«Je suis fou des oiseaux» – Michel Auger

Photo de Lise Tremblay
Par Lise Tremblay
«Je suis fou des oiseaux» – Michel Auger
Le photographe Michel Auger en action. (Photo: gracieuseté, Bertrand Moreau) (Photo : (Photo gracieuseté, Bertrand Moreau))

ORNITHOLOGIE. Ils font partie de nos vies. Ils nous réveillent très tôt le matin, on les regarde, mais rarement prend-on le temps de les observer réellement : les oiseaux. L’ornithologue Michel Auger fait tout le contraire. Il se lève à 4 heures le matin en espérant que la nature lui permette de réaliser de nouvelles rencontres. Une découverte marquante? Un pygargue, connu aussi sous le nom d’aigle à tête blanche, et il l’attendait patiemment, dans le joli parc Woodyatt.

De tous les membres du Club ornithologique Centre-du-Québec, Michel Auger est celui qui se lève le plus tôt.

«Je suis fou des oiseaux», exprime-t-il l’œil pétillant.

Ce n’est pas l’arthrose ni la maladie chronique qui courbature son corps qui va empêcher ce retraité de la Commission scolaire des Chênes de prendre rendez-vous avec la forêt où il recherche silencieusement les petites bêtes à plumes qu’il affectionne tant.

Des pygargues ont été aperçus sur le site d’Arbre en arbre, secteur Saint-Joachim-de-Courval. (Photo gracieuseté, Michel Auger)

«Quand j’étais petit, je pouvais rester coucher des heures dans la pelouse à observer les fourmis. Parfois, j’attrapais une mouche et je leur offrais. J’avais l’impression d’assister à un spectacle. J’ai toujours été ébloui par la nature. Puis, un jour, mon père a hérité des armes à feu de mon grand-père. J’ai donc chassé avec lui durant plusieurs années. J’étais un vrai mordu! Un jour, j’ai tué une dinde sauvage. Je l’ai regardée et je me suis dit… voilà, c’est fini. Sa vie vient de finir, comme ça, sèchement. Du jour au lendemain, j’ai décidé de vendre mes armes et d’acheter un appareil-photo numérique. Je n’ai plus jamais été capable de tuer : ce que je vois dans la nature est bien trop beau», a raconté M. Auger, attendri.

Tablette IPad en main, M. Auger s’est fait un réel plaisir (et c’était partagé) de montrer ses plus belles photos d’oiseaux prises principalement dans la région de Drummondville. Aussi étonnant que cela puisse paraître, il n’utilise pas la fonction rafale sur son appareil. Avec le temps, il a appris à anticiper le vol des oiseaux et il sait quand il faut peser sur bouton de l’obturateur. Entre deux souffles. Entre deux battements d’ailes.

«Je vois mon appareil-photo comme une machine à arrêter le temps. C’est vraiment ce que j’ai l’impression de faire en prenant des photos d’oiseaux», exprime le passionné de 66 ans.

Il observe d’ailleurs que la région de Drummondville est une véritable terre promise pour les espèces aviaires.

«Le grand couvert forestier – il est de 42 % à Drummondville – et la rivière Saint-François sont comme de petites mines d’or pour les oiseaux.»

Rivière Saint-François

À ce sujet, l’hiver dernier, Michel Auger a fait une réelle découverte au parc Woodyatt situé au cœur de Drummondville. Il a rencontré un couple de pygargues, qui y a élu domicile durant trois semaines.

«Je crois que c’est à cause des changements climatiques. Exceptionnellement, la rivière a gelé l’hiver dernier. Puisque le pygargue aime bien le poissons, le seul endroit qui était accessible pour lui était la zone près de la turbine de la centrale d’hydroélectrique. L’eau n’était pas gelée à cet endroit et on y retrouve des poissons», a expliqué M. Auger.

Au cours de ses aventures matinales, Michel Auger a eu la chance aussi d’apercevoir pas moins de 17 pygargues sur le site d’Arbre en arbre, secteur Saint-Joachim-de-Courval.

«C’est mon oiseau fétiche! Je le cherche tout le temps. Ce matin là était un moment incroyable. Je les ai vu attraper des poissons directement dans la rivière.»

Le pygargue à tête blanche est le plus grand oiseau de proie du Québec. Emblème des États-Unis, il vit principalement dans les forêts et les grands parcs. Il se nourrit en attrapant des poissons avec ses puissantes serres.

«C’est sûr que si ton chat était passé par là, tu ne l’aurais pas retrouvé», a blagué le sympathique homme.

À cette hauteur de la rivière, M. Auger a aussi déjà observé un balbuzard qui, lui, plonge littéralement dans l’eau pour attraper des poissons. Une scène qui n’a pas manqué d’impressionner l’ornithologue.

Qui plus est, au parc Woodyatt, Michel Auger a raconté avoir découvert un grand harle, qui est le plus grand canard plongeur à vivre au Québec. Devant l’objectif de M. Auger, il s’est même permis de déguster une grosse anguille fraîchement pêchée dans la rivière Saint-François.

Un grand harle déguste une anguille fraîchement pêchée dans la rivière Saint-François. (Photo gracieuseté, Michel Auger)

Avec sa grande tête noir et blanche, le Harle couronné a aussi été aperçu dans les alentours du parc Woodyatt. Idem pour le canard branchu.

Espèces peu communes

À quelques minutes de Drummondville, Michel Auger a découvert que des harfangs des neiges, avec toute leur élégance, aiment bien vivre à Saint-Guillaume l’hiver.

«Ce sont des oiseaux diurnes. Une des raisons qui fait qu’ils viennent au Québec en hiver, c’est qu’en Arctique, il manque de lumière», explique le passionné.

Dans la foulée, il a remarqué qu’une autre espèce peu commune, le gros bec des pins, aime bien les environs du Centre d’hébergement Frederick-George-Heriot. Il apprécie les fruits des pommetiers de l’endroit.

S’il se réjouit d’observer des espèces plus colorées les unes que les autres, Michel Auger s’inquiète aussi que quelques espèces se fassent plus rares, comme le goglu des prés.

«Cet oiseau se tient en milieu agricole et l’utilisation de pesticides lui nuit. Aussi, il fait son nid au sol. Quand les agriculteurs font les foins, sans le savoir, ils détruisent en même temps tous les nids», explique-t-il.

Cette photo d’un canard branchu a été prise alors que la rivière était calme, tellement que l’image a donné un effet miroir. (Photo gracieuseté, Michel Auger)

La faible population de sturnelles des prés préoccupe aussi notre passionné. Il s’agit d’un oiseau chanteur au ventre jaune, l’emblème de la Société ornithologique Centre-du-Québec.

Inversement, il s’étonne que la région accueille maintenant des cormorans.

«On n’en voyait jamais à Drummondville! Je crois aussi que les changements climatiques en sont pour quelque chose.»

Désirant sensibiliser les gens à la présence des oiseaux et à en prendre soin, Michel Auger, de concert avec la Société ornithologique Centre-du-Québec a fabriqué et installé 20 nichoirs sur la nouvelle Promenade Rivia. Déjà, quelques espèces peu communes ont été aperçues. Il s’agit de bien ouvrir l’œil!

Société ornithologique Centre-du-Québec

  • Elle a été fondée en 1982
  • 35 personnes y sont membres
  • La présidente actuelle est Suzanne Lévesque
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