DOSSIER. Sans bar de danseuses, est-ce que l’industrie du sexe est absente de la Ville de Drummondville pour autant? En guise de réponse, l’acteur pornographique Yanick Houle sourit et baisse la tête. Selon lui, l’industrie du sexe est plus présente que plusieurs pourraient le croire.
«On est rendu avec un club échangiste. J’ai fréquenté ce milieu quand j’habitais à Québec et il y avait plusieurs partys organisés à Drummondville. Je suis allé quelques fois et c’était quelque chose. Dans le milieu, il y en a pas mal à Drummondville. Le sexe est présent dans la région», estime Yanick Houle, un résidant de Saint-Lucien qui est natif de Drummondville.
Ce dernier, qui travaille comme acteur porno à temps partiel, œuvre dans le domaine depuis huit ans. Il a fait savoir qu’il était un des hommes qui tournaient le plus de scènes, parmi les acteurs québécois, il y a quelques années. Aujourd’hui âgé de 40 ans, Yanick Houle a tourné «quatre ou cinq scènes depuis deux ans», ce qui lui rapporte 300$ chaque occasion. Le principal intéressé connaît quelques acteurs originaires de la MRC de Drummond. Il se rappelle également avoir tourné des scènes de films pornographiques à quelques occasions dans la région.
Après avoir également occupé les fonctions d’assistant de production et de recruteurs pour quelques compagnies québécoises, le quadragénaire a constaté que l’industrie a piqué la curiosité de plusieurs hommes et de plusieurs femmes sur le territoire de la MRC de Drummond.
«Drummondville est une petite ville et ça s’est su rapidement quand j’ai commencé ça à Québec en 2010, signale celui qui travaille dans une pourvoirie à La Tuque. J’ai eu plusieurs amies et des gars de mon entourage qui m’ont écrit pour essayer. Je n’avais pas à aller vers le monde. Il y a des limites à ne pas traverser. C’est encore tabou et on ne veut pas faire du harcèlement non plus.»
Peu de candidats retenus
Lorsqu’il travaillait activement comme recruteur, les curieux pouvaient s’inscrire sur les médias sociaux. Plusieurs ont tenté leur chance, mais l’industrie demeure un club sélect. Sur 50 candidats masculins, Yanick Houle estime qu’un seul est en mesure de répondre aux exigences. Le nombre de femmes intéressées à se lancer au sein de l’industrie est similaire au nombre d’hommes, selon le principal intéressé.
«Ce n’est pas tout le monde qui peut être acteur, explique Yanick Houle. Oui, il faut aimer le sexe, mais c’est difficile physiquement. C’est important d’être ouvert d’esprit et d’avoir une bonne attitude. Il faut aussi penser à l’environnement de tournage et à l’angle des caméras pour être bien placé. Il y a des gars qui perdent la tête quand ils ont du sexe et ce n’est pas ce qu’on recherche.»
Ce dernier souligne que les acteurs doivent régulièrement consommer des produits leur permettant de garder une érection pendant quelques heures. Depuis le début de sa carrière, il a tourné des scènes qui duraient entre 45 minutes et neuf heures.
Yanick Houle admet que les régions de la Belle province sont plus réfractaires au monde de la pornographie que les plus grandes villes comme Québec et Montréal. Le principal intéressé qualifie d’ailleurs la métropole de «plaque tournante» de la pornographie québécoise. Il reconnaît que les tabous risquent de traverser le temps, malgré les normes strictes imposées par les compagnies québécoises. L’identité des acteurs et des actrices est vérifiée pour s’assurer qu’aucun mineur ne devienne acteur, les acteurs utilisent le condom pour ne pas transmettre une infection transmise sexuellement (ITS) et ils subissent un test de dépistage à l’hôpital tous les 24 jours pour détecter les ITS. Lorsqu’il tourne des scènes pour l’entreprise Pégase, Yanick Houle reçoit les commentaires de l’entreprise, par l’entremise d’une grille d’évaluation comprenant plus de 100 critères. L’objectif est de lui permettre de progresser.
«C’est rendu très professionnel la pornographie, convient-il. J’ai l’impression que c’est moins tabou, mais il va toujours y avoir du travail à faire. Il va toujours y avoir du monde plus réservé.»
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