Une hausse des crimes ou un plus grand nombre de dénonciations?

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Par Louis-Philippe Samson
Une hausse des crimes ou un plus grand nombre de dénonciations?
Selon les directrices du CALACS La Passerelle et du CAVAC Centre-du-Québec, l’augmentation du nombre de crimes dans la MRC de Drummond ne signifie pas nécessairement une hausse de la criminalité. (Photo : archives, Ghyslain Bergeron)

CRIMINALITÉ. L’augmentation des crimes recensés par le poste de la Sûreté du Québec (SQ) de la MRC de Drummond ne signifie pas nécessairement que leur nombre est en hausse selon le Centre d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS) La Passerelle et le Centre d’aide aux victimes d’actes criminels (CAVAC) du Centre-du-Québec.

Rappelons que dans le rapport annuel du poste, couvrant la période du 1er avril 2022 au 31 mars 2023, le nombre de crimes contre la personne a fait un bon par rapport à l’année précédente pour atteindre les 1 711. De ce nombre, on compte 282 plaintes pour agression sexuelle, soit un total qui a plus que doublé par rapport à cinq ans plus tôt.

Selon les deux organismes, cette hausse peut s’expliquer par différentes raisons. La reprise de confiance envers le système judiciaire, une meilleure connaissance des actes criminels et l’implantation de nouvelles ressources, comme le projet pilote de tribunal spécialisé en violence conjugale et en violence sexuelle. Elles peuvent toutes avoir un impact sur les motivations à dénoncer un crime.

Julie Ouellet, directrice générale du CALACS La Passerelle. (Photo : gracieuseté)

«Il faut prendre un pas de recul et comprendre que ces chiffres représentent le nombre de personnes qui ont porté plainte et non le nombre de personnes qui ont subi une agression, a indiqué Julie Ouellet, directrice générale du CALACS La Passerelle. Il y a peut-être plus de personnes qui sont confortables de faire une plainte à la police. Il y a tellement de femmes qui choisissent de ne pas porter plainte parce qu’elles ne veulent pas avoir affaire au système de justice. Mais il y a peut-être quelque chose qui se passe et qui fait en sorte que les efforts pour rebâtir la confiance fonctionnent.»

«Est-ce qu’il y a plus de crimes? C’est difficile à dire, s’est questionnée Marilie Cormier-Gaudet, directrice générale du CAVAC du Centre-du-Québec. Je ferais la distinction à savoir s’il y a une plus grande proportion de dénonciations. Depuis le mouvement #MeToo, on a vu une reprise de confiance envers le système de justice. Est-ce que c’est parfait? Est-ce que tout le monde a confiance dans le système de justice? Je n’irais pas jusque-là, mais je suis profondément convaincue qu’on va dans la bonne direction.»

De plus, les organismes peuvent tracer un parallèle entre la hausse des crimes rapportés à la SQ et les demandes d’aide qui leur ont été acheminées lors de la même période. Le CALACS a enregistré, entre avril 2020 et avril 2023, une hausse de 39,46 % des demandes d’aide faites par des femmes et des adolescentes de Drummond. Il en a été de même pour le CAVAC du Centre-du-Québec qui a reçu 5,6 % plus de demandes de services entre les années 2021-2022 et 2022-2023.

Sensibilisation

Également, les efforts de sensibilisation déployés semblent porter leurs fruits. Les gens reconnaissent mieux les crimes aujourd’hui qu’à une époque pas si lointaine.

Marilie Cormier-Gaudet, directrice générale du CAVAC Centre-du-Québec. (Photo : gracieuseté)

«Je pense qu’il y a de meilleures connaissances sur ce qui est légal et ce qui ne l’est pas. Des crimes comme les voies de fait pouvaient être plus banalisés ou encore la violence conjugale pouvait être plus cachée. J’ai envie de croire qu’on dénonce plus en raison de la sensibilisation, et non parce que notre société est plus violente», a souligné Mme Cormier-Gaudet.

La mission du CAVAC n’inclut pas les activités de sensibilisation, mais le CALACS propose plusieurs activités de ce genre dans la région. Des ateliers et des formations sont offerts en milieu scolaire ou au travail, par exemple, et on déploie plusieurs stratégies sur les médias sociaux.

«Lorsqu’il y a plus de sensibilisation, il y a une meilleure compréhension de ce qui entoure les agressions sexuelles. La sensibilisation sur les réseaux sociaux fonctionne très bien. On voit la différence; on reçoit plusieurs demandes d’aide lorsqu’on fait des publications», a affirmé Mme Ouellet.

En somme, Julie Ouellet préfère voir de façon positive la hausse des plaintes auprès des policiers. Elle croit cependant qu’il reste encore du chemin à faire pour s’assurer que toutes les femmes victimes d’agression sexuelle soient bien reçues, bien entendues et crues.

Si vous en ressentez le besoin, il est possible de contacter le CALACS La Passerelle au 819-478-3353 ou sans frais au 1-877-278-3353 et le CAVAC Centre-du-Québec au 819-472-1110 ou sans frais au 1-888-472-1110.

 

À lire également : Les crimes contre la personne en hausse dans Drummond

 

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