Deux citoyens ne lâchent pas le morceau et réclament la reconstruction d’un viaduc

Photo de Lise Tremblay
Par Lise Tremblay
Deux citoyens ne lâchent pas le morceau et réclament la reconstruction d’un viaduc
Jean-Luc Leclair et Sylvain Allard déplorent que le viaduc du 10 rang Wendover n’ait jamais été reconstruit. (Photo : Ghyslain Bergeron)

CIRCULATION. Depuis deux ans et sans relâche, Jean-Luc Leclair et Sylvain Allard, des citoyens de Notre-Dame-du-Bon-Conseil Paroisse, militent pour que soit reconstruit le viaduc du 10e rang de Wendover.

Ce viaduc est passé sous le pic des démolisseurs en novembre 2021. Si les citoyens ne se sont jamais opposés à cette décision en raison de son état de dégradation avancé, ils ne digèrent pas que le ministère des Transports ait refusé de le reconstruire et qu’il ait maintenu sa décision malgré une demande de révision de la municipalité, appuyée par une résolution adoptée par le conseil municipal le 14 février 2022.

C’est que selon ces citoyens très impliqués dans le domaine de l’agriculture, le ministère des Transports avait décidé dès 2013, soit plusieurs années avant la déconstruction du viaduc, qu’il n’allait pas être reconstruit après sa fin de vie utile. Une étude socio-économique du ministère portant précisément sur le 10e rang de Wendover, produite en 2018, en fait d’ailleurs mention.

«… l’éventualité d’une fermeture permanente de la structure P-13753 a déjà été approuvée en 2013. En regard des besoins réels du milieu, de la présence d’une structure à proximité (2 km de détour relié par deux voies de desserte), qui sera réparée prochainement, ainsi que des ressources limitées de l’État, la présente analyse fait ressortir que l’option de la démolition reste de loin, la plus judicieuse à avoir été sélectionnée», peut-on lire.

Or, les citoyens estiment qu’il y a eu un manque de combativité dans ce dossier.

Le viaduc a été déconstruit en novembre 2021. (Photo Ghyslain Bergeron)

«Jusqu’à tant qu’on intervienne, tous les gens s’étaient écrasés devant le Ministère en se contentant de sa décision. C’est vrai pour la Municipalité et aussi pour nos députés», indique Jean-Luc Leclair.

En février 2022, la Municipalité a donc envoyé une ultime demande au ministère des Transports pour qu’il révise l’étude socioéconomique, qui a, en quelque sorte, confirmé la décision de ne pas reconstruire le viaduc. Pour le conseil municipal, de même que pour MM Leclair et Allard, il était clair que l’étude n’était plus à jour. Entre autres, on suggérait d’emprunter la route Blake pour accéder au 10e rang. Or, ce chemin n’existe plus depuis 30 ans, étant devenu un chemin de ferme.

Leur demande n’a trouvé aucun écho au sein du Ministère si bien qu’en septembre 2022, le conseil municipal a reçu une lettre officielle de refus. Depuis, toutes les démarches ont été arrêtées.

«On ne peut pas baisser les bras comme ça! J’ai demandé au maire Stéphane Dionne d’écrire au Ministère pour lui dire que leur réponse n’avait pas d’allure, mais il a déclaré en séance publique qu’il avait décidé de mettre un couvert sur le dossier, qu’il ne voulait plus en entendre parler», déplore le citoyen, qui a finalement décidé, le 16 mars dernier, d’adresser lui-même au Ministère une lettre signée par tous les habitants du 10e rang.

À ce jour, il n’a obtenu aucune réponse, mais le maire Stéphane Dionne a émis le 11 avril dernier un «communiqué public» dans lequel il déplore les critiques des «citoyens contestataires» en rappelant que la décision de ne pas reconstruire la structure est celle du ministère et non de la municipalité.

«On ne lâche pas le morceau pour le kilométrage de plus et les pompiers. C’est plus long à intervenir. Les camions-citernes doivent aller se réapprovisionner au village. C’est 7 kilomètres de plus à l’aller et au retour. Ils n’auront pas le choix de faire appel à Saint-Cyrille pour de l’entraide», s’inquiète Sylvain Allard.

Jean-Luc Leclair, de son côté, estime que depuis que le viaduc est démoli, le service de livraison de colis est perturbé.

«On est victime d’une décision qui n’était pas la bonne. On est conscient qu’on est insistants, mais personne n’accepterait de se faire faire ça sans lever le petit doigt. Je suis convaincu que cela ne serait jamais arrivé si le maire avait habité sur le 10e rang», critique-t-il, en soulignant que c’est la deuxième fois qu’il y a une bataille pour ce viaduc. «Nos parents ont fait la guerre et réclamé un viaduc dans les années 1960.»

«On est petits dans nos bottines»

Le maire de Notre-Dame-de-Bon-Conseil Paroisse, Stéphane Dionne, estime aussi que le ministère des Transports aurait dû consentir à mettre à jour son étude socioéconomique qui a appuyé sa décision. Selon lui, ce viaduc aurait dû être reconstruit, mais il ne souhaite plus s’acharner.

(Photo : Ghyslain Bergeron)

«C’est un peu comme David contre Goliath. Quand on se présente au ministère, on est petit dans nos bottines. Ça fait plusieurs années qu’on nous répétait à tout vent que cette structure n’allait pas être reconstruite lorsqu’elle serait démolie. On a essayé de les convaincre, mais on a reçu une fin de non-recevoir. Des fonctionnaires du Ministère sont même venus vous voir à l’hôtel de ville, mais ça n’a pas fonctionné. M. Leclair aurait aimé qu’on fasse une guerre avec ça, mais la Municipalité ne voulait pas ça», a-t-il indiqué lors d’un entretien.

En rappelant que 56 personnes vivent sur le 10e rang (21 résidences), M. Dionne estime à 3 minutes 33 secondes le temps de détour occasionné par la non-reconstruction du viaduc.

«Pour les services d’urgence, l’évaluation a été faite, assure-t-il. On a d’ailleurs eu un incident cette semaine sur le 10e rang. Le camion-citerne, au lieu de passer par le village, a utilisé l’autoroute 20. Il est arrivé sur place en 9 minutes, ce qui est presque aussi rapide qu’avant.»

Au moment de prendre sa décision «finale» en 2022, le ministère des Transports avait indiqué, par l’entremise de la conseillère en communication Marie-Pierre Tremblay, que le secteur était déjà bien desservi avec le viaduc du 9e rang de Wendover ainsi que par celle de la route 255. Le faible débit de circulation journalier avait également pesé dans la balance.

Partager cet article