Ces petits poilus créateurs de bien-être

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Par Cynthia Martel
Ces petits poilus créateurs de bien-être
Nanou et Easy procurent un bien immense chaque semaine aux résidents du Centre Frederick-George-Heriot. (Photo : Ghyslain Bergeron)

MAGAZINE. Exempts de préjugés, ils adoucissent et embellissent le quotidien des aînés, des personnes vivant avec un handicap et des gens esseulés en institution. Les animaux de la Société de zoothérapie de Drummondville créent de petits miracles.  

Comme chaque semaine, Nicole Baillargeon-Lyonnais, présidente de la Société de zoothérapie, se rend au Centre Frederick-George-Heriot accompagnée d’autres bénévoles. Le jour de l’entrevue, elle me donne rendez-vous à 14 h 30. J’y fais la connaissance de Pauline Tanguay, membre fondateur, et d’une fidèle bénévole, Louise Desautels-Croteau, ainsi que de leurs compagnons canins, Nanou et Easy, deux Yorkshire. Petit foulard aqua au cou, les petites bêtes poilues savent qu’elles doivent maintenant travailler.

Léo Hamel est en mode détente avec Nanou et Easy. (Photo – Ghyslain Bergeron)

Léo Hamel, un résident se déplaçant en fauteuil électrique, approche. On lui dépose délicatement sur ses genoux Nanou et Easy. La magie commence à opérer. Amputé d’un bras, M. Hamel les caresse abondamment avec l’autre. Il sourit.

«Ça relaxe et ça passe le temps. Ça fait du bien», affirme-t-il d’un air joyeux et sur un ton détendu.

M. Hamel n’a pas manqué beaucoup d’activités de la Société de zoothérapie depuis qu’il est arrivé, il y a bientôt deux ans.

«Quand je peux, je participe aux activités (…) À la maison, j’avais trois chats. J’ai toujours aimé les animaux, alors ça me permet d’en voir.»

Dans un autre coin de la salle, Angèle brille par son large sourire permanent. Atteinte de paralysie cérébrale, cette femme est épanouie depuis que Cannelle est dans sa vie. Installé paisiblement dans ce qui semble être un porte-bébé, ce Shih tzu fait un bien énorme à cette résidente.

«Cannelle n’est pas un chien d’un de nos bénévoles. C’est sa famille qui lui a offert. Ce qui est particulier, c’est qu’Angèle a toujours eu peur de s’approcher des animaux qu’on lui présentait», indique Mme Lyonnais.

Angèle et Cannelle, un match parfait. (Photo Ghyslain Bergeron)

«Puisqu’Angèle est incapable de bouger, on dirait qu’elle a peur de tout ce qui bouge vite», observe sa sœur Madeleine qui agit aussi comme aidante naturelle. «Ça fait 12 ans qu’elle vit ici et on voulait qu’elle ait quelque chose de nouveau dans sa vie, un petit éclat. On a donc commencé à lui parler de chien pour préparer le terrain et un jour, elle nous a montré sur une photo un chien exactement comme Cannelle. On lui en a donc acheté un», se rappelle-t-elle.

À ses dires, Angèle est beaucoup moins craintive des autres bêtes.

«Elle est plus ouverte et a pris énormément d’assurance. Je pense parce qu’elle se sent responsable de lui. Ce qui l’aide aussi, c’est que Cannelle est un chien calme, qui ne jappe pas. Avoir su que ça lui ferait autant de bien, on lui en aurait acheté un avant.»

«Je suis contente de l’avoir. Ça aide à apprivoiser ma peur», exprime Angèle.

Le privilège qu’Angèle a de voir Cannelle si fréquemment est aussi donné aux autres résidents.

«C’est un autre volet que la Société coordonne. Un visiteur qui souhaite amener son animal de compagnie ou celui d’un résident est autorisé à le faire. Il faut juste qu’il en fasse la demande et que je m’assure que l’animal a ses vaccins à jour», précise la présidente.

Technicien en loisirs au Centre Frederick-George-Heriot, Éric Gervais, est à même de témoigner les bienfaits qu’apportent ces petites bêtes poilues.

«La présence des animaux rassure et calme l’anxiété. On a tous été de près ou de loin dans notre vie en contact avec des animaux et ces activités avec la Société de zoothérapie permettent aux résidents de revivre de bons moments. On essaie par différents moyens de briser l’isolement ici, mais avec un animal, ça vient chercher un autre niveau.»

Pour les bénévoles, la réaction des gens n’a pas de prix et c’est ce qui les motive à poursuivre leurs bonnes actions.

«On ne le fait pas juste pour les résidents, mais aussi pour nous. C’est valorisant», laisse entendre Nicole Baillargeon-Lyonnais, également coordonnatrice des bénévoles.

Louise Desautels-Croteau, Nicole Baillargeon-Lyonnais et
Pauline Tanguay. (Photo Ghyslain Bergeron)

Du bonheur depuis 1989

La petite histoire de la Société de zoothérapie de Drummondville commence en 1987, avec Cherry Brandy, une petite Yorkshire, et Louise Paré, une résidente à

«J’ai travaillé un an en Angleterre dans un hôpital et au moment que j’ai dû quitter, mes collègues m’on fait une fête et m’ont donné un Yorkshire parce qu’ils savaient que j’adorais les chiens et que ça serait symbolique», se remémore Pauline Tanguay. «Un peu plus tard, j’ai commencé à travailler à George-Heriot. Je m’y rendais à vélo avec Cherry Brandy dans le panier. Un jour, Louise Paré, une résidente, m’a demandé si elle pouvait promener la chienne. C’était le début de l’aventure.»

En septembre 1987, Mme Paré obtient de la direction du centre l’autorisation de mettre sur pied un groupe de bénévoles, Les Amis fidèles du CHGF. Quelques mois plus tard, après avoir recueilli les fonds nécessaires, elle fait appel à l’Institut canadien de zoothérapie de Montréal pour tenir quelques activités. Ce projet se poursuit jusqu’au printemps 1988 allant jusqu’à démontrer l’utilité d’un organisme. C’est ainsi que la Société de zoothérapie de Drummondville est fondée en février 1989 par Mmes Paré et Tanguay de même que trois autres personnes.

«On était innovateur à cette époque (…) La zoothérapie, ça fait des miracles. Selon moi, ça empêche bien des personnes à avoir des idées noires», conclut Mme Lyonnais.

Grâce à des dons versés par le Club Rotary, la Société de zoothérapie a pu offrir ces poissons aux coloris flamboyants au Centre Frederick-George-Heriot. (Photo Ghyslain Bergeron)
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