Normand Léveillé au centre de petites victoires

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Par Ghyslain Bergeron
Normand Léveillé au centre de petites victoires
Normand Léveillé lors de son trounoi de golf annuel. (Photo : archives Ghyslain Bergeron)

MAGAZINE. Normand Léveillé se fait encore demander des autographes après 40 ans. Il est une figure reconnue au sein de l’organisation des Bruins de Boston et son chandail numéro 16 des Saguenéens de Chicoutimi a été retiré au milieu des années 1990. Mais pourquoi l’ex-hockeyeur a-t-il choisi Drummondville pour y établir le Centre Normand Léveillé?

Normand Léveillé est natif de Montréal.

Il a grandi dans la métropole avant de joindre les rangs des Saguenéens de Chicoutimi pour y jouer son hockey junior.

Il occupe le 21e rang des meilleurs pointeurs de l’équipe, un palmarès partagé avec, entre autres, Guy Carbonneau (12e) et le Drummondvillois Maxime Boisclair (7e). Repêché par les Bruins de Boston dans la Ligue nationale de hockey (LNH) dès le premier tour en 1981, il a inscrit 33 points à sa saison recrue. Le 23 octobre 1982, sa carrière prend brutalement fin à la suite d’une mise en échec survenue lors d’un match face aux Canucks de Vancouver. Il avait 19 ans.

Normand Léveillé portait le numéro 16 avec les Saguenéens de Chicoutimi. (Photo : gracieuseté)

Il vit aujourd’hui avec une paralysie et une aphasie en raison d’un hématome cérébral provoqué par une rupture d’anévrisme. Loin de se laisser abattre, il a retroussé ses manches afin de venir en aide aux familles.

«Sans entrer dans les détails, j’ai été témoin d’un événement triste qui m’a marqué. Je me disais qu’il ne fallait plus que ça arrive de nouveau. Alors l’idée a commencé à germer de mettre sur pied des ressources pour assurer du répit aux proches de personnes vivant avec un handicap», a lancé Normand Léveillé.

Le projet est rapidement devenu un rêve pour l’ancien hockeyeur. Il a sillonné le Québec pendant deux ans, visité des sites en Estrie et dans les Laurentides, mais ils ne répondaient pas aux besoins ou avaient trop besoin d’amour.

«La chance nous a finalement souri. On a été informés qu’une ancienne base de plein air cherchait preneur. Ça s’appelait la Cité des Loisirs et c’était à quelques kilomètres du centre-ville de Drummondville. Il y avait 81 hectares de bâtiments, de sentiers et de chalets à développer. Le terrain est tout de même plat, ce qui est non négligeable pour l’accessibilité», a ajouté M. Léveillé.

Après de longues négociations, le projet a pu se mettre en branle. Sous les conseils de son ami Raynald Laliberté, Normand Léveillé, a pu amorcer la campagne de financement pour financer le centre sur une période de cinq ans.

Normand Léveillé assiste aux conférences de presse de la fondation. (Photo : archives Ghyslain Bergeron)

«Dès le début, on a eu le soutien de la communauté et la lieutenante-gouverneure de l’époque, Lise Thibault, a agi comme «entraîneur-chef du cabinet de campagne». Ç’a beaucoup aidé. De plus, l’organisation des Bruins de Boston a contribué à la hauteur de 40 000 $ et un match-bénéfice entre les Légendes du hockey et les anciens Bruins a déplacé plus de 10 000 personnes», a expliqué M. Léveillé en précisant que sa nouvelle conjointe, Denise, avait eu l’idée du match disputé au Centre Molson.

Ainsi, depuis 1997, le Centre Normand Léveillé de Drummondville accueille des gens vivants avec des besoins particuliers tels que l’autisme, une déficience intellectuelle ou physique et autre type de handicap. Au quotidien, le centre du chemin Hemming est le théâtre de petites victoires.

Le Centre Normand Léveillé

L’endroit est vaste et enchanteur. Au fil des ans, le site a vu apparaître un château dans la forêt au cœur des sentiers d’hébertisme, une piscine avec un lève-personne, des modules de jeu adaptés, une mini ferme, et plus encore.

Une nouvelle rampe a été inaugurée le 23 novembre dernier. (Photo : archives Ariane Samson)

«Dans tous les cas, il s’agit de favoriser le développement et l’épanouissement de la personne ayant des besoins particuliers. Les gens viennent de partout au Québec et ils sont fidèles à nous, car les usagers vivent moins d’insécurité quand ils reviennent dans un endroit connu», a ajouté M. Léveillé.

Été comme hiver, le centre permet aux personnes vivant avec un handicap de participer à des activités conçues de façon à leur être accessibles.

«Nous avons des équipes qui sont vraiment dévouées. Le camp d’été est fort populaire. Ça permet aux familles d’avoir un répit. Normand se fait un plaisir d’accueillir les invités lors du début du camp», a précisé Kim Martineau, directrice générale du centre.

La Maison Normand Léveillé

En décembre 2021, une autre importante étape a été franchie pour le Centre Normand Léveillé. Une nouvelle infrastructure, la Maison Normand Léveillé, a nécessité un investissement de 3,8 M$ et compte 18 logements de 3 pièces et demie, un espace cuisine ainsi qu’une salle communautaire pour les activités et l’encadrement des locataires. Dix-sept personnes peuvent bénéficier des services adaptés à leurs besoins.

Récemment, des améliorations majeures ont permis d’adoucir la pente de la rampe d’accès du pavillon central où se trouve le gymnase.

La femme derrière l’homme

Normand Léveillé et sa conjointe, Denise Blanchette. (Photo : Ghyslain Bergeron)

On répète souvent que derrière chaque grand homme, il y a une femme. Elle s’appelle Denise Blanchette-Léveillé et elle partage la vie de Normand depuis 27 ans, dont 17 en tant qu’épouse.

«Nous étions voisins! On est des amis d’enfance. J’étais amoureuse de lui, mais il n’avait que d’yeux que pour ma sœur… On s’est croisé par hasard et notre histoire d’amour a commencé», a-t-elle expliqué.

Elle accompagne Normand dans ses représentations officielles, ses sorties et les voyages.

«On aime passer du temps en Thaïlande en hiver.

Lors des célébrations du 100e anniversaire des Bruins de Boston, Normand Léveillé a fait la mise au jeu protocolaire. (Photo : Bruins de Boston)

On a participé aux festivités entourant le 100e anniversaire des Bruins de Boston en décembre dernier et Normand a même effectué la mise au jeu protocolaire. Il fait des activités ludiques et joue parfois même au golf. Je pousse Normand à le faire, ça le garde actif!»

 

 

L’avenir

Le Centre Normand Léveillé, appuyé par la fondation du centre, envisage de continuer à améliorer les services offerts à la population, mais l’enjeu de la main-d’œuvre vient ralentir les ardeurs.

«Les intervenants travaillent en «one on one» avec les bénéficiaires, alors ils ne peuvent offrir le service comme ils le voudraient à un plus grand nombre d’utilisateurs. Ils aimeraient tant en faire plus. Je visite régulièrement le centre et je leur lève mon chapeau. Ce qu’ils font est important», a confié M.Léveillé, en conclusion.

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