Ces visages derrière la crise du logement

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Par Emmanuelle LeBlond
Ces visages derrière la crise du logement
Noémie Paré aide son amie Krystabelle Corriveau à trouver un logement. Que ce soit via les plateformes en ligne ou dans les journaux, toutes les méthodes sont bonnes. (Photo : Emmanuelle LeBlond)

DRUMMONDVILLE. L’une est une jeune travailleuse qui est à la recherche de son premier appartement; l’autre peine à se loger à cause de ses animaux de compagnie. Malgré leurs profils différents, Krystabelle Corriveau et Gabrielle Blanchet sont touchées par la pénurie de logements qui frappe Drummondville et elles en vivent les conséquences.

Krystabelle Corriveau accumule les déceptions depuis un certain temps. Elle cherche sans relâche un logement, mais rien ne correspond à ses besoins ni à son budget. «Ça fait environ trois mois que je regarde pour trouver un appartement. Quand je me suis lancée là-dedans, je ne pensais pas que ça allait être aussi compliqué. Pourtant, mes critères ne sont pas élevés», mentionne la jeune femme de 22 ans.

Les logements abordables sont rares sur le marché, précise-t-elle. En ayant un emploi près du salaire minimum, la Drummondvilloise a des choix limités. «Je ne peux pas mettre tout mon argent dans le prix du loyer, car il y a plusieurs autres dépenses, comme le chauffage, l’éclairage, les assurances, l’épicerie, les comptes de téléphone et d’Internet. Ça monte très vite.»

Pour le moment, Krystabelle Corriveau réside chez une personne de son entourage, mais la Drummondvilloise a hâte de faire le saut dans son premier appartement. Tous les jours, elle épluche les plateformes en ligne et les journaux, afin d’être à jour dans les annonces. Elle ne veut pas en manquer une. «C’est devenu une obsession. Je pense toujours à ça. Je ne suis pas capable de me concentrer sur mon travail. Ça affecte aussi mon entourage. C’est épouvantable», exprime-t-elle, les traits tirés par la fatigue.

La jeune femme a réalisé quelques visites lors des dernières semaines, mais ses démarches ne se sont pas révélées concluantes. Les propriétaires sont submergés par la demande. «Vendredi passé, j’ai visité un appartement. L’annonce a été publiée jeudi et il a reçu 200 messages. Dans la même soirée, 20 visites ont été réalisées. C’est la folie.»

L’amie de Krystabelle Corriveau, Noémie Paré, a aussi été prise dans ce tourbillon. Elle ajoute que certains propriétaires mettent de la pression sur les locataires, au moment des visites. «J’habite à Victoriaville et j’étais à la recherche d’un appartement à Drummondville. J’ai été visité un appartement qui était populaire. J’avais une quinzaine de minutes pour donner ma réponse. Finalement, j’ai décidé de le prendre. J’avais tellement peur d’avoir accepté sur un coup de tête, mais je n’avais pas le choix. Je ne voulais pas me ramasser à la rue», raconte-t-elle.

Plier bagage

Depuis l’an dernier, Gabrielle Blanchet loge un trois et demi qui lui coûte 850 $ par mois à Drummondville. «Actuellement, je n’ai plus accès à de l’eau froide dans ma cuisine quand il fait froid. Je présume que les tuyaux gèlent. Je fais des plaintes à mon propriétaire depuis le 24 décembre. Je n’ai pas de retour. Pour moi, ça n’a pas de sens de payer une telle somme et de ne pas avoir d’eau froide. Pourtant, l’immeuble est neuf», soutient-elle, en précisant qu’elle est en train de faire des démarches auprès du Tribunal administratif du logement.

Cette dernière a choisi de ne pas renouveler son bail. Malgré son dossier de crédit impeccable et son budget illimité, Gabrielle Blanchet n’a pas trouvé d’appartement qui acceptait les animaux à Drummondville. Ses recherches ont été vaines. La camionneuse de profession a dû se résoudre à quitter la ville. «Je me suis trouvé un appartement à Val-des-Sources dans un bloc entièrement rénové. J’économise 200 $ par mois sur le prix de mon loyer.»

La compagnie pour laquelle elle travaille est basée à Warwick, tout en ayant une division à Drummondville. «J’ai l’opportunité d’avoir un véhicule de fourni si je veux me déplacer de Warwick à Drummondville, mais je dois quand même faire une heure de route le matin et le soir pour aller travailler», souligne-t-elle.

Malgré tout, Gabrielle Blanchet est contente d’avoir pu trouver une solution, question d’apaiser ses angoisses. Elle est consciente que ce n’est pas tous les Drummondvillois qui ont cette chance.

«Il y a certaines personnes qui voient ça comme une grosse montagne. Il y a plusieurs familles qui ont perdu leur logement, car le propriétaire en a repris possession. J’ai vu des dizaines de témoignages sur les réseaux sociaux. Ils vivent une angoisse incroyable», conclut-elle.

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