«C’est comme ça partout» – une préposée aux bénéficiaires

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Par Frederic Marcoux
«C’est comme ça partout» – une préposée aux bénéficiaires
(Photo : Depositphoto)

SANTÉ. Une préposée aux bénéficiaires du Centre d’hébergement et de soins longue durée (CHSLD) Frédérick-George-Heriot a tenu à réagir aux textes publiés la semaine dernière dans L’Express. Plusieurs décriaient le traitement réservé aux patients du CHSLD L’Accueil Bon-Conseil.

«C’est comme ça partout», soupire l’employée qui est en poste depuis moins de dix ans. Cette dernière a préféré garder l’anonymat par crainte de vivre des représailles de son employeur. Elle déplore la surcharge de travail. Il arrive fréquemment que les préposés aient à leur agenda le «triple du travail» qu’il devrait y avoir normalement. Chaque jour, les employés du CHSLD discutent entre eux, en se disant être à bout de la situation au travail.

«C’est épouvantable, s’attriste-t-elle. Il y a des patients qui vont seulement avoir un changement de culotte et leurs repas dans une journée. Il faut négliger nos soins pour pouvoir tous les faire. Des fois, on n’a pas le choix, on fait juste les soins de base : laver les parties génitales et changer la culotte d’incontinence.»

L’amour de ses patients

Impossibilité de donner régulièrement des bains aux patients, fatigue constante en raison du manque de personnel et frustration de ne pas avoir les ressources pour accomplir son travail correctement… la préposée brosse un portrait sombre de son quotidien. Malgré tout, elle fonce en tentant de faire de son mieux.

«Si j’endure ça, c’est à cause de mes patients, confie la principale intéressée. Je les aime et en prendre soin est une priorité pour moi. J’aime mon métier, mais plus le temps passe, moins que c’est le cas».

La préposée aux bénéficiaires espère ne jamais devoir envoyer ses parents dans un CHSLD.

«C’est stressant parce que je me dis que si c’était un de mes parents, je ne voudrais pas qu’il reçoive des soins si modiques, admet-elle. Je suis dans le domaine et j’ai dit à ma mère : j’espère que tu vas mourir avant de te rendre à ce point-là. Ce n’est pas vivable.»

«J’ai peur de voir à quoi ça va ressembler dans cinq ans, poursuit-elle. Ça va ressembler à quoi quand je vais être vieille? C’est épeurant de vieillir.»

Le CIUSSS réagit

Une employée des communications du Centre intégré de santé et de services sociaux  CIUSSS de la Mauricie et du Centre-du-Québec, Geneviève Jauron, a tenu à réagir aux déclarations de deux femmes qui déploraient les soins prodigués au CHSLD Bon-Conseil. L’une d’elles indiquait qu’une résidente a dû patienter quatre semaines avant de bénéficier d’un bain.

«On a fait des vérifications et ce n’est pas vrai qu’il y ait eu une période aussi longue avant qu’un patient ne reçoive des soins d’hygiène, a rectifié Geneviève Jauron, au téléphone.

Quelques minutes plus tard, cette dernière a fait parvenir un courriel à L’Express pour apporter une autre précision dans ce dossier.

«Lors de manque de personnel, les soins d’hygiène complets peuvent être retardés, de façon exceptionnelle, tout au plus 48 heures», a-t-elle expliqué.

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