Nouvel hôpital : dans un cri du cœur, des médecins pressent le ministre de la Santé

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Par Cynthia Martel
Nouvel hôpital : dans un cri du cœur, des médecins pressent le ministre de la Santé
Dr René Roux, président du Comité pour un nouvel hôpital à Drummondville, Dr Steven Miller, Dr Benoit Gervais, et Dr Daniel Carrier. (Photo : Ghyslain Bergeron)

SANTÉ. «Avoir un hôpital neuf à Drummondville, ça presse!»

C’est en ces termes qu’une dizaine de médecins, jeunes et d’expérience, ont lancé leur cri du cœur en conférence de presse mercredi avant-midi. La situation étant toujours plus insoutenable à l’hôpital Sainte-Croix, ils pressent le ministre de la Santé, Christian Dubé, d’accélérer la cadence en inscrivant le projet du nouveau centre hospitalier au plan québécois des infrastructures 2024-2034 en plus de nommer un chargé de projet d’ici septembre prochain.

«On vit dans un cadre où toutes les décisions sont lentes. Il faut essayer de raccourcir cette lenteur-là. Attendre 20 ans pour avoir un nouvel hôpital, c’est trop long et impensable dans le contexte. Il faut faire en sorte que ça soit réalisé dans moins de 10 ans. C’est urgent!» a soutenu le Dr René Roux, président du Comité pour un nouvel hôpital à Drummondville, en ne manquant pas de rappeler que des médecins avaient déjà sonné l’alarme en 2011 dans un document exposant d’importantes lacunes.

Les membres de ce regroupement se questionnent et s’inquiètent du mutisme actuel des députés concernant l’étude d’opportunité promise lors de la campagne électorale provinciale de l’automne 2022 ainsi que sur l’absence de démarches concrètes en ce sens.

«Jusqu’à maintenant, il n’y a rien de concret. On n’est même pas à la première étape du cheminement par lequel un projet majeur d’infrastructure publique doit passer», a déploré la Dre Catherine Tétreault, médecin de famille.

Face à l’absence de décision des autorités en place, il est impensable pour les membres du Comité de rester les bras croisés, c’est pourquoi ils mettent tout en branle pour que le Gouvernement du Québec bouge dans le dossier.

Aucune place à l’expansion

Dre Catherine Tétreault et Dr René Roux. (Photo : Ghyslain Bergeron)

Lors de la rencontre de presse, le Dr Roux et ses collègues ont démontré l’urgence de la situation par des images illustrant clairement les problèmes inhérents à la vétusté de l’hôpital Sainte-Croix : prépondérance de chambres multiples, ascenseurs hors normes où le propre et le souillé se côtoient, corridors étroits, absence de salles de réunion, etc.

L’absence de décision gouvernementale laisse aussi la population en manque de lits, en suroccupation à l’urgence, en situation de promiscuité à la salle d’observation et en surnombre aux cliniques externes. Les salles d’opération sont constamment occupées à 100 %. Aux dires de Steven Miller, chef de service des chirurgiens généraux à l’hôpital Sainte-Croix, le CIUSSS de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec a été contraint de «sortir le département d’ophtalmologie pour en faire un bloc à part dans un corridor». Il s’agissait de la seule option pour être en mesure de rendre des services adéquats.

«Il est impossible de continuer à vivre dans un milieu étroit où la promiscuité des patients favorise la transmission des infections, où les rideaux sont les «remparts» de la confidentialité, où les chaises d’aisance assurent le partage d’odeurs et où plus de 50 % des chambres sont à occupation multiple», ont-ils insisté.

La structure actuelle de l’hôpital, autrement dit, l’exiguïté des lieux, empêche toute expansion.

«Notre hôpital ne permet aucune expansion ni de développement alors que les soins de santé prennent un essor exceptionnel et que la technologie ne cesse d’avancer. Priver notre population de tout ça, c’est inacceptable! La rénovation-recyclage, ce n’est plus une option. On est arrivé au maximum de ce qu’on pouvait faire», a soulevé la Dre Tétreault.

Dans cette même veine, les médecins réclament plus de dignité pour les patients.

«Nos patients sont malades, sont vulnérables, il faudrait donc leur offrir au minimum un environnement qui respecte leur dignité. Quand on regarde les corridors, les chambres, la façon dont les patients sont pris, on est loin de la dignité», s’est désolé le Dr Daniel Carrier, médecin spécialiste en médecine interne.

«Parfois, on a de la difficulté à avoir juste une table et quatre chaises pour pouvoir discuter avec la famille du patient dans un endroit serein. On est souvent obligé de le faire dans les corridors. J’aimerais que cet hôpital puisse donner des soins plus humains pour chaque citoyen», a exprimé Nancy Durand, médecin et chef du département régional de médecine générale pour le RLS Drummond.

Qui plus est, le Dr Benoit Gervais, en a profité pour rappeler le souhait d’un hôpital régional.

«Par exemple, avoir de la radiothérapie à Drummondville, ça ne serait pas un luxe, dans l’optique qu’il y a 1000 citoyens de plus par année, qu’on est situé au Centre-du-Québec et dans les axes routiers principaux.»

Appel à la mobilisation

Dr Nancy Durand, en compagnie de la relève. (Photo : Ghyslain Bergeron)

Un hôpital étant un projet de société, les membres du comité, qui ont l’appui de la majorité des médecins, des infirmières et autres professionnels de la santé, croient fermement que la mobilisation de la population peut favoriser la concrétisation du projet. En ce sens, plusieurs actions sont prévues. Depuis plusieurs semaines, deux sont en marche, à savoir une pétition électronique s’adressant à la population et une aux médecins.

«Pour la première, on vise 10 000 signataires; on en a déjà 4000. Au cours des prochaines semaines, on visitera notamment les résidences pour aînés pour solliciter leur appui, on interpellera divers organismes locaux et régionaux, les CPE et le Centre de services scolaire des Chênes pour rejoindre les familles en plus d’inviter le personnel de l’hôpital à la signer. En ce qui a trait à la pétition pour les médecins, 174 sur 190 ont déjà signé. Ça va bon train!» a précisé la Dre Tétreault.

Les pétitions seront ensuite remises aux députés André Lamontagne et Sébastien Schneeberger. Et, au moment opportun, elles seront adressées à l’Assemblée nationale.

Les médecins interpellent aussi de toute urgence la MRC de Drummond, la Ville de Drummondville, la Chambre de commerce et d’industrie de Drummond, la Société de développement économique de Drummondville et la Corporation de développement communautaire.

«On pense que la mobilisation de tout le monde est importante, car un hôpital c’est le cœur d’une ville, ça fait partie de la qualité de vie d’une population et sa santé. On est convaincu que la mobilisation de la population va être notre levier le plus puissant pour concrétiser ce projet», a conclu la Dre Tétreault, en saluant l’initiative de la Ville, soit celle d’avoir mis sur pied la Coalition pour un hôpital régional.

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