Guide de survie en forêt

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Par Lise Tremblay
Guide de survie en forêt
Emmanuel Courchesne est animateur de l’unité des Aventuriers au sein des Scouts de Drummondville. (Photo : Ghyslain Bergeron)

MAGAZINE. La randonnée dans la nature n’a jamais été aussi populaire que présentement au Québec. Quoi mettre dans son sac à dos? Comment s’organiser si on s’égare? Comment monter un abri de fortune? Ce sont autant de questions qui ont trouvé écho auprès des Scouts de Drummondville.

L’an dernier, la Société des établissements de plein air du Québec a accueilli un nombre record de visiteurs dans ses parcs nationaux. Près de 4,8 millions de visites ont été enregistrées l’été dernier. Il s’agit d’une hausse d’achalandage d’environ 15 %.

Considérant ce fort attrait, L’Express Magazine a invité Emmanuel Courchesne, animateur de l’unité des Aventuriers au sein des Scouts de Drummondville, à partager quelques conseils pratico-pratiques avant de s’aventurer dans la forêt, à travers les racines, les arbres et les insectes.

Pour ce citoyen originaire du coquet village de Wickham, rien n’est plus galvanisant qu’une sortie en pleine nature, pourvu qu’on soit bien préparé, organisé, bien vêtu et un tantinet débrouillard.

Emmanuel Courchesne présente la technique la plus simple pour se faire un abri, soit la technique du ventre du dragon. (Photo Ghyslain Bergeron)

Mais avant de partir, il faut investir dans un sac à dos des plus confortables. Pour les randonnées de longue durée, il faudra prévoir un sac avec armatures, qui épousera la forme du dos. Quel est le poids maximum que l’on peut transporter? L’équivalent de 15 à 16 % de son poids corporel. Il ne faut jamais dépasser 20 %. «Plus tu te rapproches d’un poids qui équivaut à 20 %, plus tu diminues ta capacité physique à long terme. Par ailleurs, il est très important de s’exercer à marcher avec son sac. En randonnée, il faut prendre soin de sa nuque et de ses pieds. La nuque traduit notre chaleur corporelle et, avec un sac à notre dos, le fait de tourner un peu la tête sollicite le grand dorsal. Il faut s’assurer qu’il soit bien ajusté à sa physionomie. Quant à nos pieds, ils auront des ampoules s’ils deviennent humides. C’est important de prévoir des étapes au cours desquelles on va changer de paire de bas», explique Emmanuel Courchesne, en rappelant qu’il faut toujours placer les objets lourds et durs dans le fond de son sac et le plus loin possible de sa colonne vertébrale.

Parlant de contenu, ce passionné aventurier soutient qu’il est capital de faire une bonne planification, et ce, peu importe la durée de sa sortie. Un petit truc? Pensez aux 6 C.

  1. «On parle de tout de ce qui va permettre au randonneur d’avoir un abri et de la chaleur. Une bâche peut servir d’abri de fortune. Il faut aussi prévoir des vêtements adaptés», explique-t-il.
  2. «Ça prend absolument quelque chose qui peut contenir soit des liquides, de la nourriture ou les deux. En hiver, il faut prioriser le plastique pour ne pas se geler les doigts et l’été, le métal est préférable. Il faut aussi apporter des ustensiles, bien que le canif peut faire office de presque tout, sauf de la cuillère.»
  3. «La première chose à mettre dans son sac est un canif. C’est un outil essentiel».
  4. «Je pars toujours avec 25 pieds de corde. Rare que j’utilise tout ça, mais ça peut être pratique, surtout si on a besoin de se constituer un abri».
  5. «Rien de tel que de la mousse de sécheuse avec une lichette de vaseline pour partir un feu. Personnellement, je pars toujours avec des allumettes et un briquet».
  6. «Il faut toujours remettre son itinéraire à une personne de confiance et s’assurer d’apporter un moyen de communication.»

«Avant tout, il est très important de bien connaître le matériel qu’on transporte. Par exemple, il faut essayer de monter sa tente une première fois avant de partir, et ce, pour bien comprendre son fonctionnement», précise Emmanuel Courchesne.

Mais si on se perd en forêt et qu’on n’a pas prévu apporter sa tente, comment peut-on construire un abri pour la nuit?

«L’abri le plus simple à fabriquer est celui qu’on appelle le ventre du dragon. Il ne faut que s’enrouler dans une bâche, qui nous protégera de l’humidité et nous gardera au chaud», informe-t-il.

(Photo Ghyslain Bergeron)

Si on n’a pas de bâche, il faut alors faire preuve de courage et construire un abri avec des branches d’arbres et l’imperméabiliser avec du sapinage. L’important, c’est de choisir un endroit où le sol est moelleux et sec. Le sommeil ne sera sûrement pas parfait, mais vous serez à l’abri. Parole de scout!

Débrouillardise

Quand ils organisent des camps, les Scouts de Drummondville partent parfois plusieurs jours. Quand ils reviennent au bercail, ils sont exténués, mais heureux d’avoir relevé un défi.

«Ils vivent des situations de dépassement de soi. Ils apprennent plein de techniques, ils repoussent leurs limites et développent leur débrouillardise», explique M. Courchesne.

Il donne l’exemple d’un simple stylo. Si on est perdu en forêt, ce petit objet d’usage courant peut devenir une paille ou une sarbacane, si on le défait. «Un canif peut servir à creuser. La corde peut servir à aller chercher de l’eau ou à fabriquer un siège. Le seul frein qui existe est celui de notre imagination. Sachant cela, on peut voyager beaucoup plus léger», fait-il observer.

Puis, lorsqu’on parle de techniques de survie en forêt, les scouts apprennent à reconnaître les fruits et les plantes comestibles, à fabriquer des abris, mais aussi les principes de base, comme la règle des 3.

  • 3 minutes. C’est le temps qu’un humain peut rester sans respirer.
  • 3 heures. C’est le temps qu’une personne peut vivre dans le froid.
  • 3 jours. C’est le nombre de jours qu’un humain peut vivre sans boire.
  • 3 semaines. C’est le temps qu’on peut survivre sans manger.
  • 3 mois. Le temps qu’on peut vivre sans interaction sociale.

«Souvent, quand les gens se perdent en forêt, c’est près de milieux humides. Il faut faire attention, car il peut y avoir des tourbières et c’est dangereux. Il faut être très vigilant et avoir en tête nos limites en tant qu’être humain», conclut Emmanuel Courchesne.

Quatre trucs pratico-pratiques

Les scouts existent à Drummondville depuis plusieurs années. Le mouvement accueille des gens de tous les âges. (Photo Ghyslain Bergeron)

1- Lorsqu’on planifie une longue sortie, il ne faut jamais oublier d’uriner. «C’est notamment l’un des meilleurs trucs pour garder sa chaleur l’hiver. Quand on se retient, le corps continue de réchauffer l’urine. Donc, on perd de l’énergie à réchauffer de l’inutile».

2- Si l’on se perd et qu’on manque d’eau, la paille Life straw peut être pratique pour en filtrer et en décontaminer. «Du côté des scouts, on part toujours avec de l’eau. Si on est mal pris, on fait bouillir de l’eau sur un feu, puis on ajoute huit gouttes d’eau de javel par litre d’eau et on laisse évaporer le tout. C’est rare qu’on fait ça, mais en désespoir de cause, ça peut être d’un grand secours».

3- Pour se vêtir en vue d’une randonnée, on privilégie la technique du multicouche. «Ça prend une première couche synthétique pour repousser l’humidité. Une deuxième pour isoler puis une troisième pour imperméabiliser».

4- Pour chasser les insectes, les scouts privilégient la barrière physique. «Il faut éviter à tout prix les couleurs pastels qui rappellent aux insectes piqueurs la couleur des fleurs. Les huiles essentielles peuvent aider et elles sont écologiques».

Les scouts

Les scouts existent à Drummondville depuis plusieurs années. Le mouvement accueille des gens de tous les âges. «C’est très inclusif. Comme on dit, on ne laisse jamais un frère en arrière! On est une grande famille, basée sur des valeurs comme l’entraide. L’essentiel est d’avoir l’attrait de la nature», expose Emmanuel Courchesne. Pour obtenir de l’information sur ce mouvement, il suffit de composer le 819-816-6699.

 

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