Près de 200 créanciers dans la faillite de 42 M$ de Beaulieu revêtement

Photo de Lise Tremblay
Par Lise Tremblay
Près de 200 créanciers dans la faillite de 42 M$ de Beaulieu revêtement
Le bâtiment de Signé Hurtubise situé dans le parc industriel de Drummondville, près de l’autoroute 55. (Photo : Ghyslain Bergeron)

DRUMMONDVILLE. Qu’est-ce qui a mené l’entreprise Beaulieu revêtement (Signé Hurtubise) à la faillite et ses quelque 400 employés au chômage?

La question demeure entière puisque l’entreprise roulait à fond de train depuis plusieurs mois, offrant des postes très bien rémunérés et additionnant les contrats prestigieux et lucratifs. Elle se spécialisait dans la conception et la pose de revêtement d’aluminium et de maçonnerie. Parmi ses clients : la nouvelle Maison de Radio-Canada, le projet Nobel qui offre des condominiums hauts de gamme situés à Brossard et connectés à Montréal par le REM, ainsi que le projet MAA, qui propose aussi des condominiums raffinés, mais au cœur du Golden Square Mile, un quartier emblématique du centre-ville de Montréal.

Chaque jour, des travailleurs de la construction de la grande région de Drummondville prenaient la route vers la métropole pour travailler sur les différents chantiers.

Pierre Fitzgibbon, ministre de l’Économie et de l’Innovation, a visité l’usine Signé Hurtubise en juillet 2022. (Photo tirée de Facebook)

En juillet 2022, Pierre Fitzgibbon, ministre de l’Économie et de l’Innovation, a eu droit à une visite guidée de l’usine Signé Hurtubise, située sur la rue Alfred-Nobel, dans le parc industriel longeant l’autoroute 55. Précédemment, en octobre 2020, l’entreprise avait obtenu de ce ministère un prêt de 2 M$ ainsi qu’un prêt de 3,2 M$ d’Investissement Québec pour la construction de l’usine.

Le ciel semblait bleu azur pour cette entreprise drummondvilloise, dirigée par le jeune entrepreneur Pierre-Olivier Beaulieu, mais en mai dernier, à peu près tous les employés ont été mis à pied. Certains ont été rappelés au cours de l’été, mais les «choses ne se sont pas replacées», aux dires d’une ancienne employée. À la fin du mois d’octobre, l’entreprise s’est placée sous la protection de la Loi sur la faillite et l’insolvabilité. Tout y a passé : l’inventaire et les deux usines, dont celle située sur le boulevard Jean de-Brébeuf où des panneaux de granit étaient fabriqués. La liquidation des biens est d’ailleurs en cours.

D’après l’avis du séquestre dont L’Express a obtenu copie, près de 200 créanciers n’ont pas été payés pour un montant qui excède les 42 M $ (dont 10,4 M $ garantis). Une faillite marquante au sein de la communauté drummondvilloise; des investisseurs locaux ayant perdu d’importantes sommes. Il en va de même pour les créanciers, dont des dizaines ont un pied à terre à Drummondville.

«Plusieurs personnes sont fâchées»

Toutes les sources contactées par L’Express ont indiqué que le président de l’entreprise, Pierre-Olivier Beaulieu, était dans l’attente d’une subvention gouvernementale, qui lui aurait permis d’honorer ses contrats. Selon un homme d’affaires qui a requis l’anonymat à ce moment-ci de la démarche, l’entreprise avait obtenu des contrats évalués à hauteur de 70 M $ pour l’année 2024, mais était incapable de les mener à terme, faute de liquidités.

Une employée de bureau qui a perdu son emploi dans la foulée des événements a cependant fait savoir que M. Beaulieu a «tout fait» pour sauver les meubles.

«Je n’avais pas accès aux données comptables de l’entreprise, au logiciel Acomba, mais je sais que Pierre-Olivier s’est battu de mai à octobre pour sauver l’entreprise. Je ne sais pas exactement ce qui s’est passé, mais je sais qu’il y a beaucoup de spéculation à ce sujet. C’est un sujet qui va rester sensible longtemps à Drummondville, car plusieurs personnes sont fâchées. Je reçois encore des appels de gens à qui on devait de l’argent», a-t-elle indiqué.

Tout comme la plupart des employés, cette dame a indiqué qu’elle est parvenue à se retrouver un nouvel emploi.

«Pour plusieurs, ça ne sera jamais comme chez Beaulieu, a-t-elle précisé. Pierre-Olivier avait instauré un climat d’empathie. Il venait nous dire bonjour chaque matin. On avait des conditions de travail extraordinaires. C’est difficile de trouver pareil ailleurs.»

Du côté des créanciers, l’empathie est à oublier.

«Ça fait longtemps que Pierre-Olivier ne répond plus à nos appels. Il nous  a proposé une entente de paiement, mais on n’en a reçu qu’un. C’est choquant, car il continuait d’acheter en sachant qu’il s’en allait droit dans le mur», a fait savoir le président d’une entreprise évoluant dans l’équipement industriel. Ce dernier a perdu plusieurs milliers de dollars, comme près de 200 autres.

L’Express a tenté de joindre M. Beaulieu à deux reprises. Il n’a pas retourné nos appels.

Une entreprise; trois entités

L’entreprise était constituée de trois entités : Beaulieu Revêtement (Revêtement Louyse) pour la production panneaux laminés; Signé Hurtubise dédié à la fabrication de panneaux de granit) et Beaulieu Enveloppe de bâtiments pour la gestion.

 

Simple et toujours gratuit

Meta (Facebook et Instagram) bloque désormais vos nouvelles de L’Express en réponse à la loi C-18.

Pour rester connecté à la source, L’Express vous invite à télécharger son application. Vous pourrez ainsi continuer de lire vos nouvelles gratuitement, et ce, en temps réel. N’oubliez pas d’activer les notifications!

Apple : https://apps.apple.com/ca/app/lexpress-de-drummondville/id1575799821?l=fr-CA

Androïd : https://play.google.com/store/apps/details?id=ca.journalexpress.app&hl=fr

Partager cet article