SOCIÉTÉ D’HISTOIRE DE DRUMMOND. Durant les années 1920-1930, la population de Drummondville augmente de façon considérable avec l’établissement de plusieurs usines de textile dans la région. Cette augmentation provoque entre autres le développement des arts et de la culture, tel que le cinéma. Précédé par le Théâtre Rialto, le Théâtre Royal et le Théâtre Bijou, le Théâtre Drummond éclipse rapidement ses prédécesseurs pour devenir le cinéma le plus populaire en ville.
La construction du Théâtre Drummond débute en 1936 selon les plans de l’architecte montréalais Raoul Gariépy. Après avoir éprouvé quelques retards dans les travaux, les propriétaires D. A. Burpee et Maurice West, de Burpee & West Entreprises, annoncent dans les journaux locaux l’ouverture tant attendue du nouveau théâtre de la rue Lindsay, prévue le 19 janvier 1937.
Pour sa première soirée, des centaines de cinéphiles viennent assister à la représentation du film américain «Born to Dance» mettant en vedette Eleanor Powell. Accueillis par sa façade blanche ornée de motifs noirs et rouges rectilignes et sa marquise massive, les spectateurs entrent afin de patienter dans les deux salles d’attente du bâtiment. Derrière les grandes portes de bois se cachent une salle de projection gigantesque dotée d’un système de ventilation et de chauffage, 738 sièges confortables, ainsi qu’une grande scène permettant la tenue de spectacles de tous genres. En plus de ses installations offrant un confort optimal aux clients, le Théâtre Drummond est doté d’un système de son et de projection à la fine pointe de la technologie. Ces systèmes assurent à la clientèle une expérience immersive et lui donnent l’avantage sur ses concurrents. Victime de sa popularité, l’établissement attire à son inauguration des personnalités notoires de la ville, dont le maire Eugène Pelletier et l’avocat Joseph Marier. Pour s’assurer d’avoir une place assise, certains cinéphiles se sont même présentés sur les lieux près d’une heure avant la projection et, malgré cela, plusieurs n’ont pu profiter d’un siège.
Après un début sensationnel, le Théâtre Drummond, qui souhaite continuer de plaire à ses clients, présente des films tous les jours en privilégiant des productions francophones 3 jours par semaine. Malgré cet horaire chargé, cela n’empêche pas cette salle d’avoir une programmation diversifiée et d’accueillir sur scène plusieurs spectacles de danse, de chant et de musique, ainsi que des événements comme des concours de beauté et des affrontements de boxe. Le Théâtre Drummond accueille aussi pendant sa première année d’existence un cirque comprenant des animaux sauvages, dont un éléphant, et plusieurs artistes, dont des acrobates et des équilibristes.
En mars 1937, l’ouverture du Théâtre Capitol, un peu plus loin sur la rue Lindsay, déclenche une compétition féroce. En plus d’avoir des équipements de projection et de son comparables, le nouveau venu propose à ses visiteurs un confort rehaussé par l’ajout de l’air conditionné à sa bâtisse. Ajouté aux problèmes de santé d’un de ses propriétaires, le Drummond passe sous la même administration que le Capitol dès 1938.
Avec le temps, les propriétaires se succèdent et le Théâtre Drummond subit diverses améliorations, dont l’installation de nouveaux sièges, un rafraîchissement de la peinture, en 1962, et une nouvelle devanture au goût du jour, en 1965.
Malgré un achalandage satisfaisant, le Théâtre Drummond ferme officiellement ses portes le 30 mai 1985 sous la gestion de l’entreprise Cinévic. Cette dernière procède à une restructuration dont le but est de mieux desservir la population en réduisant son nombre d’adresses. Finalement, le bâtiment situé au 457 rue Lindsay est détruit en 2001 pour faire place à un immeuble à vocation résidentielle et commerciale.