Luc LeClerc et Sylvie Savoie… des passionnés jusqu’au bout des doigts

Jean-Claude Bonneau
Luc LeClerc et Sylvie Savoie… des passionnés jusqu’au bout des doigts
Depuis plus de vingt-cinq ans, les artistes Luc LeClerc et Sylvie Savoie partagent leurs talents pour créer des œuvres d’art uniques. (Photo : Ghyslain Bergeron)

CULTURE. La passion, c’est un goût très vif qui domine la raison mais c’est aussi un penchant irrésistible pour une personne. Cette passion, les artistes drummondvillois Luc LeClerc et Sylvie Savoie la partagent tous les jours de la semaine depuis plus de 25 ans, tant à titre d’artistes que de partenaires de vie.

Aujourd’hui, ces deux amoureux de la nature dirigent avec beaucoup de doigté leur entreprise, Nature2Art, qui est située au domaine de La Seigneurie, non loin de la rivière Saint-François, dans la petite municipalité de Saint-Lucien. À l’abri du regard et du bavard, comme ils le disent si bien eux-mêmes, ils ont bâti leur maison et leurs ateliers sur un site enchanteur, tout près d’un petit lac. «Comme endroit paisible et comme source d’inspiration, on ne peut trouver mieux» clament-ils d’une seule voix.

La réputation de Luc LeClerc comme peintre naturaliste n’est plus à faire, tout comme celle de sa compagne de vie, Sylvie Savoie, comme artiste verrier. Aujourd’hui, on retrouve des LeClerc un peu partout au Canada et même ailleurs dans le monde alors qu’on peut admirer des vitraux signés Savie non seulement au Québec mais aussi en Ontario.

Une grande complicité

En visitant les locaux de Nature2Art, on se rend vite compte qu’il y a une très grande complicité entre ces deux artistes qui va bien au-delà du statut matrimonial.

«En plus d’être conjoints, il faut considérer que nous sommes aussi des partenaires d’affaires. Tout en s’aidant mutuellement, nous sommes très critiques l’un envers l’autre, toujours dans un grand respect et dans un souci de produire des pièces inédites. Nous n’hésitons pas à mettre nos forces au profit de l’autre. «C’est notre façon de faire et ça fonctionne très bien», laisse entendre ce duo d’artistes chevronnés.

Pour créer des pièces uniques, chaque artiste a besoin de se retrouver dans sa «bulle», dans un environnement qu’il connaît sur le bout de ses doigts. C’est donc pour cette raison qu’à l’intérieur de cette grande maison de la rue de La Seigneurie, Luc LeClerc et Sylvie Savoie se sont chacun aménagé un atelier bien à eux, question de se donner un peu d’air entre créateurs.

La réputation de Luc LeClerc, comme peintre naturaliste, n’est plus à faire. Aujourd’hui, on retrouve des LeClerc un peu partout au Canada et même ailleurs dans le monde. (Photo Ghyslain Bergeron)

«Toutefois, il arrive fréquemment qu’on se retrouve dans l’atelier voisin, avides et curieux, pour voir et commenter ce que l’autre est en train de réaliser. Forts de l’appréciation d’un oeil neuf, nous mettons ainsi à profit, de façon spontanée et toute naturelle, nos forces communes», soutiennent ces deux complices.

Un artiste multidisciplinaire

En reproduisant sur toile ses impressions de nature qui l’inspire autant qu’elle le fascine, Luc LeClerc a su se tailler une place enviable dans un champ d’activités qui n’est pas toujours évident.

C’est en 1987 que LeClerc a vraiment eu le coup de foudre pour la peinture.

«Déjà passionné d’ornithologie et d’excursions en nature, je découvre alors le premier livre d’art de Robert Bateman, peintre animalier mondialement reconnu, né à Toronto. Bateman a publié une dizaine de livres consacrés uniquement à ses peintures. J’étais tellement inspiré que j’ai plongé tête baissée dans cette même direction», précise celui qui avait en main un baccalauréat en Design graphique avec mineure en Arts plastiques de l’Université du Québec à Montréal. À l’époque, il travaillait cependant comme graphiste-concepteur et directeur artistique de la revue Les Maisons du Québec.

«En 1987, j’ai fait quatre tableaux, tout en continuant de travailler comme concepteur-graphiste en parallèle. Puis en 1992, j’ai décidé de faire le grand saut pour me consacrer uniquement à mon art. Cette année-là, je tiens ma première exposition solo», précise celui qui ajoute que l’inspiration est toujours à portée de ses pinceaux.

Ses premières toiles ont tellement retenu l’attention par leur véracité et leur originalité que notre interlocuteur s’est lancé corps et âme dans cette passion naturaliste. Chaque année, il complète en moyenne une trentaine de tableaux.

Que ce soit à l’huile ou à l’acrylique, Luc LeClerc ne se compare à aucun autre peintre naturaliste. «J’essaie toujours d’être original dans ce que je fais; c’est d’ailleurs ma marque de commerce. J’ai cette grande capacité de trouver des concepts différents et je ne vois pas l’intérêt artistique de la formule répétitive. À mon sens, l’idée de créer quelque chose d’inédit est toujours omniprésente; il suffit tout simplement de la saisir au moment où elle passe, sur le bord d’un lac, en pleine forêt, en écoutant un oiseau siffloter ou en regardant au loin une maman ours s’amuser avec ses deux petits. Et quand cela se présente, j’ai toujours ma caméra en main pour me rappeler ces précieux moments.»

Reconnue par ses pairs et par le Conseil des métiers d’art du Québec (CMAQ), Sylvie Savoie crée une cinquantaine d’œuvres par année, toutes des pièces originales uniques. (Photo courtoisie Luc LeClerc)

Tout comme Robert Bateman (qui lui a probablement servi de modèle), LeClerc a aujourd’hui trois livres d’art à son actif, sous les titres «Naturellement Vôtre», «Sur les sentiers de la Nature» et «Je Nature donc je suis». Tous les textes et les tableaux reproduits dans ces livres sont de son cru et rendent bien sa passion pour la faune, la flore, la nature en général.

Et depuis quelques années, Luc LeClerc a ajouté d’autres cordes à son arc… ou à ses pinceaux.

En plus de se retrouver régulièrement en face de son chevalet, ce Drummondvillois pure laine s’est découvert, au fil des ans, des talents en écriture et en musique.

Comme auteur-compositeur-interprète, il avoue que la musique se veut une passion qui l’enthousiasme. Ayant déjà deux albums CD à son actif, il travaille présentement à l’écriture d’une douzaine de chansons, question de produire sous peu un troisième album. Dans un style populaire, l’auteur flirte avec le rock, le folk et même le space. Ses chansons à texte font écho à la nature et à l’environnement mais aussi à la nature des gens, avec des arrangements soutenus et des mélodies accrocheuses qui nous transportent ailleurs ou qui nous ramènent à nos racines.

Une artiste épanouie

Quant à Sylvie Savoie, on peut certes dire qu’elle est devenue au fil des ans une artiste très épanouie.

Femme d’affaires reconnue, celle qui avait une formation de technicienne en cartographie a décidé, il y a une quinzaine d’années, de vendre son entreprise, Équipement Dessin Technique, pour se lancer dans la grande aventure.

«L’art m’a toujours intéressée. D’ailleurs, très jeune, j’ai suivi des cours de dessin car j’ai toujours eu la fibre créatrice. C’était comme une seconde nature chez moi. Puis, un jour, Luc a créé une œuvre pour l’entreprise Cascades incorporant du verre; cette œuvre a provoqué tout un déclic en moi. À ce moment-là, le verre m’a complètement happée et j’ai décidé de suivre des formations, dont ma première avec Suzanne Ricard, une artiste verrier reconnue de notre région. Et depuis quinze ans, je vis de mon art, de ma passion. Il faut parfois prendre les bouchées doubles en raison des nombreuses étapes que comporte cette technique mais c’est toujours avec un grand plaisir que je le fais», laisse entendre celle qui se décrit comme une artiste verrier très polyvalente.

Aujourd’hui, le verre (ou le vitrail si vous préférez) n’a plus de secret pour Sylvie Savoie. Reconnue par ses pairs et par le Conseil des métiers d’art du Québec (CMAQ), cette Drummondvilloise crée des pièces originales uniques. Séduite par le verre en tant que matériau d’expression privilégié, elle exploite différentes techniques, comme la méthode traditionnelle à la baguette, une technique architecturale utilisée pour les vitraux de grandes surfaces, ou la méthode Tiffany qui, avec l’ajout d’un ruban de cuivre, permet de réaliser des œuvres de tailles réduites. La technique ancienne de la Grisaille (peinture fusionnée) et la Fusion du verre lui ouvrent également d’innombrables avenues quant à la réalisation de vases, assiettes, plateaux rotatifs, bijoux, trophées et œuvres d’art.

En «Duos tableaux-vitrail», sous une lumière plus avant-gardiste, les deux artistes réalisent des œuvres originales en techniques mixtes.

«Je suis vraiment une touche-à-tout. Chaque œuvre nécessite plus d’une douzaine d’étapes et j’attache une attention particulière à chacune d’elles. Au fil des ans, j’ai même développé, en utilisant du vinyle adhésif, ma propre technique de gabarit de coupe qui se révèle plus précise et économe en temps. Personnellement, je cherche toujours l’efficacité. Donc, quand il m’est possible de faire évoluer la façon de faire, je n’hésite pas», ajoute celle qui a déjà réalisé une verrière de 21 pieds de large par 5 pieds de haut, certes son projet d’envergure par excellence.

Avant-gardiste dans le traitement de ses sujets et très libre dans le choix des couleurs, Sylvie Savoie travaille à partir d’esquisses puis trace les contours et les profils de ses œuvres en devenir. Passionnée plus que jamais et fort heureuse dans ce qu’elle fait, elle peut créer une cinquantaine d’œuvres par année, de différents formats.

«Dans ce domaine qui n’est certes pas facile, il faut se démarquer, se différencier des autres. J’essaie de mettre en valeur la noblesse du verre dans chaque pièce que je crée», renchérit celle qui se retrouve dans son atelier de 30 à 35 heures semaine.

Une complicité à toute épreuve

Au fil des ans, Sylvie Savoie et Luc LeClerc ont su développer une complicité de tous les instants, non seulement dans leur vie personnelle mais aussi dans leur vie professionnelle.

«Il existe une ¨chimie¨ remarquable entre nous deux et c’est pour cette raison qu’il nous arrive de travailler souvent en duo. Chacun a ses forces et il les met au profit de l’autre», soulignent les deux artistes.

«Il m’arrive très souvent de tracer le premier jet d’une œuvre que réalisera Sylvie. J’ai un talent pour la création, une facilité naturelle à dépeindre une idée, un concept, et il est rarissime que je sois en panne d’inspiration. Sylvie va, quant à elle, affectionner une approche plus symbolique dans ses dessins», affirme Luc LeClerc.

«Nous avons vraiment une méthode de travail différente, en ce sens que je travaille plus en continu alors que Luc réagit instinctivement aux impulsions du moment. Mais en bout de ligne, nous nous rejoignons et c’est là que la créativité commune s’installe… et ça marche vraiment. Nous sommes des moteurs l’un pour l’autre, sauf pour la musique», ajoute toute souriante Sylvie Savoie.

«À preuve nos Duos tableaux-vitrail : des œuvres originales en techniques mixtes que nous présentons sous une lumière plus avant-gardiste. Uniques au monde, c’est un concept original de mon cru qui fusionne de façon étonnante le côté figuratif de mes oeuvres peintes aux lignes plus abstraites du vitrail. Des oeuvres qui, partout, ont suscité l’enthousiasme des collectionneurs et des amateurs d’art», nous confie le fier créateur de cette formule inédite.

Aujourd’hui plus que jamais, la notoriété de Luc LeClerc et Sylvie Savoie n’est plus à faire dans le domaine des arts et le couple a de grands projets en tête.

D’ailleurs dès cet automne, plus précisément les 27, 28 et 29 septembre prochains, ils ouvriront à nouveau leurs ateliers dans le cadre des Journées de la Culture. Cette activité provinciale à laquelle ils participent depuis 2002 permet au grand public de rencontrer les artistes et d’admirer leurs oeuvres.

Et, pour l’automne 2020, des pourparlers sont déjà entrepris pour une exposition de leurs Duos, doublée de prestations musicales, dans un lieu qui présente expositions et spectacles près de Neuchâtel, en Suisse. Une histoire à suivre…

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