Une quarantaine de ménages sans logement

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Par Cynthia Martel
Une quarantaine de ménages sans logement
David Bélanger, directeur de l’Office d’habitation Drummond. (Photo : Archives - Ghyslain Bergeron)

LOGEMENT. À quatre mois de la date symbolique du 1er juillet, une quarantaine de ménages drummondvillois se trouvent sans logement. L’Office d’habitation Drummond (OHD) anticipe une crise «plus sévère» que l’an dernier, alors qu’à pareille date en 2021, environ 30 dossiers étaient ouverts.

«Bien que les indicateurs que nous avons présentement ne soient pas ultras fiables, on anticipe tout de même une crise plus sévère au 1er juillet avec la hausse du coût moyen du loyer. On fera donc face à plus de gens qui se retrouveront en difficulté financière, ou, du moins, des gens avec de plus grands besoins», avertit David Bélanger, directeur général de l’OHD.

Règle générale, pas plus de 30 % de son budget devrait être alloué au loyer.

«Malheureusement, il n’est pas rare de voir sur notre territoire des gens qui consacrent 40-50 %, même jusqu’à 60 % de leur salaire au logement. En consacrant trop, ça compromet toutes les autres dépenses reliées aux besoins; les gens doivent renoncer à un véhicule, couper dans la nourriture, certains font même le choix d’aller sur l’aide sociale», souligne-t-il, en insistant sur le fait qu’il est plus que temps de «s’attaquer au prix des loyers».

Rappelons d’ailleurs que l’OHD a un projet d’acquisition de logements abordables, lequel avait été mis sur la glace avant les Fêtes puisqu’il est jugé non conforme en vertu de la Loi sur les cités et villes, notamment.

«Il ne reste qu’à attacher tous les aspects administratifs reliés au financement. Dans le meilleur des mondes, on souhaite acquérir quelques logements d’ici juillet, mais évidemment, ça ne sera pas suffisant pour remédier à la situation», fait savoir M. Bélanger.

Une roue sans fin

Si le 1er juillet est considéré comme étant la date fatidique de déménagement, David Bélanger soulève que la problématique de se trouver un logement est maintenant vécue à longueur d’année.

«Des cessions de bail, il y en a tous les premiers du mois. On reçoit donc des demandes à longueur d’année. C’est problématique de ne pas pouvoir trouver de logement le 1er juillet pour plusieurs personnes, mais ce n’est pas drôle aussi quand plusieurs demandes doivent être traitées au 1er décembre», fait-il valoir.

Au 1er juillet 2021, 74 ménages n’étaient pas parvenus à se trouver un logement. Au 1er août, l’OHD devait traiter 95 demandes.

«Il y a des dossiers du 1er juillet qui se sont réglés entre-temps et d’autres qui se sont ajoutés, mais on est quand même monté à 95», précise-t-il.

À ce jour, parmi ces ménages, une dizaine n’a toujours pas réussi à louer un appartement. Ces gens ont dû se tourner vers un hébergement alternatif, soit se loger chez la famille ou des amis.

«Outre ces dix ménages, on a réussi à régler tous les autres dossiers en novembre, soit de les loger convenablement», indique M. Bélanger.

La situation est une roue sans fin : lorsque l’organisme parvient à régler les dossiers ouverts, des dizaines d’autres personnes appellent à l’aide.

Un cercle vicieux

Pour dénouer l’impasse de la pénurie de logements, la Corporation des propriétaires immobiliers du Québec (CORPIQ) estime que ses membres devraient bénéficier de l’aide gouvernementale au lieu que celle-ci soit versée directement aux locataires.

«Dans un monde idéal, l’aide financière devrait aller du côté de l’offre. Pour éviter que des propriétaires ne retirent leurs immeubles du marché, il faudrait rendre plus intéressante la rénovation», estime Benoît Ste-Marie, directeur général de la CORPIQ, une association qui représente des centaines de propriétaires québécois.

Selon lui, un cercle vicieux est en train de se créer par la rareté de logements disponibles et le manque d’incitatifs. Une façon d’améliorer la situation serait de favoriser la construction de condominiums, un produit peu populaire à Drummondville.

«Construire du locatif est beaucoup plus difficile que de construire des condos. Le risque est beaucoup plus grand et les revenus se font avec le temps dans le domaine locatif. La construction de condos aide l’offre parce qu’elle permet à des gens de sortir du locatif et d’accéder à la propriété», a conclu M. Ste-Marie.

(Avec la collaboration de Louis-Philippe Samson)

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