Et si «site d’enfouissement» rimait avec «apprentissage, persévérance et écocitoyenneté? (Tribune libre)

Et si «site d’enfouissement» rimait avec «apprentissage, persévérance et écocitoyenneté? (Tribune libre)
(Photo : L'Express)

TRIBUNE LIBRE. Chers lecteurs,

L’article Fermer le site d’enfouissement de Saint-Nicéphore «risque de déplacer le problème», paru le 12 mai 2021 dans L’Express, m’interpelle comme citoyen engagé et dédié à la conservation de la biodiversité, mais aussi comme enseignant et initiateur du Groupe d’aide pour la recherche et l’aménagement de la faune (GARAF).

La perspective suscitée par cet article est plus large que ma vision de citoyen. Les déchets que nous produisons doivent faire partie d’un processus d’économie circulaire, mais nous produisons encore trop de déchets qui se retrouvent à l’enfouissement. Pour l’instant, que nos déchets soient gérés ici ou ailleurs, on ne peut les nier, ni les cacher. Nos déchets que nous produisons quotidiennement sont bien réels.

Il y a un certain risque, pour moi et ceux qui peuvent partager mon point de vue, d’écrire cette lettre. En effet, certains pourraient se sentir «trahis», tandis que d’autres pourraient éprouver un sentiment d’incompréhension devant un environnementaliste qui ose s’exprimer sur les avantages d’un site d’enfouissement.

J’avoue que je prends mon courage à deux mains dans les circonstances et souhaite vous faire part de certains faits en lien avec le site d’enfouissement de Saint-Nicéphore. Je le fais en tout respect pour les différents points de vue formulés jusqu’ici par des citoyennes et citoyens de Drummondville.

Je le fais aussi en m’abstenant de commenter le débat judiciaire en cours au sujet de l’agrandissement (ou non) du site de Saint-Nicéphore. Je laisserai aux autorités compétentes le soin de trancher la question.

Il m’apparaît toutefois utile de vous présenter des éléments qui passent trop souvent sous silence.

Dans mon travail d’enseignant, le développement du jugement critique basé sur des faits est une préoccupation quotidienne. Par conséquent, je souhaite faire bon usage du débat actuel afin de permettre à nos jeunes et à l’ensemble de la population de la MRC de Drummond de se forger une opinion éclairée.

Mon objectif est donc de présenter, bien humblement, des faits basés sur les observations du GARAF sur le site d’enfouissement et ses impacts sur l’éducation, la conservation de la biodiversité, la persévérance scolaire et le développement de l’écocitoyenneté.

Vous pourrez donc, jeunes et moins jeunes, développer votre propre opinion. Je nous invite tous à nous prêter à cet exercice, tout en gardant en tête que les impacts et retombées (qu’ils soient positifs ou négatifs) du site d’enfouissement dépassent largement notre communauté.

Nos observations et données sur le site d’enfouissement

Comme tous les membres de l’équipe du GARAF (jeunes, enseignants et techniciens), je suis stimulé et motivé par le désir de présenter des observations basées sur nos travaux sur le terrain.

Les retombés positives du travail des jeunes sont le fruit de 15 années de collaboration des employés du site d’enfouissement, de 1 000 jeunes, 15 enseignants, 5 techniciens en bioécologie et d’experts scientifiques.

Voici une liste (non exhaustive) des actions que nous avons menées et qui concernent le site d’enfouissement et le financement (100 000 $ de WM) annuel nécessaire pour les réaliser:

  • 115 000 arbres et arbustes plantés depuis 2009. Dans les prochaines années, nous reboiserons 20 000 arbres par an sur le site et ailleurs dans la MRC Drummond, améliorant ainsi notre bilan carbone. C’est une contribution directe pour Drummondville dans sa lutte aux changements climatiques.
  • 1800 mètres de stabilisation de berges sur la propriété de Waste Management et en périphérie. C’est une contribution à la réduction des sédiments aquatique et l’amélioration de la qualité de l’eau.
  • Aménagement d’une frayère avec insertion de 20 000 œufs et 2 000 truites dans le ruisseau Paul-Boisvert.
  • 1 500 heures d’inventaire fauniques (aquatiques et terrestre) menant à la découverte d’espèces à statut précaire (tortue des bois, couleuvre verte, etc.) et d’actions de protection de ses espèces menacées.
  • 1 000 heures de travaux d’aménagement avec les élèves.
  • Développement et transfert d’expertise pour l’aménagement de 2 bassins de rétention transformés en étangs naturels. Ce projet de recherche et développement a mené à l’aménagement de deux bassins de rétention dans le quartier du Plateau Saint-Nicolas à Drummondville.
  • Programme d’harmonisation de la cohabitation de la faune lors des opérations sur le site, lequel pourra être transféré dans le nouveau secteur résidentiel Les Découvertes avec la collaboration de Gestion Fauvel et la Ville de Drummondville.

Des retombées directes sur la persévérance scolaire et l’éducation des jeunes du Centre de Services scolaire des Chênes

Grâce à l’engagement de l’équipe du LET de Saint-Nicéphore, nous sommes en mesure d’élaborer et de déployer des projets pédagogiques novateurs d’engagement communautaire.

Le site d’enfouissement est un outil pour le développement des apprentissages grâce, entre autres, à son accès facilité par les gestionnaires du site, mais aussi grâce à la Maison GARAF. Ce bâtiment et son offre de service sont d’une grande efficacité pour le développement et le déploiement des projets en milieu scolaire dans notre communauté. Les gestionnaires du site ont libéré 400 000$ pour le financement de cette innovation pour l’enseignement des sciences.

Depuis l’ouverture de la Maison GARAF en 2020, les projets se sont multipliés, même en temps de pandémie.  Les jeunes du primaire et du secondaire ont maintenant l’opportunité d’apprendre différemment et efficacement, en raison des projets générés à la maison GARAF et de la participation des enseignants et conseillers pédagogiques du Centre de services scolaire des Chênes.

Il existe d’autres exemples de la contribution de Waste Management en éducation. Les retombées positives sont nombreuses. Il existe peu d’entreprises qui intègrent, à même leur opération quotidienne, une telle approche collaborative avec les jeunes et la conservation de la biodiversité.

Retenons que cet apport, à ce jour, a permis à des centaines de jeunes et à des dizaines d’intervenants du réseau de l’éducation de bénéficier de conditions d’apprentissage uniques et de développer, sur le terrain et de façon concrète, l’écocitoyenneté. Ce faisant, ils ont tous persévéré et, surtout, vécu de belles réussites!

Dans le cadre du débat actuel, je crois sincèrement que c’est un constat qui méritait d’être porté à votre attention, quelle que soit votre opinion sur le sujet.

 

Pablo Desfossés, Drummondville. (L’auteur est enseignant à l’école secondaire Jean-Raimbault et initiateur du Groupe d’aide pour la recherche et l’aménagement de la faune (GARAF).

Et les cosignataires suivants :

Marylène Bienvenue, conseillère pédagogique, CSSDC.

Patrick Lampron, Stéphanie Roux, Dominic Lampron, Isabelle Guay, Frédérique Jamison, enseignantes et enseignants au CSSDC.

Cynthia Verrier, François Roy, Kieve Deslandes, Sarah Prévost, techniciennes et techniciens de laboratoire au CSSDC.

Marie-Pier Landry, agronome, ancienne élève du GARAF.

 

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