûr que ça fait partie de la vie d’un gestionnaire faire face à des défis, mais il s’en est quand même passé des choses. Quand je suis arrivé en poste, c’était l’été où l’on avait tenté le Village invisible. On se le rappelle, ç’a été un échec retentissant. J’ai dû gérer ça. Il fallait donc reconsolider le Village mais aussi rebâtir sa crédibilité et les finances. Un an plus tard, une maison a été incendiée, en pleine période des Fêtes. Il a fallu revoir l’ensemble de la sécurité des bâtiments. Puis, on a fait le constat des besoins criants de restauration des bâtiments. On a procédé aux travaux urgents durant la pandémie. Il en reste à faire, mais notre projet de relance nous donnera une marge bénéficiaire suffisante pour les réaliser et surtout, pour devenir beaucoup plus pérenne dans notre gestion», énumère-t-il.

Conserver 110 bâtiments ancestraux tout en innovant pour attirer la clientèle n’est pas une mince affaire, affirme-t-il.

«Le Village, c’est le produit d’appel du Centre-du-Québec. Quand un touriste vient dans la région, 8 fois sur 10, il nous visite. C’est un fait. 85 % des Québécois nous connaissent. Il faut préserver ça, mais en même temps, c’est difficile d’être reconnu au niveau culturel parce qu’on est une reconstitution. 96 % de nos revenus sont autonomes, contrairement à la grande majorité des attraits/musées qui bénéficient de subventions du ministère de la Culture, même de l’Éducation, de façon récurrente. Il faut donc constamment évoluer, trouver des thématiques pour que les gens reviennent d’année en année, comme on l’a fait avec les Villages hanté et illuminé. C’est comme ça qu’on peut entretenir notre village, le faire grandir. D’ailleurs, la prochaine personne va amener ses façons de faire, un souffle nouveau», souligne le futur retraité.

Mettre en valeur le patrimoine québécois et le partager a été une grande source de motivation pour M. Bellehumeur. Celui-ci souhaite que ça se perpétue.

«J’aimerais aussi que tous les gens qui gravitent autour du Village, que ce soit les comédiens et les employés, sortent de l’ombre. Ils se démènent tellement dans tous les sens», laisse entendre celui qui gère une dizaine d’employés permanents sans compter les quelque 250 personnes qui se greffent à eux tout au long de l’année.

D’ici à ce qu’il puisse profiter de ses cinq petits-enfants, agrandir son chalet et voyager, Guy Bellehumeur doit s’assurer de trouver la bonne personne pour le VQA.

«Le processus d’embauche va bon train, on a reçu de très bonnes candidatures. J’assurerai la transition. Je resterai le temps que ça prendra. Après, mon téléphone ne sera jamais bien loin. Le Village, tel qu’il est présentement, c’est mon bébé, je ne l’abandonnerai pas», conclut-il.

Son successeur devrait rentrer en poste en septembre.

 

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