«Quand il y a du orange, des gyrophares, il faut qu’une petite lumière s’allume et que les gens ralentissent» – Dominic Beauchesne

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Par Ghyslain Bergeron
«Quand il y a du orange, des gyrophares, il faut qu’une petite lumière s’allume et que les gens ralentissent» – Dominic Beauchesne
Dominic Beauchesne de Signalisation 2020. (Photo Ghyslain Bergeron)

SÉCURITÉ. À la suite de l’accident qui a coûté la vie à un travailleur sur l’autoroute 20, jeudi après-midi à Saint-Cyrille, le directeur général de Signalisation 2020 de Drummondville, Dominic Beauchesne, avait un message clair à lancer aux automobilistes en ce début de saison des travaux de construction sur les routes du Québec.

D’entrée de jeu, M. Beauchesne a avoué avoir mal dormi la nuit passée. Il sait qu’au sein de son entreprise il y a des travailleurs qui ont des familles, des enfants. Tous les jours, c’est comme une épée Damoclès qui lui pend au-dessus de la tête. «On ne veut pas apprendre qu’un des nôtres a été touché. Personne, en fait. J’ai beaucoup de sympathies ce matin, car je sais ce que ce n’est pas normal de voir un proche aller travailler et de devoir vivre avec le fait qu’il ne revienne jamais», a-t-il confié.

Sans analyser la situation de la collision mortelle à Saint-Cyrille, M. Beauchesne a voulu sensibiliser les gens à l’attitude à adopter à l’approche de chantier. «Quand il y a du orange, des gyrophares, il faut qu’une petite lumière s’allume et que les gens ralentissent. Trop souvent, mes employés sont mis en danger par le comportement impatient des usagers de la route. Les installateurs et les signaleurs ont beau être bien formés, les interventions bien planifiées, mais si les gens ne comprennent pas que nous sommes là pour leur sécurité, c’est tout le monde qui est à risque», a ajouté le directeur général de Signalisation 2020 qui compte environ 80 travailleurs.

Le métier de signaleur ou d’installateur n’est pas de tout repos. En plus des longues journées au chaud, au froid, debout sans trop savoir quand ils pourront aller aux toilettes, ils doivent fréquemment essuyer une pluie d’insultes. «Je pense que c’est le plus grand défi de mes employés. Gérer l’impatience des gens. Nous sommes le mal nécessaire et sommes pris entre l’arbre et l’écorce. Si la route est brisée, les citoyens réclament des travaux et quand nous sommes sur place pour assurer la sécurité des travailleurs de la construction, on dérange. Parfois, il faut l’intervention de la police tellement ça devient ingérable», assure M. Beauchesne.

De l’équipement efficace

Sur la scène de l’autoroute 20 de jeudi, un camion atténuateur d’impact avait été placé en amont de l’installation de la signalisation, mais la collision est survenue à la gauche du mastodonte, ce qui a minimisé l’efficacité de la mesure de sécurité. «Le camion doit peser au moins 13 500 kilos, ce qui est assez pour arrêter un poids lourd de 53 pieds. Tous les ans, au Québec, il y a environ une dizaine de collisions avec ce camion. Ce sont des vies qui sont sauvées, mais il y a encore beaucoup trop de morts. Encore une fois, je ne connais pas les détails de l’accident d’hier, mais il y a beaucoup d’automobilistes qui ne respectent pas le «move over» (corridor de sécurité). Il y a encore beaucoup de sensibilisation à faire. Quant à mes «hommes», ils doivent avoir des yeux tout le tour de la tête afin d’assurer leur sécurité», a expliqué Dominic Beauchesne qui a repris la tête de l’entreprise familiale fondée en 1997.

«J’ai vu la photo qui a été prise sur la scène hier. L’image est forte. C’est voyeur de voir le casque de sécurité et le soulier sur la chaussée, mais c’est ça que je veux que les gens comprennent. Ça ne pardonne pas…», a laissé tomber le directeur général, en conclusion.

L’impact a été violent. (Photo Ghyslain Bergeron)

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