Les producteurs laitiers placés dans une situation délicate

Les producteurs laitiers placés dans une situation délicate
Jean-François Janelle. (Photo : Photo : Archives Frédéric Marcoux)

LAITLes producteurs laitiers devront s’ajuster dans les prochaines semaines, puisque leur quota de production a été coupé de 3,5%. Pour Jean-François Janelle, copropriétaire de la ferme Wendover à Saint-Cyrille de Wendover, le défi s’annonce colossal puisqu’il est déjà près d’un problème de surproduction.

Lors des dernières années, l’industrie laitière était en croissance. Les producteurs laitiers s’étaient fait donner un certain pourcentage de leur quota de production pour leur permettre de produire davantage et de répondre à la demande.

Jean-François Janelle a saisi l’occasion à son arrivée à la ferme en 2015. Son père Bertrand et lui ont procédé à des travaux importants pour rénover leurs bâtiments et augmenter le rendement de la ferme.

«Si mon père a construit, c’est que le prix du lait versé aux producteurs était bon et que la croissance était forte. C’était un contexte qui était très favorable au développement. Il a fallu s’ajuster et augmenter la production. La gestation d’une vache prend neuf mois, on ne pouvait donc pas produire plus de lait immédiatement», raconte Jean-François Janelle.

La situation change drastiquement

Le problème de Jean-François Janelle et de plusieurs autres producteurs est que le comité des cinq provinces de l’Est, l’Ontario, le Québec, l’Île-du-Prince-Édouard, la Nouvelle-Écosse et le Nouveau-Brunswick, a récemment voté une coupe de 3,5% de production pour contrer un nouveau problème : celui de la surproduction. Cela entrera en vigueur le 1er juillet.

«Plusieurs autres producteurs s’étaient préparés comme moi à produire davantage, note Jean-François Janelle. Sauf que là, on se fait dire qu’on n’a plus besoin de notre lait. J’ai 17% des vaches de mon troupeau qui va vêler en septembre. Je vais avoir un problème bientôt».

Son troupeau de 45 vaches produit plus que le quota de production de 57 kg de matière grasse quotidiennement qu’il doit produire. Une ferme peut dépasser sa production de quota jusqu’à 10 jours additionnels, sans subir une pénalité sur le plan financier.

Cela permet aux producteurs de ne pas subir de pertes financières, lorsque la production chute pendant une certaine période. Or, La ferme Wendover a déjà atteint ses dix journées additionnelles de production.

Les propriétaires devront donc mettre fin à la lactation de certaines vaches prématurément, vendre leurs bêtes à un prix moindre à un particulier ou en envoyer à l’abattoir pour avoir un revenu pour la viande. S’il décide d’acheter du quota de production, il devra s’endetter pour produire le lait qu’il était déjà en mesure de faire. Un kilogramme de matière grasse coûte 24 000$.

Enlever le quota n’est pas la solution, selon lui

Même dans ce contexte, l’agriculteur de 32 ans est catégorique sur la nécessité de préserver le système de gestion de l’offre qui équilibre l’offre à la demande canadienne.

«S’il n’y a pas de quota, dans un contexte comme aujourd’hui, je serais payé pour mon surplus, mais le reste de mon lait serait payé beaucoup plus bas», ajoute Jean-François Janelle qui reçoit environ 66$ par hectolitre vendu, comme les autres producteurs laitiers canadiens.

L’agriculteur se dit beaucoup plus préoccupé par les négociations de l’ALENA 2.0 qui pourraient entraîner des failles au système de gestion de l’offre en place.

«Si on joue la game de volume de lait avec les Américains, on est sûr de perdre. En une journée, l’État du Wisconsin produit presque autant de lait que tout le Canada, de commenter le père de famille de deux jeunes enfants. Il vaut mieux voir trois fermes de 50 vaches dans un rang qu’une seule grosse ferme de 150 vaches. C’est clair que le phénomène de concentration n’est pas favorable à l’environnement.»

Une récente visite au Wisconsin l’a convaincu du modèle canadien.

«Ici, on a des contraintes environnementales, mais ce n’est pas comme ça au Wisconsin, poursuit Jean-François Janelle. Un producteur en bas de 700 vaches peut faire ce qu’il veut. Il peut étendre son fumier à longueur d’année et il n’y a pas de contrôle sévère sur le plan environnemental. Si je fais ça, je vais polluer en maudit et ça va couler dans la rivière. De là vient l’importance de garder notre modèle de gestion de l’offre actuel!»

 

 

 

 

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