L’alimentation crue, un retour aux origines du chien

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Par Lise Tremblay
L’alimentation crue, un retour aux origines du chien
Julie Lavoie et Marie-Laurence Cournoyer du magasin Nutrition animale René-Lévesque à Drummondville. (Photo : Ghyslain Bergeron)

MAGAZINE. Depuis quelques années déjà, une nouvelle option s’est ajoutée aux propriétaires d’animaux de compagnie, qui souhaitent offrir à leurs petits protégés des plats qui se rapprochent un peu plus de leurs origines : l’alimentation crue.

À la base, l’alimentation crue vise à recréer une proie que le chien aurait attrapée s’il vivait dans la nature. Elle est composée d’environ 80 % de viande, 10 % d’os charnus et 10 % d’abats variés.

Aujourd’hui, de nombreuses compagnies arrivent avec des offres alimentaires complètes, ce qui assure aux propriétaires de chats et de chiens que ce qu’ils servent est équilibré.

«Nourrir son animal avec du cru ne signifie pas qu’il faut lui donner un steak de l’épicerie. C’est beaucoup plus complexe que ça. Il faut bien connaître les besoins nutritionnels de son animal et faire les bons choix», avisent Julie Lavoie et Marie-Laurence Cournoyer, du commerce Nutrition animale René-Lévesque, l’entreprise qui présente l’offre la plus élargie en la matière à Drummondville.

D’ailleurs, au cours des derniers mois, la propriétaire Julie Lavoie a investi plusieurs dizaines de milliers de dollars pour rafraîchir le magasin et pour acquérir huit grands congélateurs qui lui permettent de répondre à la forte demande des consommateurs, qui jonglent entre les croquettes et la nourriture congelée. On a d’ailleurs presque l’impression de se trouver dans une succursale de M&M.

«Beaucoup de gens ont adopté des chiens durant la pandémie. Et on s’aperçoit qu’ils recherchent une alimentation plus saine et naturelle. Ils posent beaucoup de questions sur la composition des produits. Les mentalités changent et les offres aussi», constate-t-elle.

Chuck savoure son repas. (Photo Ghyslain Bergeron)

Un peu plus dispendieuse que l’alimentation traditionnelle à base de croquettes, l’alimentation crue constitue, selon plusieurs intervenants, un choix tout simplement naturel pour l’animal.

«Il faut voir ça sur le long terme, estiment Mmes Lavoie et Cournoyer. On constate de nombreux bénéfices pour l’animal en ce qui a trait à la préservation de la santé avec une alimentation crue.»

Elles ont décidé d’offrir ce type d’alimentation à leur clientèle après qu’elles-mêmes aient vécu des situations difficiles avec leur chien. Elles ont fait des recherches et misé sur l’expérimentation.

«Mon chien Chuck est intolérant aux glucides. Je ne sais pas combien de fois j’ai changé son alimentation pour arriver à quelque chose de bon pour lui. Les résultats ont été très rapides dans mon cas et c’est comme ça que je me suis informée sur les besoins nutritionnels des chiens et que j’ai décidé de suivre des formations spécifiques sur le cru», exprime Marie-Laurence Cournoyer.

Pour sa part, la chienne de Julie Lavoie, Pepper, est multiallergique et elle est intolérante à la carotte, ce qui a entraîné un lot de casse-tête, ce légume étant présent dans toutes les compositions.

Congelée

Toute la nourriture crue doit être achetée congelée. Dans les congélateurs de Nutrition animale, des boîtes de viande aussi variées que le poulet, l’agneau, le lapin s’y trouvent. Il y a aussi des abats, des os, des légumes et même des gâteries, comme du yogourt glacé au beurre d’arachide naturel. On assure que rien n’a été transformé.

«Tout ce qui est offert est ce que le chien aurait chassé, s’il vivait dans la nature. Ça vient en galettes qu’il faut décongeler. Ça demande un peu plus de rigueur et de planification de la part du propriétaire, mais ça vaut le coup», est d’avis Mme Lavoie. Quelques fois par année, il faut cependant varier le choix de la protéine de façon à s’assurer que le chien ou le chat ne développent pas de carences nutritionnelles.

Mme Lavoie souligne pour sa part qu’il est intéressant pour les propriétaires de chiens d’avoir accès à une nouvelle offre alimentaire en 2021. Selon elle, les croquettes demeurent cependant un choix pratique et tout aussi nutritif. «C’est toujours intéressant d’avoir la capacité de choisir. Nous, ce qu’on veut, c’est que les animaux de nos clients soient en bonne santé, peu importe s’ils mangent du cru ou des croquettes», lance-t-elle.

Peu d’études

L’agronome Karine Simard est considérée comme une pionnière dans l’alimentation crue au Québec. (Photo Gracieuseté)

Très peu d’études ont été publiées au Québec à propos de l’alimentation crue offerte maintenant aux animaux de compagnie. L’Express Magazine a cependant déniché et contacté une agronome de Québec, Karine Simard, qui a été l’une des premières en province à militer pour l’alimentation crue. Elle agit sur une base indépendante et détient une entreprise, Pattedeau Bio. Elle s’intéresse au sujet depuis une vingtaine d’années.

«Des gens ont peut-être pensé qu’il s’agissait d’une mode un moment donné, mais il y a tellement de résultats que ça devient clair. Des gens dépensent des fortunes chez le vétérinaire alors que la solution peut être simple : offrir une alimentation basée sur les besoins de l’animal, tout simplement», informe-t-elle.

Elle ajoute : «Il faut prendre conscience que les chats et les chiens sont les seuls animaux pour qui les professionnels de la santé vont recommander une nourriture transformée par rapport à une alimentation fraîche. On ne pourrait pas imaginer une telle chose pour l’humain. Disons qu’on s’est un peu égaré. Il y a des études aussi qui démontrent que 40 % des animaux de compagnie ont au moins une condition de santé. Ce n’est pas normal. L’alimentation rentre en ligne de compte, si l’on considère notamment que la croquette contient 50 % de glucide. Dans une alimentation crue et bien balancée, on ne dépasse pas les 15 %. Quand on connaît l’impact du sucre chez l’humain et chez le chien, qui est un carnivore, c’est préoccupant.»

Pour ceux qui seraient tentés de changer le menu de leur animal et de passer à l’alimentation crue, il est cependant nécessaire de bien s’informer et de prévoir une transition en douceur.

«C’est important de faire un travail de fond. Je crois beaucoup à l’éducation en ce sens. Il faut faire les bons choix pour son chien, comprendre ses besoins et ne pas se laisser influencer par les marques», a terminé l’agronome.

ON AIME

-Des ingrédients naturels non transformés

-Nourriture appétissante pour les chiens

-Contribue au bien-être et à la santé

ON N’AIME MOINS

-Nécessite un espace dans son congélateur

-Un peu plus dispendieux

-Demande une planification (temps de décongélation)

-Nettoyage rigoureux de la gamelle

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