L’entrepreneuriat dans le sang

L’entrepreneuriat dans le sang
Yannick Letendre et Kevin Poirier, copropriétaires de Kombu. Leur objectif est de démocratiser le kombucha, pour que le produit plaise à davantage de gens. (Photo : Ghyslain Bergeron)

MAGAZINE. Ce n’est pas tant le kombucha qui passionne Yannick Letendre. Même que la première fois qu’il a goûté à cette boisson vinaigrée et pétillante, il a détesté. Ça ne l’aura pas empêché de fonder, avec son partenaire d’affaires Kevin Poirier, l’entreprise Kombu, basée à Drummondville.

«Mon ex-copine faisait son propre kombucha. J’ai goûté et je n’ai vraiment pas aimé ça. Comme c’est une boisson qui a des bienfaits pour la santé, je me suis dit : “Ce serait le «fun» si ça pouvait aussi être bon au goût”», raconte Yannick Letendre, qui n’aimait pas le côté vinaigré et acidulé du breuvage.

Il était tout de même curieux et il a commencé à tester des recettes qui sortaient de son imagination. Puis, en 2017, il s’est mis à vendre le kombucha qu’il fabriquait dans sa cuisine au pub la Sainte-Paix, situé au cœur du centre-ville. «Ça peut servir de base pour créer un cocktail. On est passé d’un baril par mois à deux ou trois par semaine. Ça devenait trop pour ma petite cuisine et le temps libre que j’avais», se rappelle-t-il.

C’est par un heureux hasard que les entrepreneurs ont trouvé le local parfait dans l’incubateur industriel de la Société de développement économique de Drummondville. Ils ont également remporté le concours Élan CAE Drummond qui leur a donné un sacré coup de main. En janvier 2018, l’entreprise menée par Yannick Letendre et Kevin Poirier prenait son envol. En un an, les ventes ont bondi de 98 %.

L’usine est située dans l’incubateur industriel de Drummondville. Photo Ghyslain Bergeron

En quoi son kombucha est-il différent des marques populaires? «Le kombucha tel qu’on le connait, ça rejoint une minorité de gens souvent associés aux compagnies granos et bios. On axe notre recette en fonction de la saveur et moins en fonction de la fermentation. On y ajoute aussi de nombreux vrais fruits. Notre objectif est de démocratiser le goût», explique-t-il.

En affaires par passion

Non, ce n’est pas tant le kombucha qui passionne Yannick Letendre et Kevin Poirier… c’est plutôt l’entrepreneuriat.

Avant Kombu, les entrepreneurs possédaient déjà le pub la Sainte-Paix. «On a acquis une certaine crédibilité. On n’avait même pas monté de plan d’affaires que déjà, on nous proposait du financement (pour Kombu)», se souvient Yannick Letendre.

«Notre première entreprise nous a appris à mieux nous préparer pour la deuxième», ajoute son partenaire.

Questionnés à savoir quel a été le plus gros défi qu’ils ont eu à surmonter, les entrepreneurs ont partagé un regard complice et ont déclaré : «On a eu une très mauvaise expérience avec un partenaire au début de la Sainte-Paix. On venait d’accueillir un troisième actionnaire qui devait mettre 100 000 $. La veille de l’ouverture du pub, il nous a fait une clause «shotgun». En gros, on a été obligé de racheter les parts de ce troisième actionnaire et en plus, il nous manquait 100 000 $ pour se procurer l’alcool pour le bar. On n’a pas pu ouvrir le pub cet été-là», exposent ceux qui détiennent une technique en génie industriel.

Yannick Letendre et Kevin Poirier gèrent deux entreprises ensemble : Kombu et le pub la Sainte-Paix. Photo Ghyslain Bergeron

«C’était notre première entreprise. On venait de signer un bail d’environ 5000 $ par mois au centre-ville. On devait de l’argent aux entrepreneurs pour les rénovations. Je me souviens encore du moment où on était assis dans les marches, sur la terrasse, et on se demandait quoi faire. Après 15 minutes, on s’est dit : “Chaque fois qu’on a été dans le trouble, on en a parlé et on a trouvé des solutions”. Une semaine plus tard, on rencontrait des actionnaires. On a pu ouvrir le pub, avec trois ou quatre mois de retard», poursuit Yannick Letendre.

«On s’est rendu compte que dans la vie, il n’y a pas vraiment de problème, juste des solutions. Peu importe la grosseur d’une embûche, une solution existe», insiste Kevin Poirier.

Les amis de longue date sont toujours demeurés solidaires l’un envers l’autre.

Lorsqu’on leur demande où ils se voient dans cinq ans, leur réponse est vague, mais inspirante: «Il y a un an et demi, on ne savait pas qu’on allait lancer une entreprise de kombucha. C’est difficile de prédire ce qu’on va avoir envie de faire dans quelques années. On se lève le matin et on y va avec notre «feeling». C’est bien moins stressant. Mais, ce qui nous motive, c’est surtout le processus derrière la création d’une entreprise».

(Note de la rédaction : cet article a été réalisé avant la crise de la COVID-19.)

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