117 ans de présence au pensionnat de la rue Moisan

Yolande Allard - Société d'histoire de Drummond
117 ans de présence au pensionnat de la rue Moisan
Premier pensionnat, construit sur la rue Brock en 1875. (Photo : SHD, Collection régionale; IC-2.3g1.)

HISTOIRE. En 1874, le curé Majorique Marchand sollicite la présence de religieuses de la Présentation de Marie pour enseigner aux enfants des catholiques alors en minorité à Drummondville. Cinq sœurs sont à l’œuvre, dès 1875, dans un édifice construit à la hâte à proximité du presbytère Saint-Frédéric.

La population étant sans cesse croissante et, par conséquent, la fréquentation scolaire, le couvent de la rue Brock s’avère trop petit pour loger tout son monde. Un nouveau bâtiment est érigé, en 1890, sur ce qui est aujourd’hui la rue Moisan. Le «grand couvent» impressionne par ses proportions et les nombreux rappels du style Second Empire, dont le toit mansardé percé de larges lucarnes, les corniches ouvragées, le clocheton bien aligné avec le porche d’entrée et les galeries latérales où il fait bon se délasser. La fréquentation scolaire étant toujours grandissante, on ajoute, dès 1915, une aile du côté ouest.

Bon an mal an, le pensionnat accueille 65 pensionnaires, 100 quart-pensionnaires (externes du privé) et autant d’externes du public. Le programme d’enseignement est calqué sur les règlements du comité catholique du Conseil de l’instruction publique de la province de Québec. Les parents des quart-pensionnaires déboursent, sur une base mensuelle, 2,50 $ pour les frais de scolarité et un supplément de 2,50 $ pour les cours de piano.

Pensionnat des Sœurs de la Présentation de Marie, vers 1900.

L’expression artistique constitue une composante majeure du cursus scolaire. Les élèves ont l’occasion de faire valoir leurs talents dans le cadre de petites opérettes et de pièces de théâtre mises en scène pour souligner de grands événements, tels les anniversaires du curé et de la supérieure ou la fête de la Présentation célébrée le 21 novembre.

Selon la coutume française, le congé hebdomadaire a lieu le jeudi après-midi. Pas question de flâner le samedi, jour de classe ordinaire, ni même le dimanche alors que les couventines sont regroupées par classes, avec leurs professeurs, pour assister à la messe depuis la tribune de l’église Saint-Frédéric. Chaque jour, l’enseignement du catéchisme occupe une période d’une demi-heure en plus de deux visites à la chapelle pour le chapelet et la prière du soir, la tête couverte d’un petit voile noir, le blanc étant réservé aux occasions spéciales. On apprend par cœur les manuels scolaires afin de pouvoir les réciter et répondre mot à mot aux questions d’examen.

À la fin de l’année scolaire, la direction du pensionnat publie son tableau d’honneur dans les journaux locaux, soit La Parole et Le Présent.

Dortoir du pensionnat, vers 1930.

Au fil des ans, on enseigne au pensionnat les années de l’école primaire et celles du secondaire. C’est aussi le lieu où se donnent des programmes de formation fort prisés : commercial, arts ménagers et lettres-sciences (équivalant aux quatre premières années du cours classique dispensé aux garçons). Cette dernière initiative est saluée dans l’hebdomadaire La Parole : «L’instruction supérieure pour les jeunes filles est reconnue comme de plus en plus nécessaire ; car si la femme canadienne-française de demain ne veut pas être dépassée par celle des autres nationalités qui l’entourent, il lui faut mettre à la base de sa culture intellectuelle une instruction solide suffisante.»

Au fil des ans, les Sœurs de la Présentation de Marie étendent leur enseignement dans plusieurs écoles de la région, si bien qu’à un certain moment, dans les années 1960, elles sont plus de 130 à poursuivre leur œuvre d’éducation. D’une manière ponctuelle, ou à long terme, on trouve des Sœurs de la Présentation aux écoles Garceau, Saint-Joseph, Sainte-Thérèse, Saint-Pierre-et-Paul, Saint-Simon, Saint-Jean-Baptiste, Saint-Félix, Saint-Charles, Sainte-Marie, Immaculée-Conception, Saint-Pie-X, Mayrand et Jeanne-Mance, au Collège Marie-de-la-Présentation, à l’Institut familial Sainte-Marie, sans oublier la Presentation Catholic High School et la Drummondville Elementary School grâce au concours des sœurs américaines.

En juin 2007, après 117 ans de présence au pensionnat de Drummondville, les sept dernières religieuses à habiter encore la vénérable maison de la rue Moisan quittent pour une autre destination. Le pensionnat de Drummondville affichera dorénavant le logo du Collège Ellis.

Pensionnaires des Sœurs de la Présentation de Marie, 1958.
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