Moratoire sur les coupes à blanc en secteur urbain (Tribune libre)

Moratoire sur les coupes à blanc en secteur urbain (Tribune libre)
(Photo : Ghyslain Bergeron)

TRIBUNE LIBRE. Dimanche le 30 août 2020, le propriétaire des terrains situés dans le secteur du prolongement de la rue Bertrand, a procédé à la coupe à blanc d’une zone boisée qui séparait la partie de la rue du Faubourg adossée au secteur non aménagé de la rue Bertrand. Ce déboisement sauvage et sournois a débuté en catimini vers 7h30 en ce dimanche matin; un geste tout à fait inutile, insensé et gratuit.

En effet, après vérification avec le service d’urbanisme de la Ville, ces terrains font partie d’une “réserve” à développer; il n’y a pas encore de plan de lotissement arrêté pour ce secteur, encore moins d’infrastructures pour le desservir. J’en conclus donc que ces terrains voués au développement domiciliaire résidentiel, sont loin d’être prêts à être vendus, encore moins à être construits.

On ne parle pas ici de vulgaires broussailles, mais d’un boisé où poussait un bon nombre d’arbres adultes d’un diamètre respectable, faisant plus de 40 à 50 pieds de hauteur. Non seulement on ne s’est pas donné la peine de récolter le bois, mais on l’a simplement réduit en charpie à l’aide d’une puissante machine déchiqueteuse. Cette opération très dangereuse si près des maisons a fait en sorte que nos cours arrières ont reçu quantité de bouts de branche et débris de toutes sortes. Une roche de la grosseur d’un poing a même été projetée sur ma maison, heureusement, sans blesser personne ni faire de dommage au revêtement.

Sans être moi-même un partisan de la protection de l’environnement à tout prix ni à n’importe quel prix, je suis par contre farouchement opposé à la destruction inutile et prématurée d’habitats qui non seulement ne nuisent à personne, mais servent de zone tampon entre deux secteurs disparates de notre quartier. Je suis d’avis que le développement domiciliaire ajoute beaucoup de valeur et de dynamisme à une ville et les développeurs y contribuent largement. J’anticipais donc que tôt ou tard, ce boisé allait faire place à des résidences. Cependant, quelle était donc l’urgence d’agir si prématurément ? Cette zone verte nous isolait du bruit et de la poussière des camions et de la machinerie lourde qui y circule. Visuellement, mes voisins et moi profitions aussi d’un bel écran de verdure compatible avec le secteur bien entretenu de la rue du Faubourg où les gens sont fiers de leur environnement et en prennent bien soin.

Je comprends mieux maintenant la raison possible de ce saccage car la Ville de Drummondville va bientôt mettre en place un Plan de protection de l’arbre sur son territoire. Ce plan, très complet, bien structuré et bien documenté vise notamment à assurer un développement domiciliaire harmonieux et respectueux des arbres dans les secteurs boisés. Dans l’axe d’intervention 3 visant à conserver et protéger les aires boisées, on y trouve ceci:

Action 18 : Pour tout nouveau quartier ou toute ouverture de rue en secteur boisé, exiger la production d’un rapport d’ingénieur forestier dans le but de déterminer et de protéger les peuplements forestiers d’intérêt.

Certains développeurs seront donc tentés de soustraire leurs banques de terrains à la nouvelle réglementation au plus vite, en effectuant des coupes à blanc sauvages et intempestives. Il est donc impératif que la Ville impose immédiatement un moratoire sur les coupes à blanc en secteur non encore développé. Tout promoteur qui contreviendrait à ce moratoire devrait être passible d’une amende salée; on devrait aussi l’obliger à reboiser les aires détruites à ses frais. Ce n’est pas une amende ridicule de 500$ qui empêchera cette destruction inutile.

En ce qui concerne mes voisins et moi, c’est déjà trop tard. Il faut donc éviter que ceci se répète ailleurs. Nous devons donc dire adieu au chant printanier des grenouilles, à celui de la multitude d’oiseaux qui y nichaient et fréquentaient nos mangeoires. Adieu aussi aux papillons et insectes qui butinaient les fleurs sauvages. Qu’en reste-t-il maintenant? Un paysage nu, un champ désert, sans végétation où le vent ne manquera pas d’y soulever des nuages de poussière.

Où était donc l’urgence de détruire et anéantir cet habitat naturel qui nous fut si précieux, si riche en vie animale et dont nous aurions pu profiter encore durant quelques (plusieurs) années? La réponse m’apparaît maintenant assez évidente.

Jean Du Berger
2085 rue du Faubourg, Drummondville (QC)


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