COURSE À PIED. «Madame Houde, il va falloir arrêter de courir un moment…» Ces quelques mots prononcés par un cardiologue ont resonné dans la tête de Michelle Houde, 68 ans, comme un tambour. Ils venaient de contrecarrer son plan de courir un demi-marathon à l’âge de 70 ans.
Le 26 septembre dernier, cette passionnée de course à pied subissait une délicate opération à cœur ouvert à l’Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec durant laquelle on lui a remplacé la valve de l’aorte.
«Je savais que quelque chose clochait, a-t-elle raconté. J’en ai eu la confirmation lors d’un examen de routine, car je me fais suivre en raison d’antécédents familiaux. J’ai perdu un fils et trois frères à cause de maladies du cœur», raconte la dame qui n’a pas souhaité élaborer sur ces tristes souvenirs.
L’opération, bien que délicate, s’est déroulée avec succès. Les médecins ont remplacé sa valve en fin de vie par une valve prise sur un veau. «Je pensais courir comme une gazelle après, mais non. Pas tout de suite en tout cas», a-t-elle lancé, blagueuse.
Malgré l’imposante cicatrice laissée sur sa poitrine, la courageuse femme ne se laisse abattre. Elle met toutes les chances de son côté pour préserver sa santé.
À voir ses yeux s’illuminer lorsqu’elle parle de son sport, difficile de croire qu’elle ne court que depuis trois ans.
«Je voyais des coureurs sur la rue. Je trouvais ça beau. Un jour, j’ai appelé mon fils et je lui en ai parlé. Il m’a encouragée. Il a même payé mon inscription au cours d’initiation à Zone Course», raconte Michelle Houde, visiblement touchée par ce geste.
C’est qu’elle n’avait jamais fait d’exercice physique auparavant. «Je partais de loin. J’ai même déjà fumé un paquet de cigarettes par jour. Aujourd’hui, étonnamment, c’est moi qui bouge le plus dans la famille. Je cours parfois avec des filles qui ont 30 ans de moins que moi», dit-elle non sans fierté.
Malgré la soixantaine, une vie à bosser fort et à s’occuper des enfants, Mme Houde a persévéré dans ce sport qu’elle a choisi et a même réussi à boucler la distance de 10 kil
omètres, l’an dernier, à la course Des Chênes-toi. Elle a complété ce parcours avec sa petite-fille de 23 ans. Un beau moment.
«Je suis plus en forme aujourd’hui que je ne l’étais à 40 ans! Je n’ai jamais eu le temps de prendre soin de moi. Je trouve ça agréable – et parfois un peu gênant – de me faire dire que je suis bonne par des coureuses plus jeunes que moi», exprime-t-elle.
Avant son opération, la dame courait à une cadence de 7,14 minutes le kilomètre. Depuis l’opération, elle boucle chacun des kilomètres parcourus en 9 minutes.
«Le dernier arrivé est quand même plus vite que celui qui reste sur son divan!», lance-t-elle.
Elle espérait évidemment retrouver son rythme un peu plus rapidement après l’opération.
«J’ai recommencé à courir sept semaines après mon opération à cœur ouvert, même durant l’hiver. Je pense que le fait que je sois en forme a accéléré ma convalescence, mais c’est quand même difficile. Je prends un médicament et on dirait qu’il me met au neutre. J’essaie de pousser la machine, mais je n’y arrive pas. Je voudrais bien réaliser mon rêve de courir un demi-marathon à l’âge de 70 ans. J’espère atteindre mon objectif.»
Gardant cette cible en tête, cette grand-mère de trois enfants franchira, la tête haute, la distance de 5 kilomètres lors de la course des Chênes-toi et participera aussi à la marche. C’est ce qu’on appelle de la détermination à l’état brut.
Le dimanche 19 mai prochain, des milliers de coureurs affronteront les différents parcours proposés lors de la course Des Chênes-toi. On dit souvent que chaque coureur a son histoire… sa raison de courir. Le journalexpress.ca vous présente quelques parcours des plus inspirants.
À lire aussi : «Je vais lui faire vivre la plus belle expérience possible» – Valérie Bourret
«Courir, c’est mon petit bonheur» – France Parent
