Un bel automne pour savourer du bon vin

Frédéric Marcoux
Un bel automne pour savourer du bon vin
Brian Illick est toujours aussi passionné après 11 ans dans le domaine. (Photo : Ghyslain Bergeron)

MAGAZINE. La passion de Brian Illick vieillit aussi bien qu’un bon vin. À l’aube de la période des vendanges, le vigneron s’apprête à récolter le fruit de ses efforts.

«Je n’ai pas l’intention d’arrêter. Le vignoble nous procure une satisfaction de réaliser un produit où il y a un engouement. Quand on voit les gens qui partent du vignoble avec le sourire aux lèvres, c’est ça notre paie», souligne Brian Illick.

Le Drummondvillois âgé de 59 ans est copropriétaire du vignoble les Vallons de Wadleigh à Ulverton depuis 2008 avec son associé Michel Dagenais. Les deux hommes prévoyaient faire de l’entreprise un passe-temps. Cependant, M. Illick, un homme d’affaires de la région consacre plus de 30 heures à sa passion.

Le vignoble de Brian Illick, comme les 144 autres du Québec, aura besoin d’un automne favorable pour livrer un produit de qualité.

Si les deux associés s’imaginaient pouvoir profiter paisiblement de l’entreprise en travaillant au rythme de la nature, ils ont rapidement compris qu’il y a plusieurs éléments hors de leur contrôle en agriculture. Depuis avril, tous les efforts sont déployés pour récolter le fruit à l’automne. Pour parvenir à livrer un produit de qualité, le vignoble devra toutefois profiter du soutien de Dame nature pour encore quelques semaines.

«On se croise les doigts, signale Brian Illick. On aimerait qu’il fasse chaud jusqu’au 15 octobre. Un gel automnal précoce, ce n’est pas bon pour les vignerons. Dès qu’il y a un gel, les feuilles vont tomber et il n’y aura plus de photosynthèse. Le raisin ne sera donc pas en mesure de devenir plus sucré.»

Lors des prochains jours, le vignoble récoltera les fruits de ses 16 000 vignes à la main. L’opération devrait s’étaler sur une période de deux semaines.

«Il y a une fin de semaine où on va inviter familles et amis pour nous aider à récolter les raisins. On fournit le déjeuner et le dîner. C’est amical et c’est une belle journée quand on fait ça. Acquérir une vendangeuse pour effectuer le travail, ça peut coûter jusqu’à 500 000 $. On ne pourrait jamais la rentabiliser, puisqu’on produit seulement 20 000 bouteilles annuellement», précise Brian Illick.

Si le climat complique la tâche des vignerons, le support de la population facilite grandement la vie de ces artisans du vin du Québec.

Brian Illick. (Photo Ghyslain Bergeron)

«La loi nous permet désormais de vendre dans les épiceries et dans les restaurants. Ça facilite la tâche. L’engouement pour les produits du terroir nous aide beaucoup également. Les gens veulent acheter des produits d’ici», constate celui qui a suivi un cours de sommelier pendant deux ans en France à l’Université du vin de Suze-la-Rousse.

Un domaine dispendieux

Pour se lancer dans l’aventure, un vigneron doit avoir les reins solides pour supporter les premières années.

«Les trois premières années dans le domaine, tu ne produis rien, explique Brian Illick. Ta vigne ne te donne pas de fruits intéressants pour le vin. On a pu commencer à notre quatrième année, puisqu’il y a eu un gel important l’année précédente. Il faut être patient. Pour espérer atteindre le seuil de rentabilité avec un vignoble, ça prend un minimum de dix ans. Je dirais qu’il y a 90 % des vignerons du Québec qui ne font pas ça pour une rentabilité certaine. Il faut être passionné pour avoir un vignoble.»

Plusieurs facteurs peuvent influencer la somme requise pour se lancer dans le domaine comme la qualité des installations et le prix des terres. M. Illick estime toutefois qu’un investisseur doit débourser 100 $ par plants pour lancer son vignoble.

«C’est notre 11e année et on commence à voir la lumière au bout du tunnel», image Brian Illick, avec le sourire.

À long terme, il rêve de voir les Vallons de Wadleigh traverser le temps. Les enfants des deux associés de l’entreprise n’ont pas encore montré de l’intérêt à assurer la relève.

Selon des statistiques disponibles sur le site internet du Ministère de l’Agriculture des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ), le Québec compte 145 vignobles. À noter que 51,5% des vignobles de la province génèrent des revenus supérieurs à 50 000 $ annuellement. Au Canada, la consommation de vin a connu une croissance de 21 % en dix ans.

 

 

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