La bonne fée des enfants de la DPJ

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Par Marilyne Demers
La bonne fée des enfants de la DPJ
Suzie Roy a fondé les Paniers de Noël de Suzie en 2007. (Photo : Gracieuseté)

MAGAZINE. «Elle n’était pas capable de nous parler. Elle pleurait. Elle nous prenait dans ses bras. Elle n’avait même pas été capable de dire merci. C’était complètement bloqué.»

Suzie Roy, l’instigatrice des Paniers de Noël de Suzie, se souvient de ce moment où elle a rencontré cette jeune mère et ses quatre enfants. C’était une semaine avant Noël. Le frigo était vide. Avec des bénévoles, elle a remis des sacs d’épicerie à ces ventres affamés.

«C’était clair qu’elle était dans un grand besoin financier. Elle pensait recevoir deux sacs d’épicerie comme dans les banques alimentaires. À la place, on est arrivé chez elle avec 15 gros sacs et des cadeaux pour les enfants. Elle ne s’attendait pas à ça. Elle n’avait pas été habituée à ça dans sa vie», se souvient la directrice générale de la Fondation du Centre jeunesse de la Montérégie.

La maman et ses quatre petits étaient connus des intervenants sociaux. Ils recevaient des services de la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ). Comme la vie ne fait pas toujours de cadeaux, Suzie Roy a décidé, il y a 13 ans déjà, de mettre un baume sur le cœur de ces familles qui connaissent des difficultés.

«Ce sont des enfants qui sont dans leur milieu familial, mais qui vivent une situation économique très précaire, très fragile. Il y a des parents qui sont bien aimants, mais financièrement ils ne sont pas capables de rejoindre les deux bouts», soutient l’instigatrice du projet, ajoutant qu’aucune famille d’accueil ne reçoit de paniers.

«Il arrive souvent que ce soit de jeunes mamans de 17-18 ans qui sont en appartement et qui en arrachent beaucoup. Parfois, elles sont encore suivies elles-mêmes par la DPJ et leur bébé à naître est déjà prévu dans les services. Il n’est pas encore né et déjà, il va avoir besoin parce que la maman ne sera peut-être pas capable de répondre à ses besoins fondamentaux», poursuit-elle.

Lors de la première édition, Suzie Roy est venue en aide à cinq familles. Cette année, la fée marraine et ses anges offriront du réconfort à 500 familles de Drummondville, Montréal, Pincourt, Saint-Hubert et Granby.

Seulement à Drummondville, ce sont 80 paniers qui seront distribués dans des foyers référés par des intervenants du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec. Ils bénéficieront à 200 enfants et adolescents de la DPJ.

«Cette année, à Drummondville, il y a beaucoup de bébés à naître et de familles nombreuses dont les enfants sont âgés de moins de 5 ans», remarque Mme Roy.

N’oublie pas mon petit soulier 
On dit que les goûts ne se discutent pas. Chaque panier de Noël est unique. «L’an passé, on est allé chez une famille où la jeune fille était tout excitée parce qu’on lui avait acheté sa boîte de céréales préférée. Elle l’a pris dans ses bras et la tenait très fort. Ce sont de petites choses, mais on voit tout le bonheur que ça apporte aux enfants. C’est pour eux qu’on le fait», témoigne Chantale St-Arnaud, organisatrice des Paniers de Noël de Suzie à Drummondville.

Des dizaines de bénévoles sont attendus chez Maxi le 14 décembre pour préparer et distribuer des paniers de Noël à des familles dans le besoin.

Si les parents effectuent une liste d’épicerie, les enfants remettent quant à eux une liste de cadeaux au Père Noël. Grâce à de généreux donateurs, les présents demandés sont achetés, emballés, puis gardés précieusement jusqu’à ce que les paniers soient livrés.

«Les intervenants sociaux nous disent que c’est plus facile pour l’insertion sociale de ces enfants quand ils reviennent à l’école après les Fêtes. Eux aussi peuvent parler et montrer les cadeaux qu’ils ont reçus. Ils ne se sentent pas étiquetés comme des enfants pauvres», fait valoir Suzie Roy.

Cette année, le jour J tombe le 14 décembre. Le matin, les bénévoles ont rendez-vous chez Maxi. Liste d’épicerie en main, ils sillonnent les rangées à la recherche des aliments inscrits par la famille à laquelle ils ont été jumelés, sans oublier les cadeaux. «Le magasin n’est pas fermé, mais adapté. On voit les gens se promener dans l’épicerie, c’est très beau à voir», s’enthousiasme Mme Roy.

C’est lorsque les bénévoles effectuent la livraison des paniers de Noël chez les familles que la magie opère. «C’est une journée qui est remplie d’émotions mélangées. On est heureux et fier d’aider des enfants dans le besoin, mais en même temps, on est triste que cette injustice sociale existe. Cependant, on ne fait pas juste regarder le train passer, on embarque dedans», conclut Suzie Roy.

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