Un parfait exemple du don de soi

Un parfait exemple du don de soi

FAMILLE. Kim Peterson Bussière et José Dionne rêvaient de fonder une grande famille. La vie leur a offert un garçon et s’en est suivi une série de fausses couches. S’ils sont maintenant entourés de plusieurs enfants, c’est parce qu’ils ont fait le choix d’ouvrir leur maison et leur cœur aux enfants des autres en étant famille d’accueil, une mission bien particulière.

«J’ai toujours voulu avoir une grosse famille et me garder une adoption comme dessert! confie la Drummondvilloise. La vie en a décidé autrement avec six fausses couches, mais tout a changé en 2009, le jour où une cliente de la boutique où je travaillais a attiré mon attention en m’annonçant qu’elle venait d’adopter au Québec. J’en ai discuté longuement avec José et le lendemain, on enclenchait les démarches auprès du Centre jeunesse afin de devenir famille d’accueil.»

Ils ont passé des entrevues, rempli des questionnaires, suivi des formations et sept mois plus tard, le téléphone a sonné… «Je me souviendrai toujours de ce matin-là. Il était très tôt et la personne au bout du fil m’a demandé si on était prêts à accueillir notre premier enfant, William, 14 mois. Mais ce n’était pas tout, elle m’a aussi annoncé que nous serions responsables de sa petite sœur qui devait naître un mois plus tard! J’étais folle de joie! Je me suis empressée à aller acheter tout le nécessaire. La petite Magalie est finalement née quelques semaines plus tôt. Nous sommes allés la chercher à l’hôpital alors qu’elle avait à peine trois jours», se rappelle celle qui a une adolescente d’une précédente union.

Puis, quelques mois plus tard, cette jeune famille abritait sous son toit six enfants.

«Nous avons fait dès le départ la demande pour être une famille d’accueil banque mixte, c’est-à-dire que nous recevons des enfants à haut risque d’abandon et les gardons dans une perspective d’adoption, explique M. Dionne.

Magalie et William ont eu des contacts avec leurs parents biologiques durant trois mois. Ils sont ensuite devenus admissibles à l’adoption, au grand bonheur des amoureux.

«Ma fille Noémie avait sept ans à l’époque. Elle les a tout de suite considérés comme son frère et sa sœur», expose la maman.

«Je suis fière de dire que je les ai adoptés pour leur donner le meilleur», exprime-t-elle avec des étoiles dans les yeux.

Les clés du succès

Chaque enfant arrive avec son lot de problèmes et de difficultés ainsi que son propre bagage. Afin qu’il s’intègre bien dans la famille et qu’il soit sécurisé, la famille d’accueil doit être bien outillée. Le travail d’équipe est aussi essentiel.

«En ce sens, nous avons de bonnes relations avec les intervenants et nous suivons à l’occasion des formations très utiles. De plus, tu n’as pas le choix d’être une équipe, car si ton couple n’est pas solide, tu ne passeras pas au travers», fait savoir M. Dionne qui reçoit le soutien de sa famille et de celle de sa tendre moitié.

Lui et sa conjointe admettent également qu’il «faut être capable de se virer sur un dix cents».

«On ne peut toujours pas prédire quelle réaction aura un enfant face à une telle situation. Aussi, il arrive que l’on doive changer nos plans d’activité parce que l’un d’entre eux est en crise. Il faut être très prévisible, car ces enfants-là vivent beaucoup d’anxiété», donnent-ils en exemple, en tenant à contredire la croyance populaire selon laquelle les gens deviennent famille d’accueil pour l’argent.

Écoute, disponibilité, respect, ouverture, patience et organisation sont les clés du succès.

«Notre rôle est d’essayer de rebâtir leur confiance, de les sécuriser et de leur donner tout simplement de l’amour», résument-ils, en ajoutant qu’ils sont là pour «réparer les cœurs brisés».

«On ne peut pas effacer leur passé, il faut vivre avec, mais on peut toutefois apprendre à dessiner leur avenir», expose celle qui permet aux enfants de rêver.

Évidemment, lorsque vient le temps de se séparer des enfants, cela représente une épreuve forte en émotions.

«C’est un deuil, mais c’est certain qu’avec le temps, on s’est habitué. Je dirais que c’est un peu plus facile pour moi que pour ma femme. Par contre, lorsqu’on les revoit et on se rend compte qu’ils vont bien et qu’ils ont l’air heureux, ça fait du bien», affirme M. Dionne.

Manque criant

Depuis 2009, ce couple d’une grandeur d’âme sans borne a accueilli pas moins d’une quinzaine d’enfants. Trois sont actuellement placés chez eux jusqu’à l’âge de 18 ans. En tout, sept enfants dont l’âge oscille entre 5 et 15 ans reçoivent une bonne éducation, de l’amour et de bons soins. «Nous vivons une histoire de rêve! Dans un monde idéal, j’aurais trois ou quatre autres enfants, car je me dis que quelque part, il y a un enfant qui a besoin de moi. On planifie toutefois en adopter un autre», confie Mme Peterson Bussière. «Je tiens à dire comment il est simple et peu coûteux d’adopter un enfant au Québec, contrairement à l’international. Il y a tellement moins de contraintes. À titre d’exemple, nous avons déboursé environ 100 $ par enfant en frais administratifs et légaux», indique le père de famille, en précisant que l’adoption est ouverte à tous, que ce soit une femme seule ou bien un couple d’hommes.

Celui-ci a également souligné le manque criant de familles d’accueil dans la région. «Drummondville est l’une des pires places en ce qui a trait aux signalements. Il y a une forte demande et les gens qui sont disponibles et croient être capables d’accueillir des jeunes, j’aimerais leur dire de ne pas hésiter à faire les démarches. Malheureusement, c’est dans le temps de Noël qui a le plus de signalements», laisse-t-il entendre. «C’est extrêmement gratifiant et c’est un modèle de persévérance qu’on donne aux enfants. La meilleure paie qu’on peut recevoir, ce sont leurs sourires», confient les parents.

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