Grève chez Olymel : des travailleurs étrangers forcés d’aller à la soupe populaire

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Par Lise Tremblay
Grève chez Olymel : des travailleurs étrangers forcés d’aller à la soupe populaire
Les travailleurs étrangers de l’usine Olymel de Drummondville. (Photo : Gracieuseté)

GRÈVE. À Drummondville depuis le 8 mai dernier, une trentaine de travailleurs étrangers venus prêter main-forte à l’entreprise Olymel subissent la grève générale illimitée, une situation qui les contraint à recourir aux organismes communautaires pour subvenir à leurs besoins.

Originaires de l’Île Maurice et du Maroc, ces travailleurs reçoivent comme tous les employés présentement en grève un montant de 315 $ par semaine provenant de leur syndicat.

La situation est particulière au sens où ces gens détiennent un permis de travail fermé, ce qui les empêche d’aller cogner à la porte d’autres entreprises le temps du conflit de travail.

Cédric Langevin a atterri au Canada au début du mois de mai. Deux semaines après avoir débuté son travail d’opérateur chez Olymel, la grève générale illimitée a été déclenchée.

«Je reçois les 315 $ par semaine. Toutefois, je dois payer mon loyer qui est de 125 $ par semaine de même que mon téléphone. Ça ne suffit pas. Il me reste 100 balles par mois. Ce n’est pas suffisant pour manger ni pour envoyer de l’argent. Je dois envoyer 1000 $ par mois à l’Île Maurice», communique le nouvel arrivant.

«On a tous des contrats fermés. On est obligé de travailler pour Olymel. Si notre permis de travail avait été ouvert, on aurait pu aller travailler ailleurs. Il faudrait que l’entreprise revoie nos contrats ou que le gouvernement du Canada modernise ses façons de faire. Il y a des pères de famille dans le groupe. C’est très compliqué», ajoute M. Langevin.

Assurant qu’il est «solidaire» des autres employés de l’entreprise, l’homme de 32 ans exhorte cependant les parties à sceller une entente rapidement.

La grève a débuté le 25 mai dernier. (Photo Ghyslain Bergeron)

«Je suis venu ici pour travailler. Je suis ici au Canada pour avancer dans la vie, mais je ne savais pas qu’il y aurait la grève. Je pense aussi à ce groupe de dix travailleurs de l’Île Maurice qui devait venir travailler chez Olymel le 29 mai dernier. Ils se sont fait dire de rester à la maison à cause de cette situation particulière, mais ces gens avaient tous remis leur démission là-bas. Je ne sais pas comment ça va pour eux», laisse-t-il tomber.

Mélanie Cloutier, présidente du Syndicat des travailleuses et travailleurs de Bacon Inter-America-CSN, déplore vivement la situation et le fait que l’entreprise n’ait pas transféré ces employés vers d’autres unités d’affaires d’Olymel.

«Ces employés comprennent la bataille qu’on mène, mais pour eux, c’est doublement frustrant compte tenu du permis de travail fermé. Olymel avait promis de les aider et de bien les intégrer, mais depuis la grève, l’entreprise ne fait rien. Il y avait de belles promesses, mais rien ne se passe. Ils n’ont pas le choix de se faire aider par les organismes communautaires. On en a référé à la Tablée populaire et chez Intro Drummondville», soutient-elle.

Son collègue David Allaire, membre du comité de mobilisation au sein du syndicat, a lancé un appel à la solidarité au sein du personnel sur la ligne de piquetage.

«On a apporté des boîtes de denrées qu’on partage avec eux. On a aussi apporté des vêtements, car ils sont arrivés ici avec peu de choses. Chez Olymel à Drummondville, on est une famille. On n’est pas en guerre avec les boss. On veut juste notre juste part», dit-il.

(Photo d’archives)

Questionné au sujet de ces travailleurs étrangers, Richard Vigneault, responsable des communications corporatives chez Olymel, a concédé qu’il s’agit d’une situation particulière.

«Pour l’instant, on n’envisage pas de transférer ces employés, car on est dans une grève qui pourrait se régler rapidement. On est en conciliation aujourd’hui. Je ne voudrais pas créer de faux espoirs cependant. On fonctionne avec le programme fédéral des travailleurs étrangers temporaires. On ne peut pas changer les règles des permis de travail. Sans prendre d’engagement, on peut cependant évaluer des choses. On est très compréhensifs à l’égard de la déception de ces gens.»

Les 400 employés de l’usine Olymel de Drummondville sont en grève depuis le 25 mai dernier.

 

 

 

 

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