Rien n’est à l’épreuve d’Anne Joyal

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Par Emmanuelle LeBlond
Rien n’est à l’épreuve d’Anne Joyal
La Drummondvilloise Anne Joyal s’est lancée en affaires à l’âge de 23 ans. (Photo : Ghyslain Bergeron)

MAGAZINE. Rien n’est à l’épreuve de la Drummondvilloise Anne Joyal. À l’âge de 23 ans, elle a décidé d’accomplir son plus grand rêve, celui de se lancer en affaires. Onze ans plus tard, le Strom spa nordique connaît un succès fracassant avec ses quatre installations et ses 600 employés. Portrait d’une femme ambitieuse qui ne recule devant aucun défi.

«Être entrepreneur, c’est surmonter les difficultés et croire en ses moyens. Il faut aussi que tu saisisses les opportunités. Si tu en vois, sûrement plein d’autres les ont déjà vues, mais qu’est-ce qui fait que c’est toi qui vas les exploiter? C’est ta persévérance, tes contacts, ton ingéniosité et ta créativité», explique Anne Joyal, avec aplomb.

Le sens des affaires coule dans les veines de la Drummondvilloise, et ce, depuis sa tendre enfance. «J’ai toujours eu beaucoup de leadership et d’initiative. Quand j’étais toute petite, je vendais des cartes en fleurs séchées en porte à porte. En secondaire un, j’avais une compagnie de biscuits. Après ça, je vendais des bracelets, des colliers et des boucles d’oreilles», énumère-t-elle.

Un long processus de réflexion a été nécessaire afin d’arriver à cette réalisation du projet. (Photo Ghyslain Bergeron)

Sa famille l’a toujours encouragé dans ses projets. «On est tous des entrepreneurs à notre façon et quand même sucessfull. Je suis la plus jeune de cinq enfants et on suit tous un peu les traces de notre père, qui est architecte à Drummondville. Les enfants et la famille, la business et le travail, ce sont les valeurs que nos parents nous ont inculquées», souligne-t-elle.

Passionnée par les ressources humaines, les mathématiques et l’entrepreneuriat, la jeune femme s’est donc envolée du nid familial pour atterrir dans la métropole, au HEC de Montréal. Pendant son parcours universitaire, Anne Joyal est tombée en amour avec le domaine du marketing. «Je me suis mise à vraiment aimer l’école. J’ai découvert la bibliothèque. J’avais des notes de débiles! Quand tu es à ta place et que tu es dans ce que tu aimes, tu t’investis plus et tu as du succès plus facilement», témoigne-t-elle.

Le contexte était propice aux rencontres. «J’avais invité Serge Beauchemin – une personnalité connue au Québec – pour une conférence à un événement. Il avait raconté son histoire d’entrepreneur. C’est le genre de conférencier que tu écoutes et qui te donne envie de défoncer les murs et d’accomplir tes rêves. Il est vraiment un bon communicateur et il parle avec son coeur», constate-t-elle.

Durant l’été entre sa deuxième et troisième année de baccalauréat, Anne Joyal a effectué un stage au sein d’une firme de consultation en marketing. Dès qu’elle avait l’occasion, l’étudiante effectuait ses travaux sur des mandats reliés à l’industrie récréotouristique des spas. «Je le faisais parce que j’adorais ça et c’était une business que je me voyais bien avoir plus tard», confie-t-elle.

À la fin de ses études, Anne Joyal s’est précipitée sur le marché du travail. «Je n’ai même pas eu le temps d’avoir une pause. J’ai commencé à temps plein comme analyste marketing. Je travaillais avec les tops du top», ajoute-t-elle.

La jeune femme adorait son emploi, mais quelque chose de plus grand l’appelait. Anne Joyal avait le goût de l’aventure. Son rêve? Se lancer à pieds joints dans l’entrepreneuriat en ouvrant un spa à son image.

Poussée par une détermination sans limites, l’ambitieuse Drummondvilloise a quitté son emploi de bureau afin de se consacrer corps et âme dans son nouveau projet.

Portée par l’ambition

Anne Joyal savait exactement quelle direction emprunter avec son entreprise. «Notre concept, c’est un spa nordique en nature. Dans le fond ça existait déjà en région, mais l’aspect innovateur, c’est d’amener ce concept-là au cœur du milieu urbain, tout en gardant le cachet naturel», soutient celle qui a débuté cette aventure avec son ex-mari, Guillaume Lemoine.

Anne Joyal. (Photo Ghyslain Bergeron)

Un long processus de réflexion a été nécessaire afin d’arriver à cette réalisation du projet. «Toutes les fins de semaine, on faisait du plein air et on allait voir un spa nordique. On les a tous faits, plusieurs fois. Je faisais toujours des petits rapports sur les points positifs et ceux à améliorer. J’étais très méthodique, rigoureuse et analytique dans cette recherche», raconte-t-elle.

Le couple a eu un coup de cœur pour un terrain à L’Île-des-Sœurs, un site enchanteur situé en bordure du lac des Battures. En vue de la réalisation du projet, Anne Joyal a eu la brillante idée de contacter Serge Beauchemin. L’homme d’affaires devint rapidement son mentor, pour finalement acheter des actions dans l’entreprise.

Plusieurs efforts ont été déployés pour l’ouverture du premier spa. «Ça a pris environ un an pour financer le projet et un an pour le construire, précise la cofondatrice. Le site était contaminé. C’est sûr que ça a été un défi de réhabiliter le site. Ça a ajouté au moins 25% au coût de construction.» C’est officiellement en 2009 que le ruban a été coupé.

La suite des événements s’est déroulée en un temps éclair. Saint-Hilaire, Sherbrooke, Québec : rien n’arrêtait le duo qui enchaînait les ouvertures. Avec l’arrivée de trois enfants, la femme d’affaires essayait tant bien que mal de concilier sa vie personnelle à sa vie professionnelle.

Le tourbillon s’est arrêté brusquement. Contre toute attente, le couple a dû emprunter des chemins différents à la suite d’un divorce.

Se reconstruire pour rebondir

La séparation a obligé Anne Joyal à prendre du recul. La femme d’affaires a fait le choix de se dissocier de la gestion des opérations, tout en conservant son rôle d’actionnaire.

Photo Ghyslain Bergeron

«J’ai décidé de retourner à l’école pour faire un MBA exécutif au HEC McGill, souligne-t-elle. Je me suis dit que j’allais prendre cette période-là pour réfléchir concernant la suite. J’ai obtenu un contrat de licence pour utiliser la marque Strom pour me partir autre chose.»

Cette année, la femme d’affaires est bel et bien de retour sur ses pattes. De nouveaux défis sont dans sa ligne de mire. «Je pars une nouvelle division, mais à mon compte. Ça fait onze ans que je m’investis massivement au Strom spa. Je me suis dit qu’il y avait une opportunité pour utiliser la brand et faire un concept

express, plus petit. Au lieu de 20 millions de dollars, moi c’est un projet de 4,5 millions», appuie-t-elle.

Le Strom Express proposera un circuit thermal et de massages, et ce, à même le sous-sol de la maison patrimoniale William Dow. Construite en 1860, cette imposante bâtisse montréalaise a longtemps représenté l’élite masculine, notamment dans le domaine de la finance et de la politique. L’entrepreneure est emballée de faire avancer l’histoire, à sa façon.

(Photo Ghyslain Bergeron)

«Je crois beaucoup en la solidarité féminine. Cette maison-là, à la base, c’est un lieu d’hommes. Les femmes n’avaient pas le droit de passer par l’entrée principale. Il y avait une porte pour elles sur le côté. Moi, j’arrive avec mon projet qui est fait par une entrepreneure et qui vise la clientèle féminine. Je trouve que c’est une petite revanche, sans méchanceté», raconte-t-elle, avec un sourire en coin.

Anne Joyal entrevoit la suite avec optimisme. Après l’ouverture de son spa à Montréal, elle souhaite s’attaquer à d’autres métropoles comme Toronto, New York, Paris et même Londres. Cette femme d’exception aime bien rêver parce qu’elle sait qu’un jour ou l’autre, ses aspirations vont se réaliser.

(Note de la rédaction : cet article a été rédigé avant la crise du coronavirus.)

 

 

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