Le 7e étage, le reflet de l’hôpital

Photo de Cynthia Martel
Par Cynthia Martel
Le 7e étage, le reflet de l’hôpital
La superficie d’une chambre double est d’environ 20 mètres carrés. (Photo : Ghyslain Bergeron)

SANTÉ. Surchargé. Terne. Suffoquant. Ces trois mots surgissent à l’esprit dès que les portes de l’ascenseur s’ouvrent sur le septième étage.

Ce plus haut niveau de l’hôpital est le reflet des autres étages. Le manque d’espace est flagrant. L’exiguïté des lieux empêche le personnel d’être efficient dans ses tâches et le force à redoubler d’efforts et de concentration. Sans compter que les employés sont tassés comme des sardines au poste des infirmières où il faudrait le double de postes de travail.

Corridors

Chariots, appareils médicaux, civières libres, paniers à linge souillé… Encombrés, les corridors font office d’entrepôt. Impossible que deux civières se rencontrent; tous se marchent sur les pieds.

L’encombrement du corridor rend difficile le passage du chariot de service alimentaire. (Photo Ghyslain Bergeron)

«Il ne devrait y avoir strictement rien, car c’est un corridor, mais à force d’agrandir par l’intérieur, on a pris les locaux qui étaient jadis des rangements», indique Lyne Véronneau, gestionnaire de l’unité qui regroupe les soins palliatifs et la médecine générale.

D’imposants appareils de climatisation grugent également de l’espace précieux. Le prix à payer pour bénéficier d’un peu d’air frais.
«La structure de l’hôpital ne supportait pas un système central, donc ils ont fait cette installation», précise Mme Véronneau qui œuvre au sein de l’hôpital depuis 37 ans.

Si elle assure que chaque objet est placé avec une «certaine vigilance», il n’en demeure pas moins qu’on fait face à un enjeu d’évacuation dans les corridors du septième étage.

La chambre 7201 et les autres

Il faut accepter de laisser une grande partie de sa dignité à la maison lorsqu’on doit séjourner à l’hôpital Sainte-Croix. Dans l’aile de la médecine générale, où on accueille notamment de la clientèle gériatrique très hypothéquée et des gens qui se relèvent d’un accident vasculaire cérébral, les patients sont littéralement entassés dans des chambres doubles et multiples dépourvues d’installations sanitaires adéquates. La chambre 7201, la plus petite de l’étage, n’a même pas de salle de bain.

«Avec les normes de PCI (prévention et contrôle des infections), les patients ne peuvent plus partager la même salle de bain, donc on doit mettre une chaise d’aisance au bout de chaque lit. Je vous laisse imaginer ce que ça engendre. On a énormément de plaintes par rapport aux odeurs», laisse entendre la gestionnaire.

Un minuscule lavabo pour les soins d’hygiène, souvent installé à moins de deux mètres d’un lit, dessert les deux, trois et même, les quatre patients qui cohabitent bien malgré eux.

La proximité des usagers est déconcertante. Les chambres sont à un point tel exigües qu’un fauteuil roulant peine à passer dans l’air de circulation. Pour donner une idée, une chambre multiple mesure environ 18 pieds par 18 pieds.

«Ça demande toute une gymnastique! Chaque fois qu’on doit entrer ou sortir un patient dans le fond d’une chambre, on doit mobiliser beaucoup de gens, car on doit sortir l’usager couché près de la porte pour pouvoir entrer l’autre lit. Dans la chambre 7201, quand les gens ont besoin de solutés, ça devient épouvantable d’essayer de faire les soins comme il faut et de bouger. Et on ne parle pas quand on doit utiliser un lève-personne… c’est presque mission impossible!»

En raison de cette proximité, les risques d’infection sont accrus. De simples rideaux agissent comme barrière aux microbes. Une méthode qui nécessite des efforts supplémentaires pour éviter les contaminations.

«Lorsque l’isolement est levé, il faut retirer les rideaux, les laver puis en remettre d’autres. C’est acceptable dans les normes, mais ça double le travail», détaille Mme Véronneau.

Quand le propre et le souillé se rencontrent

Les techniciens en éducation spécialisée, thérapeutes en réadaptation physique et moniteurs de loisirs doivent traverser la zone de nettoyage de l’unité C. difficile pour accéder à leur minuscule local. (Photo Ghyslain Bergeron)

Le manque d’espace entraîne également une autre problématique non négligeable : les employés sont contraints de déposer le matériel souillé où se trouve la zone propre.

«Pour compenser et éviter les risques, on a tracé la trajectoire au sol que doit prendre un employé quand il rentre dans la salle. C’est certain que ça demande beaucoup d’adaptation de la part du personnel, de la vigilance et de la concentration», souligne Nathalie Boisvert, présidente-directrice générale du CIUSSS MCQ.

«Il ne suffit d’une personne peu habituée ou qui ne veut pas respecter ces normes-là pour qu’on se retrouve rapidement en éclosion», laisse tomber Mme Véronneau.

Autre constat : pour se rendre au chevet d’un proche en fin de vie, il faut traverser la zone où sont isolés les patients atteints d’une infection au Clostridium difficile. Pire, les techniciens en éducation spécialisée, thérapeutes en réadaptation physique et moniteurs de loisirs travaillent dans un minuscule local dont le seul accès possible se fait par la zone de nettoyage de l’unité C. difficile.

Modernisation

En attendant un nouvel hôpital, le CIUSSS MCQ investira en 2024 pour réaménager le 7e étage.

«Rénover le 7e étage va coûter 22 M$. Je mets en perspective que construire le Centre famille-enfant a coûté 35 M$…», tient à souligner Mme Boisvert.

Une chambre de soins palliatifs. (Photo Ghyslain Bergeron)

Pour donner des pouces carrés supplémentaires à l’unité de médecine générale, l’unité gériatrique de courte durée sera relocalisée au quatrième étage où les usagers pourront bénéficier de chambres individuelles dotées de commodités. Quant à elle, l’unité des soins palliatifs sera complètement rénovée. Le projet prévoit le réaménagement des six chambres ainsi que des aires de vie communes et du poste des infirmières afin de le rendre plus pratique.

«Ce sera beaucoup plus adapté aux familles; les chambres seront plus grandes avec un lit de camp pour le proche», indique Mme Véronneau.

Si au terme de ces travaux les problèmes ne seront pas tous réglés, les employés et usagers retrouveront néanmoins une certaine normalité.

 

Le 7e étage

  • soins palliatifs (6 lits)
  • médecine générale (25 lits, dont 18 pour l’unité gériatrique de courte durée et 4 pour les AVC)
  • zone pour les patients atteints d’une infection au Clostridium difficile
  • 13 membres du personnel soignants travaillent le jour en compagnie, entre autres, de six étudiants, une dizaine de médecins et deux pharmaciens
  • Superficie moyenne des chambres : simple = 16 mètres carrés / double = 20 mètres carrés / multiple = 30 mètres carrés

 

À lire aussi : Accès libre dans un hôpital qui craque de partout

À lire aussi: L’urgence, la porte d’entrée de tous les maux

À lire aussi: Imagerie médicale: « Des fois, on est devant un casse-tête »

À lire aussi: Le bloc opératoire était déjà trop petit en 1999

Partager cet article