Décès de Pascal Cauchon : la CNESST publie le rapport d’accident

Décès de Pascal Cauchon : la CNESST publie le rapport d’accident
Le mauvais positionnement de l’équipement de travail de l’équipe d’installateurs aurait coûté la vie à Pascal Cauchon. (Photo : Archives Ghyslain Bergeron)

ENQUÊTE. Le mauvais positionnement de l’équipement de travail de l’équipe d’installateurs de la compagnie Location Jesna inc. est pointé du doigt par la CNESST à la suite du décès de Pascal Cauchon. Le travailleur a perdu la vie sur l’autoroute 20 Est, le 8 avril 2021, après avoir été heurté par un poids lourd. Un autre homme a été gravement blessé.

Le jour de l’accident, Pascal Cauchon et son équipe procédaient à l’installation de dispositifs de signalisation sur l’autoroute, dans l’accotement de droite. Un véhicule de protection muni d’un atténuateur d’impact était immobilisé dans la voie de droite et indiquait aux usagers de la route de changer de voie. Les véhicules des travailleurs étaient stationnés 25 mètres plus loin, leurs roues de gauche sur la ligne de rive blanche séparant la voie de circulation de l’accotement.

Vers 12 h 50, le conducteur d’un train routier, qui circulait dans la voie de droite, a aperçu le véhicule de protection au moment où le véhicule qui le précédait s’est déplacé dans la voie de gauche. La présence d’un autre véhicule à sa gauche l’a empêché de procéder à un changement de voie. Lorsqu’il a pu amorcer sa manœuvre, le conducteur ne disposait plus d’une distance suffisante pour la terminer, et la roue avant droite de son véhicule a heurté le côté gauche du véhicule de protection muni d’un atténuateur d’impact. Le conducteur a perdu le contrôle du train routier, qui s’est dirigé vers les véhicules des travailleurs dans l’accotement. Avant de terminer sa course dans le fossé, le train routier a blessé un premier travailleur puis heurté mortellement M. Cauchon au moment où il s’apprêtait à monter dans sa camionnette.

Causes de l’accident

L’impact a été violent.

L’enquête a permis à la CNESST de retenir deux causes pour expliquer l’accident :

  • En tentant une manœuvre d’évitement d’un véhicule de protection muni d’un atténuateur d’impact fixé à un véhicule (VP-AIFV), le conducteur d’un train routier a perdu la maîtrise de son camion, qui a dévié vers la zone où se trouvaient les travailleurs qui réintégraient leurs véhicules.
  • La méthode de travail utilisée lors de l’installation des dispositifs de signalisation augmentait les risques auxquels sont exposés les travailleurs étant donné le positionnement du VP-AIFV dans la voie de droite, malgré un accotement permettant l’absence d’entrave de voie.

À la suite de l’accident, la CNESST a exigé à l’employeur de fournir une procédure de travail sécuritaire attestée par un ingénieur concernant les travaux d’installation des dispositifs de signalisation. L’employeur s’est conformé aux exigences.

Comment éviter un tel accident

Afin de prévenir les accidents lors de travaux sur une autoroute ou à proximité de celle-ci, les employeurs et les travailleurs doivent appliquer les dessins normalisés du Tome V – Signalisation routière des Ouvrages routiers du ministère des Transports du Québec (MTQ). Si les dessins normalisés ne peuvent être appliqués, un plan de signalisation signé et scellé par un ingénieur doit être préparé.

Plus précisément, et conformément au dessin normalisé applicable, lorsqu’un accotement d’une largeur suffisante pour y stationner complètement les véhicules sollicités lors des travaux est disponible, la mise en place ou l’enlèvement d’un dispositif de signalisation doit s’effectuer sans entraver la voie de circulation. Le premier véhicule présent dans l’accotement peut également activer sa flèche de signalisation pour indiquer aux usagers de la route de respecter un corridor de sécurité et ainsi éloigner la circulation des travailleurs à pied d’œuvre.

Par la loi, l’employeur est tenu de prendre les mesures nécessaires pour protéger la santé et assurer la sécurité et l’intégrité physique de ses travailleurs. Il a également l’obligation de s’assurer que l’organisation du travail ainsi que les équipements, les méthodes et les techniques pour l’accomplir sont sécuritaires.

Les travailleurs doivent faire équipe avec l’employeur pour repérer les dangers et mettre en place les moyens pour les éliminer ou les contrôler.

Suivi de l’enquête

La CNESST recommande à l’Association québécoise des transports d’intégrer à ses formations sur l’installation de la signalisation la notion d’utilisation de l’accotement disponible pour le positionnement des véhicules lors de la mise en place de dispositifs de signalisation, conformément aux normes du ministère des Transports. La CNESST effectuera également une mise à jour du guide Manutention sécuritaire des dispositifs de signalisation afin de préciser cette notion.

Manifestation

L’Association regroupant les installateurs et les signaleurs routiers du Québec (l’ARISQ) était à la tête d’un événement qui a dirigé plus de 200 personnes vers la colline parlementaire à Québec, le 23 avril dernier, pour rendre hommage à Pascal Cauchon.

«C’est la première fois dans l’histoire de la signalisation du Québec qu’un tel élan de solidarité s’organise. On invite les signaleurs à apporter leur casque. On va tenir une minute de silence en face du parlement, casque sur le cœur, en la mémoire de Pascal», a mentionné à l’époque Yves Picard, l’un des organisateurs qui œuvre dans le domaine depuis 26 ans. (GB)

À lire aussi : La sécurité autour des signaleurs routiers est préoccupante.

Partager cet article