Une fondation qui voit grand

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Par Cynthia Martel
Une fondation qui voit grand
Bernard Landriault et Michel Paradis sont depuis fort longtemps passionnés par l’art. (Photo : Ghyslain Bergeron)

MAGAZINE. La passion peut mener à de grands projets. Bernard Landriault et Michel Paradis en savent quelque chose. Avant de mettre sur pied la Fondation Grantham pour l’art et l’environnement, ces deux passionnés d’art visuel avaient un but : poser un geste social tout en entreprenant une démarche participative.  

Tout a commencé il y a environ quatre ans, alors que MM Landriault et Paradis désiraient mieux protéger et mettre davantage en valeur leur appréciable collection de 250 œuvres majoritairement réalisées par des artistes québécois. La construction d’un nouvel espace pour y arriver a été projetée, puis est rapidement venue l’idée d’un lieu d’exposition.

«Mais tout cela nous paraissait plus ou moins limitatif. Nous voulions poser un geste social, entreprendre une démarche participative», écrivent-ils sur le site web de la Fondation.

Les collectionneurs ont donc demandé conseil à des artistes et experts et, de fil en aiguille, la forme du projet est devenue plus concrète. À partir du thème «arts visuels et environnement», ils ont convenu de créer des résidences d’artiste et de chercheur encourageant la rencontre des uns et des autres. Un lieu où il serait possible de faire appel aux nouvelles technologies pour diffuser leurs travaux et d’élaborer un projet éducatif en vue de sensibiliser les jeunes aux enjeux environnementaux par l’entremise des arts visuels.

Pour matérialiser leurs idées, les deux collectionneurs ont fait appel aux services de l’architecte de renom Pierre Thibault. C’est donc quatre ans plus tard, temps nécessaire à la conception architecturale ainsi que la construction du bâtiment, que la Fondation Grantham est née.

Depuis, les deux hommes mettent cœur et énergie dans ce projet qui réunit une équipe de bénévoles tout aussi dévouée et passionnée.

Par cette fenêtre, on aperçoit l’espace documentation de la résidence. Celle-ci dispose d’une bibliothèque spécialisée en art contemporain où l’on peut y retrouver ouvrages, certificats d’authenticité, fiches descriptives d’artistes et correspondances. (Photo Ghyslain Bergeron)

Ni M. Paradis ni M. Landriault n’ont évolué dans le domaine des arts. Mais leur passion sans cesse grandissante leur ont permis d’acquérir d’excellentes connaissances, et ce, à différents niveaux, en plus de se bâtir un réseau de contacts important.

«Il n’y a pas un voyage qu’on fait sans planifier les visites dans les musées et galeries d’art. Dans la résidence, il y a une bibliothèque remplie de monographies. Elle renferme 30 ans de voyage», mentionne M. Paradis.

«L’idée de partager cette passion qu’on a, ça nous anime. On ne veut pas la garder juste pour nous, car on est convaincus que l’art peut changer le regard que l’on porte sur le monde. C’est pourquoi on a une volonté ferme de le rendre plus accessible. Et ce qui est fort intéressant, c’est qu’on associe ce domaine à une cause importante : l’environnement», expose M. Landriault qui a occupé pendant 30 ans un poste d’administrateur en relations internationales à l’Université de Montréal.

«On veut contaminer les gens», lance son partenaire qui, lui, a travaillé en finances.

Selon eux, le Centre-du-Québec, notamment Drummondville, a tous les atouts pour devenir un pôle culturel majeur.

«Il y a tellement de talents ici et les projets ne manquent pas. Les possibilités de collaboration avec les organismes, dont la Galerie d’art Desjardins, la bibliothèque et le Cégep sont grandes. Actuellement, il y a deux pôles dans la culture : Montréal et Québec. Celui du Centre-du-Québec est un peu négligé, à mon avis. Avec la Fondation, même si elle est un petit organisme, on vise à amener les sous du gouvernement destinés à la culture dans la région. Par contre, étant donné qu’on est un organisme de bienfaisance, nous ne pouvons pas adresser de demandes de subvention avant 2022», laisse entendre M. Landriault, soulignant que la campagne de financement pour la fondation est essentielle à la mission.

L’environnement, une cause primordiale

Les questions environnementales préoccupent les cofondateurs depuis fort longtemps. Il était donc naturel pour eux d’intégrer le thème de l’environnement à leur mission.

Photo – Ghyslain Bergeron)

«À notre connaissance, c’est la seule fondation en art et environnement au Canada», indique Bernard Landriault.

Mais ce thème est large. D’une part, les productions artistiques et les recherches sur l’art qui se réalisent entre les murs de la résidence doivent se mesurer aux défis environnementaux. D’autre part, les projets éducatifs qui en découlent visent à sensibiliser les jeunes aux enjeux environnementaux. La notion d’environnement va même jusque dans le choix des médiums nécessaires à la réalisation des œuvres. Par exemple, l’artiste peut décider de réutiliser de l’huile ou de ne pas en prendre, se tourner vers des encres naturelles pour la gravure ou encore choisir du papier recyclé.

Ce n’est donc pas un hasard si le bâtiment abritant la résidence a été construit en harmonie avec les éléments de la nature environnante.

«L’architecte Pierre Thibault a été très sensible à l’environnement. La maison est faite de deux blocs, l’un étant désaxé de l’autre, ce qui fait en sorte qu’on a pu contourner les arbres. Aussi, elle est largement fenestrée afin de pouvoir admirer la nature qui est omniprésente. Les fenêtres deviennent en soi des œuvres qui changent au gré des saisons», expliquent les deux hommes d’idées, ajoutant que NCK a conçu l’ingénierie de la structure, une firme de génie-conseil montréalaise qui a été appelée, entre autres, à participer à la conception de la célèbre Pyramide du grand Louvre.

Enfin, l’environnement sera un élément hautement considéré dans la planification 2020-2021 de la Fondation.

«Bref, on veut vraiment s’inscrire dans la région et répondre à des besoins précis, autant dans le domaine des arts qu’au niveau de l’environnement», concluent-ils avec conviction.

Sensible aux différentes propriétés de la nature, l’architecte Pierre Thibault a privilégié une approche architecturale soucieuse du mieux-vivre de la planète. (Photo Ghyslain Bergeron)
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