Campements urbains : une situation préoccupante selon La Piaule

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Par Louis-Philippe Samson
Campements urbains : une situation préoccupante selon La Piaule
À Drummondville, les campements urbains sont plus répandus depuis l’été 2022. (Photo : Louis-Philippe Samson)

ITINÉRANCE. Les campements de personnes en situation d’itinérance représentent un phénomène nouveau depuis environ un an. Pour Francis Lacharité, directeur général de La Piaule Centre-du-Québec, il est préoccupant que des gens n’aient pas accès à un logement adéquat à Drummondville.

«Dans une société comme la nôtre, ce n’est pas normal que des gens dorment dehors. On croit que le respect de la dignité humaine en permettant à ces gens de vivre dans des logements adéquats serait la moindre des choses. Avant l’an dernier, on n’avait pratiquement jamais vu de campement à Drummondville. Il y a peut-être déjà eu un ou deux individus qui le faisaient sporadiquement durant l’été, mais rien de plus», a indiqué M. Lacharité qui travaille à La Piaule depuis une vingtaine d’années.

Rappelons qu’un campement, comportant près de cinq tentes, est installé sur le terrain de l’ancienne usine de la Fortissimo, derrière le chantier de la maison des aînés. Selon la Ville de Drummondville, ce type de campement est très éphémère. Il est possible que d’autres se retrouvent actuellement dans des endroits plus reculés, mais la Ville ne possède pas de données à ce sujet puisque ces individus sont fréquemment en déplacement. De son côté, La Piaule a pour mission d’intervenir auprès des personnes en situation d’itinérance et d’exclusion sociale.

Malgré la présence du campement, le directeur général assure que son organisme demeure proactif. «Automatiquement pour tous les lieux de campement qui sont connus et identifiés, nos intervenants se rendent sur place pour s’assurer que nous connaissons la personne, qu’elle nous connaît et qu’elle peut avoir accès à nos services. Par la suite, la personne décide si elle veut de notre aide, dans la mesure de ce que nous pouvons faire, de façon volontaire. Ce n’est pas parce que des gens campent en ville qu’ils sont laissés à l’abandon et à eux-mêmes. Ce n’est pas vrai que personne ne fait rien», a souligné Francis Lacharité.

Celui-ci conçoit que ce genre de situation peut être dérangeant, inquiétant et même préoccupant pour certains citoyens. Au cours de la dernière année, La Piaule a accompagné 159 personnes, qui sont en situation d’itinérance, dans la recherche d’un logement. «Ce n’était pas nécessairement des gens qui ont dormi dehors. Certains ont été expulsés de leur loyer et nous les avons accompagnés vers un autre endroit», a-t-il dit tout en rappelant le très faible taux d’inoccupation et le prix élevé des loyers à Drummondville.

M. Lacharité souligne de surcroît que tous les organismes communautaires locaux travaillent de façon concertée dans ces circonstances.

«Les individus sont connus, il y a de l’aide qui leur est apportée et de façon complémentaire. Il y a un travail qui est fait pour soutenir ces personnes. Si les organismes et les travailleurs de rue n’étaient pas là, les situations que nous vivons présentement ne pourraient qu’être pire», a affirmé M. Lacharité.

Par ailleurs, la Ville de Drummondville ne reste pas les bras croisés dans ce dossier, assure la conseillère en relations publiques, Anne-Elisabeth Benjamin.

«Ce genre d’installation n’est pas toléré par la Ville. Cependant, nous savons qu’il s’agit d’une clientèle marginalisée et qui a des besoins particuliers. Nos équipes interviennent régulièrement pour rediriger les gens vers les ressources adaptées. Nous adoptons une approche d’accompagnement plutôt que de tolérance passive. Ce n’est pas possible de le tolérer de façon permanente surtout lorsque des feux sont allumés», a expliqué Mme Benjamin, en faisant référence à un feu qui a mobilisé des pompiers le 30 mai dernier.

Autant la Ville que La Piaule conçoivent qu’il n’existe pas une solution unique pour résorber la présence de personnes en situation d’itinérance. C’est pourquoi des sommes ont été investies pour l’ajout de centaines de logements abordables d’ici 2030 notamment.

«Il n’existe pas de solution unique et rapide à cette problématique qui fonctionnera avec tous les individus. Ce sont toutes des personnes différentes qui ont des besoins différents», a conclu M. Lacharité.

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