La sécurité autour des signaleurs routiers est «préoccupante»

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Par Emmanuelle LeBlond
La sécurité autour des signaleurs routiers est «préoccupante»
L'impact a été violent. (Photo : Ghyslain Bergeron)

SÉCURITÉ. La tragédie survenue jeudi sur l’autoroute 20, causant la mort d’un signaleur routier, lève le voile sur les dangers liés à la profession. Jean-François Dionne, président de l’Association des travailleurs en signalisation routière du Québec, sonne l’alarme.

Aux yeux de Jean-François Dionne, la situation est «préoccupante». «Entre 2017 et 2019, il y a eu 1700 accidents dans les zones de chantier. Dans ça, on a eu 2309 victimes. On a 24 décès, dont 70 travailleurs blessés et cinq travailleurs morts», informe-t-il, en précisant que ces chiffres proviennent de la CNESST et du ministère des Transports.

Jean-François Dionne est à la tête de l’Association des travailleurs en signalisation routière du Québec depuis 2012. (Photo: gracieuseté)

Pour améliorer la situation, Jean-François Dionne est d’avis qu’une campagne de sensibilisation permettrait à la population de mieux comprendre la problématique. «Il faudrait que la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ) fasse des publicités chocs. Malheureusement, elle refuse. Ce n’est pas assez important pour eux. Combien de morts ça va prendre pour qu’ils comprennent?» se questionne-t-il.

À son avis, la surveillance policière sur les chantiers de construction devrait s’accroître. «La Sûreté du Québec reçoit une subvention du ministère des Transports une fois par année pour payer des policiers en heures supplémentaires pour faire des opérations policières sur environ 160 chantiers. Il n’y a pas beaucoup de présence policière sur les chantiers parce qu’il y a un manque de personnel.»

Une question de vigilance

Les automobilistes doivent contribuer à l’effort collectif, affirme Jean-François Dionne. «Il y a deux principes à respecter sur un chantier : il faut suivre la signalisation et ralentir. Si c’est appliqué, il n’y a pas de danger. Il ne faut pas être distrait. Il y a beaucoup de monde qui texte. Ne regardez pas les travailleurs. Regardez devant vous. Regardez le plus loin possible. Votre véhicule va aller où vous regardez», soutient-il.

Les conducteurs doivent faire preuve de vigilance. «Sur l’autoroute 20, il y a deux voies. [À la hauteur de Saint-Cyrille-de-Wendover], il restait une voie. Il y avait des panneaux un kilomètre avant pour informer les automobilistes que la route allait rétrécir. Il faut que les automobilistes du Québec fassent preuve de courtoisie en se tassant dès qu’ils voient les premiers panneaux», insiste-t-il.

Le respect avant tout

En plus de la violence physique, la violence verbale est courante dans le cadre des fonctions d’un signaleur routier. «Chaque jour, il y a au moins un travailleur qui est victime de violence verbale. Les personnes ne comprennent pas le métier du signaleur. Les signaleurs et les brigadiers sont considérés comme des agents de la paix lorsqu’ils travaillent.»

Ceux qui défient ces travailleurs peuvent en subir les conséquences. «Vous devez respecter les consignes d’un signaleur ou d’un brigadier comme si c’était un policier, sinon c’est une perte de quatre points d’inaptitude et une amende de 380$.»

Policiers, enquêteurs et spécialistes en reconstitution de scène se sont succédés sur les lieux de l’accident mortel. (Photo : Ghyslain Bergeron)

Un accident de trop

Chaque accident mortel représente une tragédie qui aurait pu être évitée, soutient le président de l’association. «Ça nous rend toujours tristes et déçus pour la famille et les travailleurs qui ont côtoyé la victime.»

Rappelons que jeudi, un véhicule en perte de contrôle est entré en collision avec un camion atténuateur d’impact, happant au passage deux travailleurs. Le signaleur routier Pascal Cauchon a perdu la vie, alors que le deuxième homme a été grièvement blessé.

L’accident s’est déroulé sur l’autoroute 20 Est, à la hauteur de Saint-Cyrille-de-Wendover. Des travaux étaient en préparation sur cette portion de l’autoroute.

Une enquête est en cours pour faire la lumière sur l’accident. Le coroner Yvon Garneau, la CNESST, le ministère des Transports et la Sûreté du Québec y participeront. «[Pascal Cauchon] travaillait pour Location Jesna. L’avantage avec cette compagnie de transport, c’est que les camions sont munis de caméra à l’intérieur. La Sûreté du Québec a accès à ces bandes vidéo», mentionne Jean-François Dionne.

Ce dernier connaît bien cette entreprise puisqu’un accident semblable est survenu à la signaleuse routière, Lynda Lizotte, en décembre 2019. L’employée a trouvé la mort après avoir été percutée par un véhicule sur un chantier à Saint-Paul-de-l’Île-aux-Noix, en Montérégie.

Les signaleurs routiers avaient d’ailleurs démontré leur support en rendant hommage à leur collègue, lors d’une cérémonie à Beloeil.

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