Paul Gagné : des Saguenéens jusqu’à Desjardins

Paul Gagné : des Saguenéens jusqu’à Desjardins
Avant de devenir dg chez Desjardins, Paul Gagné a connu une prolifique carrière dans le milieu du hockey. (Photo : Ghyslain Bergeron)

MAGAZINE. À Drummondville, Paul Gagné est d’abord connu comme le directeur général de la Caisse Desjardins. Peu sont au fait de son illustre passé dans le milieu du hockey. Entretien avec un grand nom de l’histoire des Saguenéens de Chicoutimi.

Originaire de Thetford Mines, Paul Gagné a disputé quatre saisons dans l’uniforme des Sags entre 1980 et 1984. Avec une récolte de 409 points en carrière, l’ex-attaquant n’est devancé que par Marc Fortier, Patrice Tremblay et Guy Carbonneau, trois joueurs dont le numéro a d’ailleurs été retiré par l’organisation.

Ayant succédé à René Lamothe à la tête de la Caisse de Drummondville en 2019, Paul Gagné œuvre au sein du Mouvement Desjardins depuis bientôt 35 ans. Le gestionnaire de 60 ans soutient que le hockey a été une véritable école de vie pour lui.

Paul Gagné a défendu les couleurs des Saguenéens entre 1980 et 1984. (Photo : Société historique du Saguenay)

«Mon parcours de vie sportif, il me parle à tous les jours, explique Paul Gagné, rencontré par L’Express Magazine dans les bureaux de la Caisse. Dans le sport, on ne se souvient jamais de l’équipe qui finit deuxième, mais on se souvient toujours de celle qui finit première. Ce que ça signifie, c’est qu’on a toujours le devoir d’être à la hauteur. L’idée, ce n’est pas nécessairement de finir toujours premier, mais c’est d’être le meilleur de ce qu’on peut être. Ça, pour moi, c’est important. Et si ça implique de gagner, je souhaite qu’on le fasse!»

Au fil des ans, le sport aura permis à Paul Gagné de définir certaines valeurs qu’il juge primordiales tant sur le plan personnel que professionnel. «Pour jouer au hockey, il faut avoir du courage, être humble et être très généreux. Aujourd’hui, ces valeurs-là m’animent. Je les retrouve aussi chez Desjardins. On a le courage de nos convictions. On est humble dans nos succès : je dis souvent qu’on est toujours aussi bon que notre dernier match! On est aussi généreux en partageant nos expériences, les bonnes comme les moins bonnes.»

Petit train va loin

Ayant gravi les échelons dans le hockey mineur dans son patelin, Paul Gagné affronte souvent des équipes drummondvilloises sur la patinoire du centre Marcel-Dionne. À 16 ans, il fait le saut avec les Cantonniers de Magog, où il se hisse parmi les meilleurs pointeurs du circuit midget AAA. Comme plusieurs coéquipiers, Paul Gagné aspire alors à faire carrière dans le hockey professionnel.

«Rendu là, tu te vois jouer dans la Ligue nationale. J’en étais convaincu! Ma première déception est survenue au repêchage de la LHJMQ. Je m’attendais à être choisi en première ronde, mais j’ai été repêché en sixième ronde. Je voulais jouer le plus proche possible de la maison, mais Chicoutimi, c’était l’endroit le plus éloigné dans la LHJMQ.»

Paul Gagné. (Photo gracieuseté)

À 17 ans, Paul Gagné doit puiser dans ses ressources pour affronter l’adversité durant son premier camp chez les Saguenéens. «D’abord, je ne savais pas si j’allais faire l’équipe. Au camp, toute l’attention était sur le choix de première ronde. Je me souviendrai toujours qu’après les premières journées de pratiques, je m’en allais pleurer dans l’auto de mes parents. Je trouvais ça exigeant. Dans ton coin, tu étais la petite vedette, mais dans le junior, sans être un numéro, tu passes dans la masse. C’est la jungle!»

Critique envers lui-même, le jeune Paul Gagné continue de travailler d’arrache-pied jusqu’au jour où il réussit à marquer trois buts dans un match intra-équipe. «Les gens ont commencé à porter attention à moi. Ça m’a donné un peu de gaz. Ensuite, c’est petit train va loin! La persévérance, c’est important. Tu veux te rendre jusqu’au bout de tes capacités. Alors tu pousses, jusqu’au jour où tu te fais dire que tu fais l’équipe.»

Rapidement, le jeune Gagné s’adapte à son nouvel environnement et finit par se sentir chez lui au pays du bleuet. «J’ai eu la chance de tomber dans une famille d’accueil d’une grande générosité. Pendant quatre ans, les Gaudreau sont devenus ma deuxième famille.»

Malgré une saison recrue de 82 points, Paul Gagné n’est pas repêché dans la LNH. L’année suivante, à 18 ans, il enchaîne avec une saison de 92 points. En séries, il poursuit sa domination en cumulant 32 points. «Avant le repêchage, mon coach m’avait dit que j’étais répertorié en cinquième ronde. Deux clubs s’intéressaient à moi : les Canadiens et Washington. Je m’attendais à être repêché, mais ce n’est pas arrivé. À ce moment-là, ton monde se défait, car si tu ne passes pas là, tu ne passeras pas», fait remarquer celui qui a vu quelques coéquipiers atteindre ce but ultime, dont Normand Léveillé, Gilbert Delorme et Marc Bergevin.

Malgré cette déception, Paul Gagné poursuit son association avec les Sags. À 19 ans, il accumule 119 points. Puis, à 20 ans, il conclut son stage junior avec un sommet personnel de 124 points. Chaque fois, il enfile 51 buts, se voyant aussi confier des missions défensives contre des vedettes de la trempe de Dale Hawerchuk et Mario Lemieux.

L’édition 1980-1981 des Saguenéens. (Photo : Société historique du Saguenay)

«Ces années-là m’ont permis de grandir et de me construire comme athlète et comme personne. On se fait beaucoup d’amis. C’est ce qui nous manque beaucoup quand on arrête le hockey : la chambre. On avait beaucoup de plaisir ensemble! Quand tu perds ça, tu perds la proximité du groupe», exprime celui qui a pratiqué plusieurs sports de haut niveau, dont la balle rapide.

De joueur à gestionnaire

À l’approche des Jeux olympiques de Sarajevo, en 1984, Paul Gagné fait partie des candidats pour former l’équipe canadienne. Au terme d’un camp de sélection regroupant les meilleurs joueurs universitaires de l’est du pays, il n’est toutefois pas retenu. «Ça avait été une petite déception, parce que j’avais été le premier compteur pendant ce camp. Force est d’admettre qu’il y avait des choses que je ne saisissais pas et qui expliquent pourquoi on n’avait pas choisi ma candidature.»

Une fois son stage junior terminé, Paul Gagné se joint aux Inuk de l’Université du Québec à Chicoutimi. En 1985, il devient le premier récipiendaire du prix Guy-Lafleur, décerné au hockeyeur québécois alliant le mieux les études et le sport. Ce trophée lui vaut une invitation au camp des recrues des Canadiens, où il côtoie notamment Stéphane Richer, Claude Lemieux et Patrick Roy.

Paul Gagné. (Photo : Ghyslain Bergeron)

«J’ai mis ça dans mon bagage d’expérience, mais après, je suis passé à autre chose. On m’a offert de participer au camp des Canadiens de Sherbrooke, dans la Ligue américaine, mais j’ai choisi de me concentrer sur mes études. On ne saura jamais si j’aurais fait l’équipe, mais avec du recul, je pense que j’ai fait le bon choix», affirme le titulaire d’un baccalauréat en sciences comptables et d’un certificat en gestion des organisations.

En 1989, Paul Gagné est engagé chez Desjardins. Directeur de compte aux entreprises, il devient ensuite gestionnaire, marquant des arrêts en Beauce, à Lévis et à Plessisville. «Quand je suis rentré chez Desjardins, il y avait 40 000 emplois. Je me suis dit que j’avais 40 000 opportunités d’évoluer à l’intérieur de l’organisation. Bien sûr que je ne suis pas objectif, mais pour moi, c’est le meilleur employeur qu’on ne peut pas avoir.»

Bien que sa famille demeure toujours à Thetford Mines, Paul Gagné possède un pied-à-terre à Drummondville. «Je crois en l’importance d’être présent dans le milieu, de s’y investir. Il faut vouloir faire une différence. Pour moi, c’est un grand privilège d’être à la tête de cette organisation, parce que le conseil d’administration est animé par le désir de faire le bien commun pour la communauté. Ça correspond beaucoup à ce qui me définit», soutient le père de trois filles âgées de 28 à 33 ans.

Au-delà de son rôle de dg, qu’il compare à celui d’un entraîneur-chef, Paul Gagné se voit avant tout comme un collègue de travail des quelque 140 employés de Desjardins. «Ce qui fait la différence dans le milieu des finances, ce sont les gens qui accompagnent. C’est un peu comme au hockey : si tu veux une bonne équipe, tu dois repêcher de bons joueurs. Chez Desjardins, quand je regarde nos employés, on a fait un bon repêchage», conclut celui qui ne se sent pas encore mûr pour la retraite.

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