Le milieu agricole se sent maintenant partenaire des municipalités

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Par Jean-Pierre Boisvert
Le milieu agricole se sent maintenant partenaire des municipalités
Alain Désilets, Daniel Habel et Pierre Lemieux ont rencontré les journalistes. (Photo : Photo : Jean-Pierre Boisvert)

Le milieu agricole, avec en tête l’UPA, sent qu’il est perçu comme un partenaire d’influence de la part des autorités municipales dans le développement du territoire et s’en félicite, mais la mise en œuvre de ces bonnes intentions reste à venir.

Dans le cadre de l’assemblée générale annuelle de la Fédération de l’UPA du Centre-du-Québec, qui s’est tenue hier au Club de golf de Drummondville, cette question d’une symbiose nécessaire entre ceux qui ont besoin des terres pour les cultiver et nourrir la population et ceux qui doivent prévoir les développements des secteurs résidentiels, commerciaux et industriels a été abordée lors d’une rencontre avec les journalistes.

Daniel Habel, président de l’UPA du Centre-du-Québec, a fait un pertinent retour en arrière pour comprendre la situation actuelle. «Pendant trop longtemps, la vision qu’avait les élus municipaux était que le territoire encore vierge était considéré comme un secteur en dormance en vue d’un développement résidentiel qui allait être plus payant. L’exercice que nous avons fait auprès du municipal a permis de faire réaliser aux autorités des villes que l’agricole peut aussi être payant. C’est démontré aujourd’hui de façon flagrante. Cette compréhension est un tournant majeur et l’élaboration des PDZA (Plan de de développement de la zone agricole) va dans ce sens. Nous en sommes à la mise en œuvre de ces PDZA. Nous sommes rendus là», a expliqué M. Habel.

Le PDZA de la MRC de Drummond a été dévoilé la semaine dernière à la Maison des arts de Drummondville. Il a été annoncé l’embauche d’une ressource à plein temps en 2018 pour voir à la coordination. Rappelons que le PDZA est un document de planification qui vise à mettre en valeur la zone agricole en favorisant le développement durable des activités agricoles. Il est complémentaire du schéma d’aménagement et de développement de la MRC.

Les cinq MRC du Centre-du-Québec ont maintenant chacun leur PDZA. «Ils sont à positionnement variable, précise M. Habel. Dans la MRC de Drummond, d’après l’historique des discussions avec eux, il devrait y avoir un cheminement rapide. Nos attentes sont surtout de voir augmenter les entreprises agricoles, petites, moyennes ou grandes. En fait, nous sommes des artisans idéologiques et nous pouvons donner des indications sur la façon d’appliquer des règlementations municipales en territoire agricole. On sent que le réflexe s’est développé de nous interpeler avant de prendre une décision sur une partie de territoire».

Transfert familial : toujours un problème

Difficile de rencontrer des dirigeants de l’UPA sans que revienne sur le tapis le sempiternel problème du transfert de propriété entre les membres d’une famille.

Pierre Lemieux, premier vice-président de l’UPA, admet que «ça n’a jamais été facile. En raison surtout de l’augmentation de la valeur des terres. Ce n’est pas impossible toutefois mais ça prend une très bonne planification. Ce que l’UPA souhaite c’est de moderniser la loi afin d’accorder des aides spécifiques. Ce qui est inquiétant actuellement, c’est que des fonds d’investissements, parfois étrangers, parviennent à mettre la main sur des centaines d’hectares. C’est pas ce qu’on veut. Il nous paraît pas normal que le gouvernement du Québec ne réagisse pas», s’est dit d’avis M. Lemieux.

Alain Désilets, premier VP de l’UPA du Centre-du-Québec, a raconté la difficulté de transférer une propriété aux enfants et aux petits-enfants. «Quand les parents ont vendu à leurs deux fils, ça n’a pas été trop difficile. Mais aujourd’hui, il est temps de passer la main à la relève familiale, sauf que l’un des deux fils n’a pas d’enfant. Il est l’oncle du fils de son frère, il a donc un lien de sang, mais il est considéré, par la loi, comme un étranger et n’a donc pas droit aux exemptions prévus pour le transfert à un membre de la famille», a détaillé M. Désilets qui vit personnellement cette situation.

Le congrès de l’UPA se déroulera les 5,6 et 7 décembre 2017 et les dirigeants s’attendent, notamment, à un déblocage de la somme de 89 millions $ qui a été réservée pour l’agricole et annoncée en avril dernier. «On attend toujours après ce montant», ont-ils déploré.

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