La coiffure n’a plus de secret pour Denise Roy Gauthier

Jean-Claude Bonneau
La coiffure n’a plus de secret pour Denise Roy Gauthier
Coiffeuse de profession, Denise Roy Gauthier pratique son art depuis 62 ans. (Photo : Ghyslain Bergeron)

MÉTIER. Depuis un peu plus de six décennies, Denise Roy Gauthier ne se gêne pas pour dire, à qui veut l’entendre, qu’elle pratique un des plus beaux métiers au monde. Et aujourd’hui, âgée de 81 ans (anniversaire qu’elle a souligné en ce début d’octobre), la coiffure n’a plus de secret pour cette dame auprès de laquelle des centaines et des centaines de femmes ont aussi trouvé une oreille attentive.  

C’est en 1957 (en faisant rapidement le calcul, ça fait bel et bien 62 ans) que Denise Roy Gauthier a commencé à coiffer des têtes et elle continue toujours à le faire à son Salon Janine, situé sur Saint-Damase à l’angle de la 15e Avenue.

«J’avais à peine 19 ans quand j’ai commencé dans le métier et c’est vraiment par un concours de circonstances que je me suis retrouvée coiffeuse, avec un peigne et des ciseaux à la main», avoue d’entrée cette charmante petite dame qui a toujours l’œil vif comme l’éclair et que plusieurs qualifient de «phénomène dans son travail».

D’employée à propriétaire

D’une décennie à l’autre, Mme Roy Gauthier a su s’adapter aux nouvelles tendances en coiffure. (Photo Ghyslain Bergeron)

Comme elle l’a si bien dit elle-même, c’est un concours de circonstances qui a amené Denise Roy Gauthier dans le monde de la coiffure.

«Même si j’ai toujours été attirée par le merveilleux monde de la coiffure, mon premier emploi, je l’ai eu à la Dominion Textile. Comme plusieurs jeunes de mon âge, je travaillais donc dans une usine. Durant les pauses ou sur l’heure du dîner, il m’arrivait souvent de peigner les filles qui travaillaient avec moi. Puis, en 1957, il y a eu une grève à la Dominion Textile et c’est là que j’ai décidé de réorienter ma carrière et de me diriger pour de bon vers le domaine qui me passionnait. C’est Janine Lacharité, alors propriétaire du Salon Janine, qui m’a donné ma première chance, à titre d’apprentie-coiffeuse», souligne celle qui s’est donnée corps et âme à son nouveau travail.

Entourée de coiffeuses d’expérience qui lui ont prodigué de nombreux conseils et qui lui ont partagé leurs connaissances, Denise Roy Gauthier a mis les bouchées doubles en prenant des cours privés d’un coiffeur de Montréal et en participant à de nombreuses conventions. «C’était la façon d’apprendre», dit-elle en souriant.

Puis, en 1958, elle a décidé d’acheter l’entreprise de celle qui lui avait donné sa première chance.

«Ce fut certainement un très bon coup de ma part, surtout que Janine Lacharité a accepté de poursuivre sa propre carrière de coiffeuse en travaillant pour moi. De plus, je me suis entourée de quelques autres coiffeuses professionnelles, de sorte que j’ai vraiment tout appris d’elles. C’était comme ça à l’époque. On apprenait en travaillant dans les salons. Les écoles sont venues par la suite», renchérit celle qui a officiellement obtenu son diplôme en coiffure en 1962.

Toujours active

Même si elle a cédé les rênes du Salon Janine à Diane Lamontagne il y a quelques années, Denise Roy Gauthier demeure toujours très active.

«J’ai passé tellement de temps ici qu’il n’est pas question que je me prive d’un tel bonheur, surtout que le salon est toujours situé à même notre résidence familiale. Je descends au salon presque tous les jours. J’ai des clientes régulières que je coiffe depuis plus de 50 ans et ma cliente la plus âgée a 97 ans», enchaîne celle qui se dit très privilégiée d’avoir pu pratiquer son métier durant autant d’années et d’avoir pu compter sur une clientèle aussi fidèle.

Au fil des ans, Mme Roy Gauthier a vécu toute l’évolution du monde de la coiffure féminine. «J’en ai lavé des têtes au début. On est aussi rendu très loin des séchoirs, des rouleaux, des cheveux postiches ou vagués, des permanentes, des coupes et des perruques des années 1960 à 1980. Aujourd’hui, on n’enroule plus les cheveux. On travaille séchoir à la main. On parle beaucoup plus de coiffure dépeignée, de coloration. Il m’a fallu suivre cette évolution et c’est tant mieux.

Il est certain qu’un jour, je devrai penser à arrêter mais ce jour n’est pas encore pour demain. Comme je le dis régulièrement, coiffeuse c’est un beau métier qui m’a permis d’être en contact régulier avec les gens et qui m’a permis de me faire de nombreuses amies, tout en devenant une sorte de confidente pour bien de mes clientes.»

Aujourd’hui, Denise Roy Gauthier précise qu’elle retire encore de nombreux avantages de ce métier passionnant qu’elle a pratiqué. «Ça me permet de m’occuper des têtes que j’aime, entre autres celles de mon mari Tom Gauthier, de mes fils et de mes petits-enfants. Juste ça, c’est une grande joie.»

Même si elle a réduit ses heures de travail, cette pionnière de la coiffure n’en demeure pas moins très occupée. «Je n’ai pas le temps de m’ennuyer. En plus des quelques heures que je passe au salon, principalement les jeudis et vendredis, je m’entraîne trois fois par semaine et je pratique quelques sports. En été, je joue au golf et durant les autres saisons, je joue aux quilles de deux à trois fois par semaine, avec mon mari. Ça me fait des semaines tout de même bien remplies», conclut celle qui avoue que c’est devenu un peu gênant de dire qu’elle travaille encore à un âge aussi respectable.

Aujourd’hui plus que jamais, Denise Roy Gauthier fait partie de ceux et celles qui ont compris que lorsqu’on a l’amour et la passion du métier un jour, on l’a certainement pour toujours.

Partager cet article