Julie René, la gardienne des infrastructures

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Par Cynthia Martel
Julie René, la gardienne des infrastructures
Julie René est chef de division de gestion des infrastructures et de la planification à la Ville de Drummondville. (Photo : Ghyslain Bergeron)

MAGAZINE. Julie René est pour les infrastructures ce qu’un médecin généraliste est pour ses patients. Depuis 17 ans, elle évalue, analyse et pose des diagnostics au bénéfice des Drummondvillois. Entretien avec cette ingénieure municipale qui fait sa marque partout où elle passe.

Julie René était à la fois surprise et flattée que L’Express magazine pense à elle. Visiblement passionnée par le génie municipal, elle ne rate pas une occasion pour parler d’infrastructures.

«Quand l’eau coule du robinet, les gens ne pensent pas au processus de traitement avant et après. Ce n’est pas intéressant ni préoccupant pour le citoyen ce qui est enfoui et en béton. Pourtant, s’il n’y a pas de réseaux d’aqueduc et d’égout ni de réseau de transport, on ne peut pas développer. Tout est lié à ça pour être en mesure d’offrir les autres services à la population», fait valoir la chef de division de gestion des infrastructures et de la planification à la Ville de Drummondville.

C’est un stage au sein d’une entreprise spécialisée en assainissement des eaux qui lui a donné la piqûre.

«On faisait des échantillonnages durant la nuit chez Alcan et dans des stations d’épuration. C’était clair pour moi dès ce moment que ce n’était pas en bâtiment et structure que j’allais me diriger», se rappelle-t-elle, les étoiles dans les yeux.

Mais Julie René a dû patienter avant de décrocher l’emploi de ses rêves. Le début de sa carrière coïncidait avec la fin des programmes d’assainissement des eaux usées du Québec entraînant un creux dans les projets civils.

«Le gouvernement avait donné beaucoup d’argent aux villes dans le cadre de ces programmes pour la construction d’usines de traitement des eaux usées, entre autres. On se retrouvait devant un contexte difficile sur le marché du travail pour mon domaine; il y avait plus d’ingénieurs que d’emplois.»

Mme René a d’abord œuvré pendant dix ans pour un entrepreneur en excavation avant d’obtenir le poste à la Ville de Drummondville.

«J’ai pris beaucoup d’expérience. Ça m’a permis d’apprendre sur la gestion de chantier et sur les matériaux», indique la détentrice d’un baccalauréat en génie civil de l’Université de Sherbrooke.

«C’est à l’âge de 35 ans, en 2005, que l’opportunité à la Ville s’est présentée. J’avais le goût de changement et passer du milieu privé au public m’interpellait. Mon premier mandat a été de produire un plan d’intervention pour une meilleure gestion des infrastructures d’eau et d’égout. C’était gros!» affirme-t-elle.

Depuis, Julie René veille au développement et à la bonne gestion des infrastructures du territoire.

«Mon rôle principal est d’être en mesure d’évaluer l’état des infrastructures, de poser des diagnostics, de faire des recommandations, de planifier pour qu’ultimement les travaux se réalisent. Je fais toujours le parallèle entre ma profession et celle d’un médecin de famille. Tout comme lui, je fais de la médecine générale, mais au niveau des infrastructures!» compare-t-elle.

En sa qualité d’ingénieure municipale, Julie René est la gardienne des infrastructures souterraines (eau et égout), chaussées, pistes cyclables, trottoirs et feux de circulation. À l’aide de systèmes informatisés, elle et son équipe sont en mesure de bien suivre l’état de tous ces réseaux et repérer rapidement les réparations requises. Les projets retenus répondre à des paramètres bien précis.

«On se base sur ce qu’on appelle des grilles multicritères pour savoir quelles infrastructures seront priorisées. On se fie d’abord au niveau de désuétude, mais lorsqu’on doit déterminer les projets pour une année, on y va aussi selon les disponibilités financières et les opportunités de développement. De plus, si deux infrastructures situées dans le même coin nécessitent des réparations, on va en prioriser une plus que l’autre pour ne pas paralyser le secteur. Les gens peuvent parfois critiquer les décisions, mais ils ignorent les choix qu’on doit faire et les raisons pour lesquelles on les fait. En plus, les besoins sont grandissants, donc il y a encore plus de choix à faire», laisse-t-elle entendre.

Julie René compare aussi l’ingénieur municipal à une pieuvre.

«On touche à plusieurs domaines et on doit avoir des connaissances élargies. Et quand on monte un projet, on jongle avec une panoplie d’éléments, tels que les critères, le budget, les échéanciers sans compter qu’on doit s’assurer que le projet respecte bien les plans et politiques de la Ville.»

Ses projets marquants

Depuis qu’elle est ingénieure pour Drummondville, nombreux sont les projets que Julie René a concrétisés. Parmi les plus marquants, elle indique d’emblée l’enfouissement des fils électriques sur le boulevard Saint-Joseph, à l’entrée de la ville, en 2008.

«Ç’a été un projet assez complexe dans le sens où on faisait les travaux en même temps que la reconstruction du pont d’étagement. Il y a eu beaucoup d’échanges avec le Ministère et de planification pour concilier nos deux projets, parce qu’au niveau de la CSST, pour la sécurité des travailleurs, deux chantiers ne peuvent pas s’empiéter. Ç’a été tout un casse-tête aussi parce que nos lignes de pavage devaient se rejoindre», raconte-t-elle

Parmi ses projets marquants, Julie René note l’enfouissement des fils électriques sur le boulevard Saint-Joseph en 2008. (Photo d’archives Ghyslain Bergeron)

La deuxième phase d’enfouissement des fils jumelée au réaménagement de la rue de Boucherville constitue un autre projet stimulant.

«J’y ai pris encore beaucoup d’expérience. Cette fois, j’ai appris énormément sur les emprises d’Hydro-Québec et de Bell. J’ai même servi de référence auprès des ingénieurs de la Ville de Magog.»

Mme René est également fière de la réfection de la rue Lindsay et du parc Woodyatt.

«Ce que j’aime avec le génie municipal, c’est que c’est en lien direct avec les besoins de la population», exprime la femme de 54 ans.

À travers tout ce qu’elle doit piloter, l’ingénieure aime se tenir à l’affût des meilleures pratiques et des nouvelles technologies. Pour ce faire, elle est impliquée au sein du Centre d’expertise et de recherche en infrastructures urbaines et à l’Association des ingénieurs municipaux du Québec.

Au travail comme au quotidien, Mme René est une touche-à-tout. Du chant à la course, en passant par la danse, le bateau-dragon, le vélo et la motocyclette, elle mord dans la vie à pleine dent.

Il est important pour Julie René de vivre le moment présent et se garder active. Elle saisit toutes les occasions pour voyager et s’adonner à ses passions. (Photo gracieuseté)

Ayant également un côté pédagogue prononcé, Mme René se plaît à offrir des conférences à des ingénieurs en devenir.

«J’essaie de leur donner la flamme des infrastructures municipales.»

Elle désire également, dans un avenir rapproché, renseigner davantage les citoyens.

«Ce que je souhaite, c’est que les infrastructures souterraines et routières deviennent «in». J’aimerais donner des conférences pour démystifier cet univers, sensibiliser la population aux choix et gestes que posent les municipalités et qu’elle soit plus éduquée», conclut l’ingénieure pleine d’ambitions.

 

Un important réseau à gérer

  • 482 km de conduites d’eau potable
  • Un réseau d’égouts de 745 km :

– 356 km de conduites sanitaires

– 55 km de conduites unitaires

– 334 km de conduites pluviales

  • 639 km de chaussées

*Selon l’inventaire 2021 de la Ville de Drummondville

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