Le chant qui rassemble

Par Maxime Rioux
Le chant qui rassemble
Directeur musical pour trois organismes liés au chant-choral dans la région de Drummondville au cours des 28 dernières années

Né à Saint-Félix-de-Kingsey en 1964, Gilles Proulx aura 47 ans dans quelques jours. Ce directeur musical, qui a dirigé trois chorales dans la région de Drummondville (et fondé deux d’entre elles) au cours des 28 dernières années, a été le «point de rassemblement» de quelque 375 personnes durant sa carrière musicale. Récit d’un homme passionné qui sait transmettre le plaisir de chanter.

Chanter est un geste simple et presque plus humain que nature. C’est aussi un acte sentimental dans le sens où, peu importe le style musical interprété, la sensibilité est grandement sollicitée et s’avère essentielle à l’exercice. C’est justement en chantant et en faisant chanter les autres que Gilles Proulx a évolué dans sa vie. Ce dernier avait cependant amorcé sa carrière musicale d’une façon fort particulière, assez loin du chant.

«À l’âge de cinq ou six ans, je jouais déjà du piano et je chantais. Du côté de la famille de mon père, presque tout le monde chantait. À l’âge de 11 ans, j’étais organiste à l’église de Saint-Félix-de-Kingsey. Comme j’étais de petite taille, je me souviens que j’avais de la misère à joindre le pédalier. À l’époque, les gens du diocèse avaient dit que j’étais le plus jeune organiste au Québec. J’ai fait ça pendant environ treize ans. Après mon passage à l’orgue, je suis revenu au piano classique et, au secondaire, j’ai aussi joué de la flûte traversière. Plus tard, je me suis spécialisé en arrangements vocaux», raconte M. Proulx.

Vers l’âge de 20 ans, ce dernier s’était déjà découvert une passion particulière pour le chant. Pour la vivre pleinement, il s’est engagé de multiples façons au sein du Chœur de Saint-Félix-de-Kingsey.

«C’était vers 1984, se souvient le principal intéressé. J’ai été directeur musical de cet ensemble pendant 11 ans, soit jusqu’en 1995, moment où j’ai fondé le Groupe vocal Artzimut», relate Gilles Proulx.

En effet, le groupe vocal Artzimut a vu le jour l’année suivant son départ du Chœur de Saint-Félix-de-Kingsey.

«Le chœur a poursuivi ses activités jusqu’en 1997. De mon côté, je me sentais mûr pour un nouveau défi», expose-t-il.

En ce qui concerne le Groupe vocal Artzimut, il s’agissait d’une toute nouvelle aventure pour le chanteur. Cette chorale, qui n’en était pas vraiment une en raison de sa particularité qui était de présenter des spectacles alliant le chant, la danse et le jeu théâtral, a été très importante pour Gilles Proulx.

«Environ 175 personnes ont fait partie de ce groupe vocal à un moment ou l’autre. On s’amusait beaucoup, se rappelle-t-il. On créait des opéras rock et tout le monde chantait, dansait, bougeait et apprenait des portions de texte. Dans la région, c’était comme un nouveau concept de chorale. On a ainsi présenté la pièce «Zone», de Marcel Dubé, ainsi que des fables de La Fontaine que nous avions remises au goût du jour.»

Pourtant, malgré ses qualités de rassembleur, Gilles Proulx concède que le plaisir n’a pas toujours été au rendez-vous.

«À une certaine époque, je traînais une réputation de gars hyper exigeant et pas tolérant du tout. Au fil des années, j’ai eu le goût d’avoir du «fun». J’ai compris que, si je voulais que les choristes aient du plaisir, il fallait que moi aussi je retire du plaisir à chanter», analyse l’homme.

Ainsi, après avoir dirigé le Groupe vocal Artzimut pendant une douzaine d’années, Gilles Proulx a décidé de redémarrer, avec une l’aide d’une amie, Diane Boudreau, un nouveau (et troisième) projet, cette fois consacré exclusivement au chant. C’est ainsi qu’en 2007 est née la chorale Les Voix du chœur.

«Je voulais simplement revenir à la base et travailler davantage le chant. Qu’on le veuille ou non, en préparant les spectacles avec Artzimut, nous consacrions moins de temps au chant pour laisser au monde le temps d’apprendre le jeu, la danse et les mouvements. Cela ne me plaisait plus. J’avais vraiment envie de revenir à la source. Avec Les Voix du chœur, je travaille avec un maximum de 32 choristes, ce qui me permet notamment de faciliter et d’améliorer la «balance». Nous pratiquons chaque lundi, à l’école secondaire Jean Raimbault. Depuis les débuts, la chorale a accueilli une cinquantaine de chanteurs et de chanteuses», estime M. Proulx.

Il y a quelques semaines, l’entourage du directeur musical lui a rendu un vibrant hommage au Cabaret Box Office durant lequel pas moins de 150 personnes étaient présentes, même ses parents.

«J’ai vécu des moments très touchants et mémorables durant cette soirée. C’est à moi qu’on avait demandé de choisir les pièces qui allaient être chantées. Le plus drôle, c’est qu’un concert intitulé «La revanche des choristes» est actuellement en préparation et sera présenté à l’automne 2012. Cette fois, ce sont les choristes qui auront déterminé le répertoire. Une autre preuve de la fraternité et du plaisir qui règne entre nous!», fait valoir M. Proulx.

Le plaisir, Gilles Proulx le veut constamment.

«Tant que tout le monde travaille et que ça avance, ça ne me dérange pas que ça «déconne» un peu! Je suis le premier à avoir du «fun» durant les pratiques!», assure-t-il.

Humainement, en plus de sa propre vie, l’artiste a aussi vécu bien des choses par association.

«Il m’est arrivé de voir des gens quitter la chorale pour des raisons personnelles et de les voir revenir plus tard, après avoir mis de l’ordre dans leur vie. Quand ça arrive, c’est merveilleux!», partage-t-il.

Feuille de route bien garnie

Au fil des années, à travers les répétitions et les spectacles, Gilles Proulx a trouvé le temps de prendre part à divers projets musicaux à titre de chanteur. En outre, il a déjà participé à la création et à la promotion d’un album de Noël de Johanne Blouin.

«En 1994, Johanne Blouin recherchait des voix pour son deuxième album de Noël. Elle voulait donner une tangente «Sing Along» ou style «We Are The World». J’avais envoyé une cassette audio ainsi qu’une photo et un curriculum vitae et j’ai été sélectionné pour faire partie des 20 choristes parmi environ 600 candidats. J’ai donc eu la chance de chanter sur cet album, a rappelé le chanteur. À la suite de cet enregistrement, nous avions fait une apparition à distance (reportage en directe du studio) à l’émission de Sonia Benezra.»

Le 25 octobre 1994, l’album a été lancé en grandes pompes à l’émission de Jean-Pierre Coallier. L’animateur-vedette avait alors fait un brin de jasette avec M. Proulx au petit écran.

«Le 1er décembre 1994, toute l’équipe avait donné un concert à l’Oratoire Saint-Joseph. Le 23 décembre, j’ai pris part à un spectacle présenté à l’amphithéâtre Bell à Montréal. L’année suivante, Johanne Blouin était venue faire un bout de concert avec le Chœur de chez nous de Saint-Félix-de-Kingsey. Ce concert se déroulait au Théâtre des Grands Chênes, à Kingsey Falls. À cette occasion, j’avais été interviewé pour les besoins de l’émission «La Vie en Estrie».

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