Le rôle crucial du pharmacien en centre hospitalier au temps de la COVID-19

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Par Cynthia Martel
Le rôle crucial du pharmacien en centre hospitalier au temps de la COVID-19
Émilie Dufort-Rouleau est pharmacienne d’établissement spécialisée dans les soins palliatifs à l’Hôpital Sainte-Croix. (Photo : Gracieuseté)

CORONAVIRUS. Ils sont les experts en médicaments. Leur rôle est essentiel et il l’est davantage dans le contexte de la pandémie. Depuis le début de la crise, les pharmaciens en centre hospitalier ont dû modifier leurs pratiques en élaborant de nouveaux protocoles d’ordonnance tout en s’assurant d’une bonne gestion des stocks de médicaments.

Émilie Dufort-Rouleau est pharmacienne d’établissement à l’Hôpital Sainte-Croix depuis un an. Elle est spécialisée dans les soins palliatifs. Si elle n’a pas eu à traiter de patients infectés à la COVID-19 jusqu’à ce jour, elle a dû, en collaboration avec ses pairs, revoir certains procédés pour la sécurité et la santé de tous.

«Comme pharmacien, on a continué à exercer notre rôle de base. Mais en plus de ça, il a fallu développer des protocoles pour les ordonnances, et ce, en cohésion avec tous les collègues du CIUSSS de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec. Depuis le début de la crise, on se parle beaucoup et on utilise notre expérience pour améliorer nos pratiques. On se base aussi sur la littérature et regarde ce qui se fait ailleurs dans le monde et en province. Je fais d’ailleurs partie d’un groupe d’experts en soins palliatifs du Québec», indique-t-elle.

Tout ce côté réorganisation de travail et modification de pratiques a représenté un défi pour la pharmacienne et ses collègues (pharmaciens, assistants techniques, médecins et infirmières), mais à ses dires, ils ont réussi à le relever.

«Plusieurs comités ont été mis sur pied. Je me sens soutenue et je sens que j’ai les bons outils pour pouvoir faire mon travail et aider les patients adéquatement», affirme-t-elle.

Parmi les nouveaux protocoles, il y a celui en lien avec les perfusions continues.

«Généralement, en soins palliatifs, ce qu’on voit beaucoup c’est ce qu’on a appelle les injections intermittentes, c’est-à-dire qu’à chaque quatre heures, une dose de morphine ou d’un autre médicament est administrée pour soulager l’inconfort du patient. Dans ce contexte-ci, on essaie de limiter au maximum les contacts physiques pour limiter la propagation, donc on a opté pour les perfusions continues», explique la jeune pharmacienne, spécifiant que le confort du patient est primordial.

L’administration bucco-gingivale est également privilégiée pour les patients qui n’ont pas contracté la COVID-19.

«Cela implique d’insérer un comprimé un peu liquide entre la gencive et la joue. Cette façon de faire nous permet de garder nos stocks injectables pour la population COVID», précise-t-elle.

En parlant des stocks, même si la pénurie de médicaments guette les hôpitaux, Mme Dufort-Rouleau n’est pas inquiète pour le moment.

«La gestion des stocks se fait au niveau provincial, mais en tant que pharmacien, on a été appelé à réfléchir à certaines alternatives. (…) La situation a été prise au sérieux dès le départ : on s’est préparé et on a fait la gestion de nos stocks rigoureusement, donc actuellement, tout va bien», souligne-t-elle, en ajoutant qu’il est dans la nature des pharmaciens – comme tous les autres professionnels de la santé – de s’adapter.

Son rôle est également de répondre aux nombreuses questions des médecins en lien avec le traitement de la COVID-19.

«J’ai parlé beaucoup des méthodes d’administration avec eux, un des gros enjeux. La gestion de nos stocks a fait partie de nos discussions également», fait-elle savoir.

Afin de limiter le plus possible les contacts entre les pharmaciens et les assistants techniques qui doivent intervenir sur les différents étages de l’hôpital, une restructuration au sein du département a été réalisée.

«On a formé différentes équipes par département et/ou étage. De cette façon, on ne se croise pas au jour le jour et on diminue le risque de contamination».

S’il est encore trop tôt pour s’avancer sur les pratiques qui demeureront après la crise, Mme Rouleau-Dufort croit avec certitude qu’il y aura des changements.

«Il y aura probablement des procédés qui ressortent en ce moment et qui vont rester. Dans le contexte, le rôle du pharmacien est extrêmement important en établissement. On se rend compte qu’on a été rapidement capable de déployer des efforts. C’est vraiment rassurant de voir à quel point on a été capable de développer de nouveaux protocoles», estime-t-elle, fièrement.

Quelques mots sur Émilie Dufort-Rouleau

Émilie Dufort-Rouleau est pharmacienne d’établissement depuis dix ans. Elle a œuvré auparavant au sein du centre hospitalier universitaire de Sherbrooke, plus précisément pour les soins palliatifs. Après un peu plus de huit ans, elle a accepté de relever le défi à Drummondville.

«Quand je suis arrivée, il n’y avait pas de pharmacien spécialisé dans le domaine des soins palliatifs. J’ai eu le beau défi de développer ce poste. Actuellement, je suis encore la seule à l’hôpital dans ce domaine de spécialisation», raconte-t-elle.

Quels changements ont été observés depuis son arrivée en poste?

«Les pharmaciens aidaient lorsqu’il y avait des besoins, mais, maintenant, on va vraiment évaluer encore plus les patients au niveau du confort. On améliore davantage la qualité de vie et même, parfois, on peut retourner certains patients à la maison pour vivre des moments dans le confort de leur foyer, tout en ayant une belle qualité de vie. De plus, depuis mon arrivée, je participe à plusieurs comités et j’ai élaboré divers outils cliniques avec les médecins», énumère celle qui travaille aussi à la clinique cardio-respiratoire.

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