Marc Benoit a eu la carrière qu’il avait rêvé

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Par Ghyslain Bergeron
Marc Benoit a eu la carrière qu’il avait rêvé
Marc Benoit a pris sa retraite en décembre 2020 alors qu’il servait la Sûreté du Québec à Drummondville. (Photo : Ghyslain Bergeron)

MAGAZINE. Marc Benoit a été policier pendant près de 30 ans. Il faut une bonne dose d’audace pour effectuer ce métier, avec tous les risques qu’il comporte. Étonnamment, il a connu ses plus grands obstacles avant d’endosser l’uniforme d’agent de la paix. Il a pris son courage à deux mains et, par amour, il s’est aventuré sur ce chemin qui l’a rendu très fier.

Marc Benoit a quitté l’école à 16 ans. Il a roulé sa bosse comme livreur de pizza, « boss boy » dans un restaurant puis journalier dans une usine. «J’étais tanné du travail à la chaîne. C’est à ce moment, en 1985, que j’ai rencontré ma femme, Martine», a-t-il exprimé avec émotion. C’est elle qui initié son changement de vie.

«Je n’étais pas un méchant garçon. Pour mes beaux-parents, les études, c’était très important. J’ai donc effectué un retour à l’école. J’ai commencé à aimer ça. J’ai eu la piqûre et j’ai fini mon secondaire 5. En même temps, je voyais mon beau-frère qui étudiait en technique policière et ça semblait intéressant. Quand j’ai annoncé à mon père que j’allais m’inscrire en technique policière, il était stupéfait! Il ne me croyait pas», a raconté le policier, aujourd’hui à la retraite.

Lors de ses premières années au service de la police municipale de Drummondville.

C’est non sans heurts qu’il a accédé au programme de formation du Cégep de Sherbrooke. «J’ai été refusé aux trois premiers tours de sélection. Mais, dans un quatrième tour, au début du mois d’août, j’ai enfin pu être admis, mais en sciences humaines, a-t-il poursuivi. Je devais laisser mes vêtements dans ma voiture et j’allais dormir dans la chambre de Martine. Nous n’avions pas le droit, mais bon! Je me suis trouvé un appartement par la suite. Ça me faisait rêver, car je voyais les étudiants en technique policière et je me suis dit que j’étais capable. Comme j’étais déjà dans la boîte, j’ai pu accéder au programme plus facilement par la suite.»

Après trois ans, Marc Benoit s’est buté à une nouvelle épreuve : l’échec de deux matières. «J’ai manqué un cours de droit et un de situation de crise. Alors, je n’ai pas pu célébrer avec ma cohorte, car j’ai repris les cours à l’été. Je suis par la suite entré à Nicolet en 1991 pour une période de quatre mois», a-t-il indiqué.

Une fois de plus, le courage et la détermination du futur policier ont été mis à rude épreuve. Deux autres échecs l’ont tenu à l’écart de la collation des grades de son groupe. «Je n’ai pas pu avoir mon diplôme à la cathédrale avec ma famille. C’était une autre récompense que je manquais et ç’a été dur émotionnellement. J’étais fâché, s’est remémoré Marc Benoit. Je me suis retroussé les manches et je me suis entraîné tout l’été. Le formateur m’a avoué qu’il ne m’avait pas reconnu à mon retour. J’avais changé. Pour le mieux. C’est ce qui m’a valu la chance d’obtenir mon diplôme de l’Institut de police.»

Après un bref passage au sein du corps policier d’East Angus, un manque d’ouvrage l’a obligé à s’exiler. «Je lui disais que je voulais travailler gratuitement s’il le fallait. J’étais tombé dans le métier. J’en mangeais. J’ai alors été obligé de solliciter d’autres corps de police de la région, et j’ai finalement eu un poste à Drummondville, ma ville natale», a mentionné M. Benoit. Une fois de plus, sa conjointe lui a permis de se réaliser en acceptant de déménager avec lui. Ils ont finalement fondé une famille de deux enfants à Drummondville.

Vaincre sa peur

Le policier-pompier lors de l’incendie du restaurant La Musarde sur la rue Lindsay. C’était dans les années 1990.

Localement, Marc Benoit a été appelé à ajouter une nouvelle corde à son arc. À l’époque, les policiers de la Sûreté municipale de Drummondville devaient aussi agir en tant que pompiers, ce qui a poussé Marc Benoit à aller encore plus loin.

«Quand on parle de courage, je peux te dire qu’il a fallu que je me parle quand le temps est venu de monter dans l’échelle de 30 mètres (100 pieds) du camion incendie, car j’ai le vertige! J’étais tellement fier de l’avoir fait. Même si je ne suis pas un pompier dans l’âme, j’ai toujours rempli mon mandat de pompier entre 1992 et 2002», a assuré celui qui portait le matricule 10726 à la Sûreté du Québec.

Enfin une cohorte

En 2002, la Sûreté du Québec (SQ) s’est installée à Drummondville. C’est avec fierté que M. Benoit a pu revêtir l’uniforme vert, et ce, jusqu’à sa retraite, en décembre 2020.

«J’ai enfin eu une cohorte! Il y a eu une belle cérémonie d’intégration avec tout le décorum et les chevaux. Nos familles étaient aussi présentes. Je suis passé devant tout le monde pour être intégré à la SQ. C’est un très beau souvenir», a-t-il décrit, les yeux pétillants.

Le courage dans le métier

Tout au long de ses années de service, Marc Benoit a vécu plusieurs événements malheureux allant du suicide au sauvetage d’une victime dans un incendie. Puis, il se souvient d’une intervention à la Société d’assurance automobile du Québec (SAAQ).

«Un homme s’était introduit dans les locaux pour voler des enveloppes pour sceller les permis de conduire. C’était dédié à la contrebande. Quand il a tenté de prendre la fuite, j’ai pointé mon arme sur lui afin qu’il obtempère. J’étais seul. Sans avoir eu peur, je dirais que ç’a été une bonne dose d’adrénaline cette fois-là. Je me considère chanceux, je n’ai jamais eu à utiliser mon arme. Je n’ai jamais eu recours à un psychologue, car ma femme prenait le temps de m’écouter. Elle m’aidait beaucoup», a-t-il précisé.

Sur une note plus joyeuse, le sympathique policier a dû procéder à un accouchement sur la rue Notre-Dame, vers 1994. Une jeune mère était sur le point de donner naissance à son enfant. «Mon fils venait de naître, alors je savais un peu à quoi m’attendre, mais je ne suis pas médecin! J’ai vu des cheveux et la tête sortir. J’ai demandé à mon partenaire de venir m’aider, mais il est plutôt sorti pour aller accueillir les ambulanciers… je pense qu’il ne voulait pas voir ça! Avec tout le liquide qui était sorti, j’ai été aspergé et le bébé m’a glissé des mains. Heureusement, il était en bonne santé et le père a pu couper le cordon avec l’aide des ambulanciers.»

Nouveau retraité

Marc Benoit s’implique auprès des Voltigeurs de Drummondville en tant que parrain. (Photo Ghyslain Bergeron)

Désirant se garder occupé, le nouveau retraité se plaît maintenant à effectuer de la livraison de colis dans la région.

«J’étais habitué de me faire insulter ou dévisager quand je remettais un constat d’infraction, alors que maintenant, les gens me remercient quand ils reçoivent leur colis. Ça me fait drôle. Je souhaite aussi continuer de m’impliquer avec l’équipe des Voltigeurs de Drummondville de la LHJMQ», a terminé M. Benoit, qui entend aussi consacrer du temps avec sa conjointe et ses petits-enfants.

 

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