Les enfants au cœur des initiatives du Centre d’écoute et de prévention suicide

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Par Cynthia Martel
Les enfants au cœur des initiatives du Centre d’écoute et de prévention suicide
Sandrine Vanhoutte dirige le Centre d’écoute et de prévention suicide Drummond depuis 21 ans. (Photo : Ghyslain Bergeron)

PRÉVENTION. Il faut tout un village pour élever un enfant, dit le proverbe africain. Le Centre d’écoute et de prévention suicide (CEPS) l’a bien compris.

Dans les dernières années, le CEPS Drummond a observé une augmentation de la détresse psychologique chez les enfants de 5 à 13 ans. Le suicide est la deuxième cause de décès chez les jeunes, après les accidents de la route. Selon les statistiques, un adolescent sur quatre songera à s’enlever la vie.

L’organisme a mis sur pied deux campagnes de sensibilisation pour sécuriser les milieux scolaires en plus de déployer un programme de rencontres individuelles. Et les résultats sont éloquents.

Créatrice d’espoir

Sachant très bien que la pandémie de COVID-19 aurait tôt ou tard des conséquences sur la santé et le bien-être des jeunes, le CEPS n’a pas tardé à se mettre en action pour élaborer de toute pièce un programme qui, aujourd’hui, fait boule de neige au Québec.

«On savait que le gouvernement annoncerait des actions pour aider les jeunes, mais ça prend toujours du temps, car il faut que le problème soit là pour qu’il agisse. Nous, on a été plutôt en amont en mettant sur pied un projet visant la promotion de la vie dans les écoles primaires», raconte Sandrine Vanhoutte, directrice générale du CEPS.

Implanté en 2022, le programme École créatrice d’espoir a pour mission de sensibiliser et outiller l’ensemble du personnel, des enfants et leurs parents pour mieux exprimer leurs émotions, s’entraider et cultiver une saine ambiance de travail et d’apprentissage pour qu’ultimement, on puisse prévenir la détresse infantile.

«On voulait toucher toutes les sphères et qui de mieux que les enfants pour rejoindre tout le monde?» laisse entendre Mme Vanhoutte.

Bibliothèque mobile, autocollants et contremarches adhésives de renforcement positif, bannière d’indice de bonheur, coloriages… tous les moyens sont bons pour faire reconnaître l’importance de la vie à l’intérieur des murs des établissements scolaires. En plus de ce matériel conçu par l’entreprise drummondvilloise Izamo, des formations sont offertes au personnel de l’éducation et des journées pour la vie sont organisées. Jamais il n’est question de suicide. Tout est axé sur la promotion de la vie, précise Mme Vanhoutte.

Une école qui choisit de prendre part au projet s’implique pour une période de trois ans.

«Ensuite, on estime que les écoles ont suffisamment d’outils pour s’autonomiser», indique la gestionnaire, soulignant que le projet se déploie tranquillement sur l’Île de Montréal et que des chercheurs mondiaux s’y intéressent.

À l’an deux de ce projet unique et porteur d’avenir, les retombées sont importantes : 23 écoles participantes en plus du Centre de pédiatrie Les p’tits bonheurs; 173 adultes formés sur l’heure du midi; 1250 enfants ayant assisté à l’atelier de bien-être; 28 nouvelles sentinelles; 3727 élèves et 600 membres du personnel touchés par les différentes activités.

Le mur exposant toutes les écoles arborant le sceau «Créatrice d’espoir». (Photo : Ghyslain Bergeron)

«On croit que 100 % des établissements scolaires du territoire auront adhéré au programme pour notre troisième cohorte l’an prochain. Cela signifie à terme que nous aurons rejoint 8046 élèves, 3000 employés dans les écoles et plus ou moins 4000 parents pour un total de 15 046 personnes. C’est non négligeable!» se réjouit Mme Vanhoutte, précisant que ce projet nécessite des investissements de   500 000 $ financés par le secteur privé.

En parallèle, le CEPS a suggéré de retirer des écoles le jeu du bonhomme pendu ainsi que de changer le nom du ballon-suicide.

Je suis là. #Onjase

Parmi les autres initiatives pour prévenir le suicide chez les jeunes, le CEPS, en partenariat avec le Centre de prévention suicide Arthabaska-Érable, a lancé en 2018 la campagne Je suis là. #Onjase ayant pour but de prévenir la détresse psychologique chez les 12 à 25 ans.

À travers différents moyens de communication, les jeunes sont informés des endroits et personnes prêtes à les écouter pour leur permettre de s’exprimer sans se sentir jugés. Le deuxième volet de ce projet consiste à former ces citoyens désirant aider les autres.

Je suis là. #Onjase se déploie dans les écoles secondaires de la MRC de Drummond par la formation de sentinelles et la réalisation d’activités de sensibilisation. La campagne vit également sur les réseaux sociaux et le web.

Rencontres individuelles

Devant la détresse psychologique de plus en plus importante des enfants, le CEPS voulait bonifier son offre de services. Il y a un an, il a tout mis en œuvre pour rencontrer cette clientèle de façon individuelle.

«Ici, on ne prend aucun appel téléphonique en bas de 14 ans, le besoin avait donc été identifié. Les services sociaux se sont structurés depuis les dernières années, mais le problème demeure les délais. La pire chose qu’on peut dire à un enfant, c’est d’attendre, car on est en train de lui dire en quelque sorte que malgré ses idées suicidaires, ce n’est pas si important; ça renforce le fait qu’il se sent poche et pas bon et que c’est légitime de vouloir disparaître», illustre celle qui dirige le CEPS depuis 21 ans.

Généralement, la rencontre s’organise dans un délai de 24 heures à 48 heures suivant la demande téléphonique.

«Je rencontre d’abord les parents, puis l’enfant. Dans la plupart des cas, une ou deux interventions suffisent pour apaiser, car on est capable d’outiller adéquatement la famille et de mettre les bons services autour. En fait, je suis une transition vers les autres services nécessaires».

Si elle observe une augmentation des demandes d’aide, la dirigeante n’est pas en mesure pour le moment de les chiffrer et encore moins de comparer avec les années précédentes.

«Je ne vous cacherai pas que je rencontre beaucoup d’enfants. En plus des appels qu’on reçoit au CEPS, quand le réseau de la santé déborde et que c’est urgent, on me les envoie. Mais est-ce que c’est nouveau par rapport avant la pandémie? Je ne peux dire. On n’offrait pas ces rencontres avant, alors il est certain que les gens se tournent davantage vers nous, d’autant plus que les parents et jeunes sont de plus en plus conscientisés et vigilants grâce aux programmes dans les écoles», expose-t-elle.

Quoiqu’il en soit, Sandrine Vanhoutte peut affirmer avec certitude une chose : «Quand j’ai commencé au CEPS, on était dans le top 3 des régions où il y avait le plus de suicides. Maintenant, on se situe au 12e rang. Quand on travaille en amont, on ne peut pas se tromper; on évite l’escalade. C’est à la lumière de ça que les projets dans les écoles et les rencontres individuelles prennent tout leur sens», assure-t-elle en conclusion.

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