Le maréchal-ferrant qui aime l’argent de l’Ouest

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Par Lise Tremblay
Le maréchal-ferrant qui aime l’argent de l’Ouest
Patrick Tremblay peut s’occuper des sabots de 500 chevaux par mois. (Photo : Ghyslain Bergeron)

MAGAZINE. Il n’y a pas que les sables bitumineux qui font courir les gens en quête d’un salaire avoisinant les six chiffres. Aussi étonnant que cela puisse paraître, dans les provinces de l’ouest, on s’arrache littéralement les maréchaux ferrants qui n’ont pas froid aux yeux. Le L’Avenirois Patrick Tremblay en fait partie. Six fois par année, il prend l’avion et s’investit corps et âme pour prendre soin des sabots des chevaux.

«Quand j’ai reçu ton appel. Je me suis vraiment demandé ce que j’allais te dire. En fait, je pourrais te faire accroire que j’ai toujours rêvé de travailler avec les chevaux, mais ce n’est pas le cas. Pour moi, c’est bien simple : je fais ça pour l’argent».

Le ton était lancé. Et l’authenticité de l’homme qui a longtemps cherché sa voie était appréciée.

Patrick Tremblay a appris son métier à l’Institut de technologie agroalimentaire de La Pocatière. Un cours d’un an. Un investissement de 5000 $. Douze ans plus tard, il travaille toujours dans ce domaine qui lui permet de vivre confortablement.

Le maréchal-ferrant de L’Avenir travaille exclusivement dans l’Ouest canadien. (Photo Ghyslain Bergeron)

«Mes parents ont toujours eu des chevaux. Je ne les aime pas particulièrement, mais j’ai une grande facilité avec eux. Ils me suivent comme des mouches. Je n’ai même pas besoin de leur donner des gâteries avant de toucher à leurs sabots», exprime-t-il.

À sa connaissance, Patrick Tremblay est le seul maréchal-ferrant québécois qui travaille exclusivement dans l’Ouest canadien.

«Il y a un million de chevaux au Canada, dont 875 000 dans l’Ouest. Le marché pour un forgeron est là. Au Québec, contrairement à ce qu’on pourrait penser, nous sommes très nombreux à faire ce métier, mais il n’y a pas beaucoup de chevaux! Si je travaillais ici, je ferais quoi? Un cheval ou deux par jour alors que là-bas, je peux m’occuper de 20 chevaux par jour», explique-t-il.

Étant père monoparental, M. Tremblay s’est organisé avec son ex-conjointe pour prendre soin des enfants un mois sur deux.

«Quand je suis chez moi à L’Avenir, je m’occupe de mes garçons, on profite de la vie, on va à la pêche et on aime bien assister à des courses de drags. Le mois d’après, je pars dans l’Ouest où j’ai ma run bien établie. Je fais généralement 500 chevaux par mois répartis au sein de 28 municipalités différentes, dont Calgary, Régina et Swift Current», explique l’homme de 38 ans.

À bord d’une Toyota Echo rouillée, mais encore fonctionnelle, le maréchal-ferrant sillonne donc les routes de l’ouest avec son petit équipement et s’arrête de ferme en ferme, là où les chevaux  circulent bien souvent librement dans des prés.

«J’ai bâti ma réputation simplement en étant à l’heure à mes rendez-vous. Aussi, je ne suis pas un gars douillet. Je n’ai pas besoin d’avoir une grange pour travailler. Je m’occupe des chevaux directement dans le champ, qu’il pleuve ou qu’il fasse bien froid», raconte-t-il, en ajoutant qu’il ne comprend pas pourquoi la majorité de ses confrères utilisent de gros pick-up pour réaliser leur travail.

«C’est gros pour rien pis ça coûte cher de gaz».

Rien à redire.

À moins d’une commande spéciale, Patrick Tremblay utilise des fers achetés. Il fabrique rarement des fers sur mesure. Dans son petit bagage, il traîne donc des fers, des clous, une rape à sabot et un couteau appelé « nipper ».

Patrick Tremblay habite à L’Avenir. (Photo Ghyslain Bergeron)

Si plusieurs maréchaux ferrants développent des maux de dos, ce n’est pas le cas de Patrick Tremblay. «Faut croire que je suis chanceux, et ce, même si chacune des pattes peut peser jusqu’à 150 livres», ajoute-t-il.

Le maréchal-ferrant est un artisan. En plus de ferrer les pieds des chevaux, il s’assure qu’ils sont exempts de maladie. «Chaque cheval a son soulier, si je peux m’exprimer ainsi, informe Patrick Tremblay. Je regarde le cheval marcher, je m’assure des angles et je porte attention aux défauts d’aplomb. Je prends soin de ses sabots en m’assurant qu’ils n’ont pas de maladie. Je suis maintenant bien habitué. Ça me prend entre 15 et 20 minutes par bête.»

Évidemment, au cours de sa carrière, il lui est arrivé d’être confronté à un cheval un peu moins docile que les autres. «J’ai déjà été kické une fois dans le visage. Je me suis penché pour ramasser un outil et c’était trop tard. J’ai eu aussi quelques blessures aux pieds, mais j’aime mon travail. Il me permet d’être libre de mes horaires, d’être dehors et de faire de l’argent», a conclu le sympathique homme.

 

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