La démolition du viaduc du 10e rang sème la grogne (photos et vidéo)

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Par Ghyslain Bergeron
La démolition du viaduc du 10e rang sème la grogne (photos et vidéo)
Le viaduc du 10e rang de Wendover a été détruit samedi dernier à Notre-Dame-du-Bon-Conseil. (Photo : Ghyslain Bergeron)

INFRASTRUCTURE. Dimanche matin, le viaduc qui surplombait l’autoroute 20 à la hauteur du 10e rang de Wendover à Notre-Dame-du-Bon-Conseil (paroisse), a été détruit. Des dizaines de citoyens se sentent lésés, voire abandonnés par l’appareil municipal et le ministère des Transports (MTQ).

Le quotidien de plusieurs citoyens qui résident au nord de l’autoroute 20, et du village de Sainte-Brigitte-des-Saults, vient d’être chamboulé. La destruction permanente du viaduc du 10e rang de Wendover à Bon-Conseil obligera les usagers de la route à effectuer un détour de 4 km, selon Roxanne Pellerin du MTQ.

«Un détour de seulement 4 km? On a consulté plus d’une vingtaine de citoyens du rang et du secteur et, annuellement, nous sommes déjà à 37 711 kilomètres de plus en déplacements et nous n’avons même pas les chiffres de la meunerie», a lancé d’entrée de jeu Jean-Luc Leclair, qui est à la tête d’un regroupement de citoyens.

Clarisse Guilbert, Jean-Luc Leclair, Monique Benoit et Sylvain Allard ont rencontré L’Express au pied du viaduc qui a été démoli. (Photo : Ghyslain Bergeron)

La grogne a gagné le groupe en raison des affirmations du MTQ qui affirme avoir consulté la population et différents groupes.

«J’aimerais bien ça voir leur liste, car personne n’affirme avoir été consulté. La destruction permanente aurait été planifiée «selon les recommandations des ingénieurs». Ils sont arrivés à la municipalité avec leur plan et ils l’ont imposé. Ce qui est plus choquant, c’est que le conseil et le maire Stéphane Dionne semblent avoir baissé les bras rapidement. Je me demande si monsieur le maire Dionne (de NDBC paroisse) se serait battu plus que ça si ça avait été dans son rang. Mes ancêtres se sont battus dans les années 1960 pour faire respecter les devis, on va faire pareil», a fait savoir M. Leclair.

En effet, dans une réponse faisant suite à une plainte déposée le 9 novembre dernier par M. Leclair, Alain Moisan du MTQ explique qu’il «désire les informer que la décision de ne pas reconstruire ce pont à étagement a été prise à la suite d’analyses et de rencontres avec les intervenants de la communauté impactée par cette décision au cours de la phase de préparation.»

Jean-Luc Leclair, au nom des citoyens, estime que le côté humain n’a pas été pris en compte. «Ils ne semblent pas comprendre les impacts directs. Il y a des parents dans le 10e rang qui devront faire le détour soir et matin, en plus de se rendre au centre communautaire pour des cours (environ 600 déplacements par an). À coups de 4 km, ça monte vite. Imaginez l’impact sur le coût de l’essence, l’usure des pneus, les gaz à effet de serre… et c’est seulement pour une famille. Le gouvernement n’arrête pas de nous faire la morale sur le réchauffement climatique, alors ils devraient refaire leurs devoirs. Je suis certain que ça aura aussi des répercussions sur l’économie du village», a-t-il lancé.

(Photo Ghyslain Bergeron)

Le plaidoyer des résidents porte aussi sur le détour, qui entraînera des répercussions sur la sécurité en raison des déplacements fréquents de la machinerie agricole qui ne circule qu’à 30 km/h, maximum. «Faire le tour, ça va prendre une dizaine de minutes. Alors, imaginez un tracteur avec une remorque de foin, de purin, qui circule à basse vitesse. Les automobilistes s’impatientent et nous dépassent, même si la ligne est double. Financièrement, quand on loue de l’équipement à 500 $ de l’heure, ce petit détour finit par coûter cher. Et on ne parle pas du transport scolaire, la poste et les livraisons de tous genres», a tenu à préciser Sylvain Allard, cultivateur.

Les citoyens abandonnés

Jean-Luc Leclair a bien tenté d’obtenir des réponses des élus, tant au municipal que de la part du député de Drummond/Bois-Franc, Sébastien Schneeberger, mais sans avoir véritablement obtenu de réponses claires. «Nous sommes allés trois fois à la séance du conseil sans jamais avoir trop de réponses. Pourtant, ce dossier n’est pas d’hier, car on savait que ça allait être détruit, mais que ce serait reconstruit. Le maire met ses énergies sur des peccadilles au lieu de défendre ses citoyens. Quant à notre député (Schneeberger), il a retourné mon appel quand j’ai dit que j’allais parler aux médias. Il défendait la décision de son gouvernement et il ne se disait pas inquiet des impacts de la décision. On est une minorité négligeable. On ne compte pas», a rapporté l’ancien président de la Fédération de l’UPA du Centre-du-Québec.

Mince consolation pour le regroupement : afin de pallier la non-reconstruction du pont d’étagement, le Ministère améliorera deux routes pour assurer une desserte efficace pour l’ensemble des usagers de la route circulant dans ce secteur (les chemins Quatre-Saisons et des Serres). «Ben oui, comme s’ils nous faisaient une fleur. Ils sont contents qu’on aille au front pour eux. On va continuer de mettre de la pression, le ton va être plus ferme et on va retourner au conseil pour poser des questions. On veut une vraie consultation et que le viaduc soit reconstruit», a conclu avec fermeté M. Leclair, au nom du regroupement.

Le viaduc du 10e rang de Wendover a été détruit samedi dernier à Notre-Dame-du-Bon-Conseil. (Photo : Ghyslain Bergeron)

Séance extraordinaire

Lundi soir, le 22 novembre, le conseil municipal de Notre-Dame-du-Bon-Conseil paroisse tiendra une séance extraordinaire durant laquelle la démolition du pont d’étagement était à l’ordre du jour. Au moment de mettre sous presse, la résolution adoptée n’était pas connue.

«Juste avant cette séance, les membres se réuniront à huis clos pour savoir s’ils maintiennent leur position ou s’ils appuient les citoyens en les défendant auprès du ministère des Transports. De là découlera une résolution», a indiqué Valérie Aubin, directrice générale de la municipalité.

L’Express assurera un suivi de la nouvelle et publiera les nouvelles informations dans l’édition du 1er décembre.

(Avec la collaboration de Cynthia Martel)

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