L’art du vrai… et du faux

Photo de Ghyslain Bergeron
Par Ghyslain Bergeron
L’art du vrai… et du faux
Karl Boulanger fait flamber un burger pour une mise en scène publicitaire. (Photo : Ghyslain Bergeron)

Il y a toute sorte de magiciens. Celui qui fait disparaître un lapin dans un chapeau et celui qui, par l’intermédiaire d’outils technologiques, peut tout vendre avec seulement une image. Karl Boulanger est spécialisé en photographie commerciale et il use de tout son talent pour que son image finale mette en vedette les produits de ses clients.

Avant de devenir photographe, l’homme de 42 ans a œuvré au sein de la multinationale Ubisoft pendant 5 ans, à Montréal. Il a travaillé à la conception graphique, à l’animation et aux effets spéciaux pour des jeux vidéo.

Ayant grandi à la campagne, il a eu le goût de quitter la métropole pour revenir aux sources. «Il y a eu une ouverture de poste chez Labtronix (Bluberri) à Drummondville et deux semaines plus tard, je débutais chez eux. Je touchais vraiment à tout. Mais il y a eu des mises à pied et c’est là que j’ai démarré mon entreprise, les Productions KABÉ, en 2011», explique M. Boulanger.

Karl Boulanger, photographe.

Dans son studio à Saint-Lucien, Karl Boulanger s’apprête à photographier un hamburger sur le grill. La mise en scène est simpliste et les accessoires sont placés avec justesse. Un pistolet chauffant est pointé vers la tranche de fromage cheddar pour la faire fondre afin de lui donner une texture plus représentative. Un aérosol et un briquet sont utilisés pour propulser une flamme vers le burger comme s’il était sur le gril, en train de cuire. La scène est spectaculaire. «J’utilise des aliments comestibles et j’essaie de ne pas jeter de nourriture. Il existe plein de trucs artificiels, mais c’est le choix que j’ai fait. Même chez mes clients, il m’arrive de rapporter ce que je pose afin de ne pas gaspiller», explique M. Boulanger, détendeur d’un DEP en infographie obtenu en 1998.

«Ce que j’aime beaucoup avec mon bagage de 3D et Photoshop, c’est d’amener mes images à un autre niveau. La retouche et la composition me permettent de me dépasser. Ma photo finale du burger sera composée de cinq «layers» (superposition d’images) afin que chacun des éléments soit à son meilleur», ajoute-t-il.

Étant pratiquement le seul à offrir ce genre de service, Karl Boulanger a un emploi du temps chargé. Ses clients sont Belle Gueule (bière), Pro Nature et il a aussi travaillé entre autres avec Cascade et des entreprises locales comme le Roy Jucep, les Vallons de Wadleight et l’Odika. Les images servent essentiellement pour des publications Web.

«J’ai décidé de me spécialiser, car le marché des séances de photos de mariages et de familles est saturé. Il y a beaucoup de photographes dans la région. De toute façon, j’ai tellement d’ouvrage!», ajoute le professionnel qui fait participer la famille à ses projets.

Karl Boulanger édite ses photos.

La photographie culinaire arrive en tête de liste de ses préférences, alors que les manteaux avec des cols en fourrure figurent au bas de celle-ci. «C’est difficile à découper en transparence, car il y a tellement de petits détails», précise le photographe qui utilise Photoshop, Lightroom en plus d’un logiciel pour la modélisation en 3D pour réaliser ses œuvres.

Des astuces inusitées

Même si Karl Boulanger utilise des méthodes naturelles et des produits frais lors de ses séances, le métier regorge d’astuces artificielles pour mettre en scène les produits des clients.

Par exemple, on utilise de la mozzarella et de la colle blanche pour simuler le fromage qui s’étire quand on soulève une pointe de pizza de sa boîte. Du rouge à lèvres est appliqué sur des fraises pour leur donner un éclat plus savoureux. Un fond de gelée et de la colle blanche servent de lit pour y déposer des céréales, ce qui permet de garder l’aliment en surface. Un bloc de styromousse rehausse et stabilise des frites dans un casseau. L’huile à moteur, plus épaisse, n’est pas absorbée par une crêpe, ce qui permet au «sirop» de couler lentement sur les côtés. Appétissant, mais pas toujours recommandé pour une table 5 étoiles!

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