Steve Veilleux voit grand

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Par Lise Tremblay
Steve Veilleux voit grand
Steve Veilleux espère attirer entre 5000 et 10 000 festivaliers lors du premier festival Trad-Cajun, qui aura lieu durant le long week-end de l’Action de grâce, en octobre prochain. (Photo : Ghyslain Bergeron)

FESTIVAL. Pas question pour Steve Veilleux de rester les bras croisés. Trois semaines avant le dévoilement de la programmation du premier festival Trad-Cajun, la voix de Kaïn a la ferme intention de laisser un solide héritage à sa ville, et ce, peu importe le risque financier encouru.

Attablé devant un Perrier au resto-bar L’Établi au centre-ville de Drummondville, Steve Veilleux affiche une confiance indiscutable. Le festival qu’il souhaite créer depuis dix ans sera un succès. Son équipe est motivée, le plan d’aménagement du parc Woodyatt, là où se tiendra l’événement en octobre, est fignolé et les restaurateurs invités sont déjà à peaufiner leurs recettes inspirées de la Nouvelle-Orléans.

«J’ai fait un voyage en Nouvelle-Orléans il y a une dizaine d’années et je ne m’en suis jamais totalement remis. Je suis tombé en amour avec la culture de la place, avec le quartier français et l’effervescence de la scène. C’est de la musique mur-à-mur, de la cuisine louisianaise alléchante et un esprit du Mardi gras perpétuel. J’ai toujours voulu ramener ce bouillon de culture chez nous», a-t-il exprimé avec enthousiasme.

À travers les années de spectacles du groupe Kaïn, les kilomètres de route effectués en tournée et les albums à promouvoir, Steve Veilleux n’avait jamais trouvé le temps de mettre sur papier son idée de festival jusqu’à ce que la pandémie secoue le Québec et mette ses artistes sur pause.

«J’ai décidé de m’y concentrer l’automne dernier. Je suis un gars de projets. Tu sais, en vieillissant, c’est sain d’en avoir de nouveaux. J’avais envie de faire converger mon côté artistique sur autre chose. Pour l’événement, j’ai envie d’amener un côté cajun autant dans les saveurs que dans la musique puis de le jumeler à un côté bien de chez nous : la musique traditionnelle, qui est celle de mon enfance. Ce sera un choc de deux cultures», a exposé l’artiste.

Le parc Woodyatt prendra donc les allures du quartier français de la Louisiane au cours du week-end de l’Action de grâce. À en croire Steve Veilleux, chaque pied carré du parc municipal sera utilisé à bon escient.

«Je ne peux pas en parler comme je voudrais [une conférence de presse est prévue le 15 juin prochain], mais il n’y aura pas d’autres festivals où, en entrant sur le site, tu vas voir des comédiens déguisés en sorciers qui vont te mettre des bracelets de carnaval aux poignets, où tu vas tomber sur le kiosque d’une diseuse de bonnes aventures, où tu vas tomber sur une scène jazz, sur un show trad et où il y aura des danseurs de swing un peu partout», a laissé tomber Steve Veilleux.

Steve Veilleux
Steve Veilleux.
(Photo Ghyslain Bergeron)

Pas moins de quatre scènes seront aménagées pour l’occasion. La musique sera omniprésente sur le site.

«Ce que j’ai aimé à la Nouvelle-Orléans, c’est qu’il a une super belle cacophonie. Tu peux aller près d’une scène où il y a autant de la musique jazz, country ou zydeco et en sortir, tout en continuant de l’entendre, pour aller vers une autre scène qui offre un autre style de musique. Il y aura une espèce de mouvement musical et il n’y aura pas d’angles morts dans le parc Woodyatt. J’ai passé les 22 dernières années à faire des festivals. Des concepts, des sites et des programmations, j’en ai vu beaucoup, mais je n’ai jamais vu quelque chose qui va ressembler à ce que je vais proposer», a assuré l’auteur-compositeur-interprète.

Questionné sur l’identité des groupes qui défileront sur les quatre scènes du premier festival Trad-Cajun de Drummondville, Steve Veilleux a souligné que les gens feront des découvertes musicales, mais que «des têtes d’affiche y seront». Les précisions seront dévoilées lors du lancement de la programmation.

«Le premier téléphone que j’ai fait était pour avoir le groupe Salebarbe qui cadre parfaitement au son que je veux avoir, mais il n’est pas disponible avant 2024, a-t-il lancé dans un éclat de rire. Mais c’est sûr que je vais l’inviter, car je vois ce festival à long terme. Je veux laisser un legs à ma ville. Je ne crois pas que je serai aux commandes durant 15 ans, mais c’est certain que je vais l’amener à son meilleur. J’y crois vraiment, d’autant plus qu’il y a tout un espace qui a été laissé par le Mondial des cultures. Je crois que les Drummondvillois sont prêts pour un tel événement», a communiqué Steve Veilleux, qui espère d’ailleurs que de l’alligator, un mets typiquement louisianais, pourra être servi sur place.

À ce propos, dans la visée de Steve Veilleux, les restaurateurs locaux seront mis de l’avant durant les trois jours de l’événement. C’est le cas notamment de William L’Heureux (L’Odika) qui offrira un menu sur mesure. Une dizaine de kiosques de nourriture et de boissons se partageront l’espace gourmand.

Un défi financier

Tout en promettant de faire plonger les gens dans une ambiance complètement éclatée, Steve Veilleux ne cache pas que la première édition d’un tel événement comporte des risques financiers.

«Vu qu’il s’agira de notre première année, on n’a accès à aucune subvention, car on n’a pas d’historique. Je dois donc passer par le privé et ce n’est pas évident, d’autant plus qu’on parle d’un gros budget. Je ne veux pas amoindrir la première impression. Je veux vraiment aller au maximum même s’il s’agit d’une première programmation. Je prends un risque financier sur mes épaules, mais je suis convaincu que l’événement en soi sera sa meilleure publicité pour les prochaines années. D’ailleurs, avant longtemps, je vois un volet international à cet événement», a informé Steve Veilleux, qui recherche toujours des partenaires financiers ainsi que des bénévoles. Ce dernier bénéficie cependant d’une subvention de 25 000 $ de la Ville de Drummondville.

Évidemment, il se croise les doigts pour que la météo soit favorable en octobre. «Ça fait des années que je fais des festivals et je crois que ça nous est arrivé seulement trois fois d’annuler un show à cause de la météo. J’essaie de ne pas m’en faire avec ça. Pour la première année du festival, j’espère être capable d’attirer entre 5 000 et 10 000 personnes», a-t-il fait savoir.

D’ici à la levée du rideau, l’artiste de 43 ans rêve que son événement plaise à toutes les générations, un peu comme la musique de Kaïn qui se veut des plus rassembleuses. «Tant au niveau des aménagements que de la musique, je veux que ce soit familial et rassembleur. Je vais m’organiser pour que chacun y trouve son compte», a-t-il terminé.

Steve Veilleux invite la population à participer au lancement de la programmation du premier festival Trad-Cajun le 15 juin prochain, dès 17h, à la brasserie urbaine L’Établi. Pour réserver sa place, il suffit d’écrire un courriel à l’adresse suivante : joelle@agenceranch.com

Artistes et entrepreneurs

Steve Veilleux n’est pas le premier artiste originaire de Drummondville à se lancer dans l’événementiel. En 2008, le groupe Les Trois Accords a mis sur pied le festival de la Poutine, lequel est connu à travers le Québec. Questionné sur ses qualités d’entrepreneur, M. Veilleux a indiqué : «Tout ça a commencé quand la Ville de Drummondville m’a confié les rênes de la Fête de la musique il y a quelques années. C’était mon idée et j’ai beaucoup appris à cette occasion. J’ai développé un intérêt pour l’entrepreneuriat. Aussi, je dois dire que ça fait quand même plusieurs années que je m’occupe de la gestion et de la gérance de Kaïn. La seule partie que je n’avais jamais faite, c’est vraiment la sollicitation», a-t-il partagé.

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